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mercredi 19 décembre 2018

LES ÉTRENNES DES ENFANTS PAUVRES EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JANVIER 1926 (première partie)


LES ÉTRENNES DES ENFANTS PAUVRES EN 1926.


En 1926, la pauvreté est présente au Pays Basque mais certaines personnes essaient de la soulager, en particulier en faveur des enfants.


pays basque autrefois
RENAULT N N 8 CV 1926
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition du 

janvier 1926 , sous la signature de R. Cazal:


"Les Etrennes des Enfants pauvres.


A Bayonne, mardi 5 janvier. 


Une heure après-midi. M. Pouvreau a son automobile à la porte et en quelques minutes la voiture est chargée. Les paquets et les boites de carton occupent le fond de la voiture et montent jusqu’au plafond. A peine reste-t-il un petit coin dans lequel M. Lemaître va se blottir comme il pourra tandis que je prends place à côté de notre aimable chauffeur. Le ciel est gris, et voici qu’il pluvine... mais en allant chercher tout à l’heure le Bulletin du Port, j’ai vu que le temps était "à grains" ce qui fait espérer qu’entre deux ondées le soleil voudra bien se montrer quelquefois. 



Sutar !... c’est la première école où nous nous arrêtons, la distribution est faite aux pupilles de l’Assistance qui sont ravis... La grande fillette demeure extasiée devant la belle poupée habillée de soie rose. L’institutrice nous présente quelques enfants qui n’ont pas eu d’étrennes et nous sommes heureux de pouvoir les combler. 



En route pour Bassussarry. Malgré la pluie qui continue on découvre de la terrasse de l’école un vaste cirque où les collines ondulent étriées des rousseurs des taillis. La joie des enfants nous émeut, ils sont assez nombreux ici les petits assistés auxquels l'institutrice a ajouté quelques petits camarades. 



bassussarry autrefois
EPICERIE ETCHEBEHERE BASSUSSARRY
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le vélum si bas tendu du ciel semble se relever un peu et nous arrivons à Arcangues sans pluie. Nous laissons à gauche le grand parc du château, nous grimpons une rampe. Là, un rideau de peupliers défend une rampe d’où on jouit d’une admirable vue sur les montagnes. 



labourd autrefois
MAIRIE ARCANGUES
PAYS BASQUE D'ANTAN


M. Sourgen nous reçoit aimablement, nous faisons la distribution aux garçons, puis nous allons à l’école des filles. A notre demande : "Avez-vous des enfants pauvres qui n’ont pas eu d’étrennes ?" Mme Sourgen nous en présente plusieurs qui n’ont jamais eu un jouet de leur vie. Nous les amenons à la voiture et nous leur offrons de choisir : d’un côté, les petites filles contemplent poupées, ménages, cordes à sauter, petits fourneaux, sans pouvoir se décider à choisir ; de l’autre bord, les petits garçons plus décisifs s’emparent, celui-ci d’un sac de billes, cet autre d’une pelote, ce troisième d’un canon, le dernier d’un cor de chasse. Et les chocolats et les bonbons sont accueillis avec des grimaces de satisfaction.



Pendant ce temps j’ai demandé à Mme Sourgen s’il y avait des familles particulièrement intéressantes :"Oh! combien intéressantes et vaillantes, me répond-elle. Chez ce petit, il y a dix-huit enfants, le dernier vient d’arriver, la mère est admirable ; là, il y a 14 enfants et ici 17 ! Une année ou l’autre il y aura certainement parmi ces familles des bénéficiaires des Prix Cognacq, en attendant ils vivent comme ils peuvent et assez difficilement, je vous assure. Ces familles comptant plus ce dix enfants sont très nombreuses ici."


arcangues autrefois
CAFE DURCHODOY ARCANGUES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Mme Sourgen connaît toutes les familles nécessiteuses, nous lui offrons de puiser dans la caisse aux lainages , elle fait un choix judicieux et se relève toute rouge de joie et d’émotion. 



— Que je suis heureuse de toutes ces belles choses qui vont faire de si bonnes surprises, remerciez bien la Gazette, Madame, et ses généreux donateurs. 



Nous roulons vers Arbonne. M. Pouvreau est tout ému d'avoir contemplé des visages aussi radieux, aussi rayonnants, lui-même possède une nombreuse famille, il aime tout naturellement les enfants. Qui ne les aimerait d'ailleurs ? 



Nous voici à Arbonne, de l’école des filles, nous allons à l'école des garçons ; un des pupilles est absent, il est "de noce". Les enfants assistés font véritablement partie de la famille qui les a adoptés et prennent part à toutes les cérémonies familiales. Nous savons qu'à Arbonne il y a une école libre enseignant à de nombreux élèves et nous nous présentons, M. Pouvreau et moi, chez M. le Curé avec un assortiment de jouets, des friandises, et des lainages. Mais M. le Curé ne juge pas opportun d’accepter nos "gracieusetés". Les enfants ont été comblés en friandises et en joujoux et il n’y a pas de familles vraiment nécessiteuses. Nous reprenons le chemin de notre voiture un peu décontenancés avec nos boîtes pleines, mais je me console en disant : "Bien heureux les paroissiens d’Arbonne qui ne connaissent ni la vie chère ni les petits ennuis de leurs voisins." Le lot d’Arbonne grossira les lots destinés à d’autres communes moins prospères — il en est, hélas ! — n’ai-je point entendu l’autre jour dans le tram le Dr Housset — n’est-il point maire d’Arbonne ? — qui déplorait la situation misérable de quelques familles. 



arbonne autrefois
PLACE ARBONNE
PAYS BASQUE D 'ANTAN


Et justement à Ahetze, l’institutrice, Mlle Sallenave, nous énumère huit ou dix familles chargées d’enfants, elle ira elle-même porter nos cadeaux aux mamans, et à l’école nous nous faisons des heureux en distribuant les jouets et les bonbons. 



Maintenant il faut gagner St-Pée



labourd autrefois
BOURG ST PEE SUR NIVELLE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Nous recevons le plus aimable accueil dans les écoles où nous attendent les pupilles et nous sonnons chez M. le Curé. Il est absent, mais sa sœur nous reçoit et sans hésiter accepte nos offrandes. 



— Nous ne sommes que des intermédiaires ; des amis de l’enfance ont répondu à l’invitation de la Gazette, c’est en leur nom que nous apportons tout ceci. 



Mlle Barbier, qui semble être la bonté même, et qui aime les enfants, tous les enfants, se réjouit de ce que nous apportons. "Un peu plus de joie, un peu plus de confortable, c’est "tant mieux "! Nous lui nommons un petit garçon qui nous a été recommandé ; elle nous en dit le plus grand bien et nous repartons joyeux d’avoir été aussi bien accueillis en regrettant de n’avoir pas pu saluer M. le Curé. 



Nous trouvons dans une épicerie, à Ibarron, plusieurs pupilles amenés par leurs mères nourricières. Tout ce petit monde gazouille, rit, papote, suivant son âge ; seule une petite fille plus timide, s’émeut, s’effare et se cache en pleurant dans les bras de "mémé" quand je lui offre un gros poupard rose et bleu. 



saint pee sur nivelle autrefois
ATTELAGE IBARRON
PAYS BASQUE D'ANTAN


Le temps passe, la nuit est tombée, tout à l’heure nous avons assisté à un un magnifique coucher de soleil dans un ciel tumultueux, cuivré, derrière la Rhune, vert pâle à notre droite et sur la gauche plombé et noir, ciel véritablement fantastique. 



Quand nous arrivons à Sare les enfants sont partis. M. Lemaître félicite l'instituteur ne ne pas les avoir fait attendre, car les "routes" sont longues dans la montagne pour regagner les maisonnées. 




labourd autrefois
ENTREE SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

M. Aigneren qui dirige l’école, a fait la guerre ; il est capitaine, un liseré rouge souligne sa boutonnière ; il est simple, distingué, et on devine facilement qu’il est aussi très bon. Nous entrons dans la coquette salle à manger où Mlle Hargous, institutrice, est à côté de Mme Aigneren. Nous déballons nos colis. Il y a eu à Sare un bel arbre de Noël grâce à M. Leremboure ; les fillettes ont déjà des poupées qu'elles choient et habillent de leurs petites mains. Grâce à notre "réserve" nous échangeons les nôtres contre des ménages, des cordes à sauter. Puis les deux aimables femmes, conseillées de temps en temps par M. Aigneren, répartissent ce qui nous reste de lainages ; bien des mamans seront contentes de notre passage.

 

Nous roulons à présent dans le halo de lumière que les phares projettent sur la route noire. Nous sommes heureux de la bonne journée, nous avons donné du plaisir à plus de deux cents enfants et plus de cinquante familles recevront des dons utiles. N'est-ce point là une merveilleuse excursion ? 



sare autrefois
SORTIE DE LA MESSE SARE
PAYS BASQUE D 'ANTAN


Demain nous irons ailleurs."






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