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samedi 1 décembre 2018

"ZAZPIAK BAT" AU PAYS BASQUE EN 1941


"ZAZPIAK BAT" EN 1941.


"Zazpiak Bat" est une expression Basque qui signifie "les Sept (provinces) font Une". Elle fait référence aux sept provinces historiques du Pays Basque.

pays basque autrefois
ZAZPIAK BAT
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta le Journal des débats politiques et littéraires, dans son édition du 16 avril 

1941, sous la signature d'Henri Prat :


"Zazpiak Bat ! Les sept ne font qu'une. 


Les quatre provinces d'Espagne : Alava, Guipuzcoa, Biscaye, Navarre. 


Les trois de France : Soule, établi sur les deux versants des Pyrénées occidentales depuis des temps immémoriaux, est serré jalousement autour de ses foyers, de ses autels et de ses tombes antiques, autour de ses mœurs et de sa langue, de ses travaux et de ses jeux. Les invasions : la romaine, l'alaine, la suève, la vandale, la franque, la gothique, la castillane, la napoléonienne, l'espagnole ont pu déferler sur lui ; il ne s'est pas laissé assimiler. Les empires ont passé : il demeure. Dans une Europe que les armées et les révolutions ont nivelée, l'Euskual-Herria semble bien la dernière réserve de calme et de beauté, une nouvelle Arcadie. Pierre Loti, chantre de l'âme basque, l'a constaté : Faire les même choses que depuis des âges sans nombre ont faites les ancêtres, et redire aveuglément les mêmes paroles de foi, est une suprême sagesse, une suprême force. Le peuple basque a cette force et cette sagesse. 


pays basque autrefois
ZAZPIAK BAT
PAYS BASQUE D'ANTAN



Quel est ce peuple, et d'où vient-il ? On ne sait, et on ne le saura sans doute jamais. Les savants ont combattu là-dessus à coups d'hypothèses et de grimoires ; la lumière n'a pas jailli de leur discussion. Ils ne sont d'accord que sur un point : la race euskarienne est vieille comme l'humanité. Les anciennes chroniques mentionnent gravement qu'au déluge échappèrent quelques hommes, rares comme les olives qui restent sur l'arbre après la récolte, comme les grappes qui pendent aux pampres après la vendange et que de ce nombre fut Aïtor, ancêtre des Basques... Rabelais plaisante bien sur l'étymologie de Chinon, mutilation, selon lui, de Caïnon, la première ville bâtie sur terre, puisqu'elle aurait été l'œuvre de... Caïn ! Le Basque lui-même, qui a emprunté un peu de sa malice au Béarnais son voisin, ne prétend-il pas que sa langue est la plus ancienne et que l'Eternel la parlait avec Adam ? N'a joute-t-il pas, toujours sans broncher, qu'elle fut aussi naturelle à l'espèce humaine que le roucoulement au pigeon, l'aboiement au chien ? Noë, bien sûr, s'en servait pour rétablir l'ordre parmi les animaux de l'arche, et si les nations ne s'entendirent plus au pied de la tour de Babel, c'est sans doute qu'elles venaient subitement d'oublier l'euskarien langue divine et langue maternelle... A cet oubli, d'ailleurs, miséricorde : un proverbe labourdin ne dit-il pas que le Diable resta sept ans au pays basque pour en apprendre l'idiome et repartit sans en savoir un mot ? 




Les ancêtres des Basques n'ont pas laissé de documents et, si l'on n'y prend garde, les Basques d'aujourd'hui qui répugnent à l'écriture n'en laisseront que d'insuffisants. On n'ignore pas qu'ils furent nomades, bergers, navigateurs, pillards, pêcheurs de baleines, soldats, corsaires mais tout cela ne remonte pas plus loin qu'à la conquête des Gaules. Ils ont conservé leurs traditions orales, leurs coutumes et leurs croyances ; le reste se perd dans la nuit des millénaires. Les Romains de Jules César appelaient ce peuple Cantabri, en euskarien khanta ber (chanteurs excellents) : les pâtres du Jaïzquibel, les lavandières de la Nive sifflent et roucoulent en effet comme autant de merles et de rossignols, qui rouleraient les "r"à s'en griser. Les Espagnols l'appellent Vascongados (probablement du basque vasco, homme). Le Basque ne s'est jamais désigné lui-même que par le nom d'Eskualdunac : de esku (main), alde (adroite) et dunac (qui ont), c'est-à-dire qui ont la main adroite - la pelote, au jeu national, est frappée avec la paume de la main. A défaut de monuments historiques propres à l'Euskual-Herria, qui a, le premier, écrit sur ses habitants ? Les bibliothèques de Pampelune, de Bilbao, de Bayonne - qui n'est, par parenthèse, ni basque, ni béarnaise, ni même gascon ne ne renferment que des parchemins d'une ancienneté relative. Horace - un Latin, hélas ! - a écrit : Cantaber indoctus juga ferre nostra. Qui trouve plus haut dans les siècles ?



pais vasco antes
TYPOS VASCONGADOS
PAYS BASQUE D'ANTAN

 

Certains érudits affirment que le berceau de la race se trouve aux Indes : ils avancent qu'une parenté existe entre l'hindoustani et l'euskarien, que les croix gammées dont s'ornent les tombes et stèles basques se rencontrent également au bord du Gange. Ils ajoutent que l'Eskualdunac est le dépositaire de l'esprit indo-européen, le type du parfait aryen. 




Mais, voici le hic : cette croix gammée, pour ne parler que de ce symbole, se retrouve sur certains monuments de l'Asie orientale et de l'Amérique du Sud, dans l'île de Pâques. Doit-on en déduire que le Basque, découvreur de mondes (Christophe Colomb, c'est connu à Biarritz, lui ayant ravi sa gloire, comme Amérigo Vespucci devait ravir à son tour un peu de celle du Génois) essaima à l'aurore du globe, poussé par les alizés, jusqu'aux tropiques et aux antipodes ? 



pays basque autrefois
LAUBURU : LA CROIX BASQUE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Contemplez quelques-uns de ces vieux Eskualdunacs qui prennent le frais de l'air sous leur toit penché ou jugent les coups des gradins de pierre du fronton : ils ont les yeux bridés, les pommettes saillantes, les commissures des lèvres tombantes, la peau jaunie ou cuivrée ; ne ressemblent-ils pas, à s'y méprendre, à des Mongols, à des Kalmouks ou à des Tartares ? Et leurs petits-fils, blottis dans le corsage éclatant des Basquaises brunes et cambrées, ne font-ils pas penser à des Bouddhas enfants, avec leurs yeux en amande, leur face ronde... et leur ventre rebondi ? On a formulé, à ce sujet encore, bien des hypothèses. Les Basques viennent-ils de Chine, de Mongolie ou du Japon ? 




De Finlande, répond l'anthropologiste suédois Retzius. Et ce médecin base son affirmation sur le fait que le trait profondément distinctif des races indo-européennes et des races finnoises (conquérantes du continent) est la forme du crâne, qu'il décrit complaisamment. D'après lui, le crâne du Basque aurait les mêmes particularités. Mais cette théorie est discutée. Comme ont été discutées les assertions de Lucien Bonaparte (mais oui...), qui avait été frappé d'un certain nombre d'analogies grammaticales entre le finnois et le basque ; celles aussi du comte Garat, qui fait remonter ses compatriotes à une colonie phénicienne qui serait venue dans les Pyrénées, il y a cinq mille ans, pour exploiter des mines ; beaucoup d'autres... 




pays basque autrefois
TYPE BASQUE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Ce qui est indéniable, c'est que certains mots basques ressemblent étonnamment à des mots finnois, turcs, mongols, magyars - idiomes dits agglutinants. Ce qui est aussi indéniable, c'est qu'il présente des affinités avec le punique et le carthaginois - de la souche sémitique. Le professeur allemand Ludwig Harrald Schneto, qui vient de mourir et qui était le plus célèbre philologue du monde (il parlait 90 idiomes ou dialectes) estimait que le hongrois et le basque sont les deux langues les plus compliquées. Le dernier l'est d'autant plus qu'il contient de nombreux vocables qui dérivent de langues absolument différentes. Passons sur les termes français, espagnols, patois, qui abondent. Les emprunts faits aux idiomes chamito-sémitiques (il y a encore une colonie de juifs portugais à Bayonne, comme il y a des gitanes dans la région de Tardets et des descendants de Maures à Cambo) sont évidents ; ceux faits aux troncs finnois et asiatique ne le sont pas moins. Un érudit roumain, M. Densusianu, a relevé les concordances basco-africaines attestées par l'onomastique aquitaine : par exemple, le nom Cugur, que l'on trouve dans une inscription du t. XIII du Corpus inscriptionum latinorum, rappelle au commentateur le nouba kogor (fort) et le basque kogor. D'autres philologues citent makhil (bâton) et itzal (ombre), en hébreu makhel et tsel ; artho (pain), en grec artos ; asto (âne), en iranien astar ; khurutce (croix), en latin crux ; arhan (prune), en sanscrit arani, etc., etc. 




L'abbé Diharce, un grave savant, partant du fait que tout substantif euskarien peut donner naissance à deux adjectifs du nombre singulier et à deux adjectifs du nombre pluriel, a composé la phrase suivante : Aitarenarenarenganicocoarennaarenaarenarequin (d'une traduction difficile). Le mécanisme de la déclinaison est effrayant ; celui de la conjugaison fait dresser les cheveux sur la tête. Don Astarloa, un autre docte grammairien, n'explique-t-il pas que chaque verbe peut se conjuguer différemment 206 fois, et que chacune de ces conjugaisons comprend onze modes distincts ?... Une chaire de langue basque avait été instituée à Bayonne : gageons que les étudiants se sont découragés plus vite que Satan... Ils n'auront même pu apprendre l'alphabet...qui n'existe que transcrit en caractère latin. Ajoutons que l'euskarien se divise en dialectes : le biscayen, le labourdin, le guipuzcoan, et que ceux-ci se subdivisent en une infinité de dialectes locaux, dont les nuances peuvent s'établir de village en village. 




Peuple étrange, mais dont l'origine et la langue ne sont pas les seules étrangetés. Il n'est que de s'enfoncer dans les bucoliques vallées de la Nive ou de gravir les âpres sommets de la Navarre pour les surprendre. 



Ses foyers... O ! les vénérables façades éclatantes de chaux d'où pendent les cordons de piments rouges, les balcons sculptés, les légendes et les blasons gravés dans la pierre du linteau, avec les monogrammes de Notre-Seigneur et de la Sainte-Vierge... 


espelette autrefois
RUE PRINCIPALE ESPELETTE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Ses autels...Les antiques églises aux galeries ouvragées, leurs décorations d'un art primitif et quasi barbare : l'église de Saint-Jean-de-Luz, où l'on montre une porte murée depuis que franchirent Louis XIV et Marie-Thérèse le jour de leur mariage ; le couvent de Loyola, au maître-autel tout entier d'agate brune avec mosaïques de pierres précieuses, ses plafonds de feuillages d'or, sa statue de saint Ignace, de taille humaine, en argent repoussé et ciselé, ses marbres sombres ; les très humbles, surtout, dont certaines ont des arcades roses à la mode Renaissance... Et encore les processions, avec la cohorte des confréries, les pénitents en cagoule accablés sous leur croix, les femmes enveloppées dans leurs voiles comme dans des suaires noirs... Et ces prêtres à la fois austères et turbulents, visages d'ascètes ou de conquistadors, qui prêchent avec la flamme des moines d'autrefois mais qui relèvent ensuite leur soutane pour frapper la pelote... 



navarra antes
PROCESSION A RONCEVAUX NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ses tombes... Elles se serrent autour du clocher pour la suprême protection. Elles sont simples comme furent simples les gisants qui y reposent. 



Ses mœurs... Le patriarche est le souverain maître, la mère la plus respectée des femmes ; le droit d'aînesse est toujours en vigueur et le cadet, si la terre ne peut le nourrir, s'expatrie aux Amériques, dont il revient parfois - le vœu suprême du Basque est de mourir au "pays"- riche comme Crésus... 




Il y a aussi la musique à cinq temps, aux rythmes inconnus ; les improvisations des bardes ou koblakari ; les cavalcades bariolées, avec les Kaskarotak, Volontak, Basa andreak, Sapurak, les Dames Géantes ; les concours de bûcherons ; les bœufs entiers que l'on fait rôtir en plein air, aux fêtes de villages ; les jeux de cartes aux images bigarrées ; les courses de vaches dans les rues... 


danses basques avant
GEANTS DE NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Mais quel est ce cri guttural qui s'entend à des kilomètres à la ronde, ce cri de gaieté qui vous met la peur aux entrailles ? C'est l'irrintzina, l'appel des pasteurs et des contrebandiers. On le dirait poussé par un homme de la préhistoire, farouche et vêtu de peaux de bêtes ; il exprime l'horreur des premiers âges de la terre, où tout était ténèbres et épouvante. 




Les acteurs des pastorales souletines sont de naïfs cultivateurs, qui perpétuent des gestes et des paroles dont le symbole et la signification se sont évanouis. Dans des travestissements bizarres, ils représentent Abraham, Mathusalem, Nabuchodonosor, et encore Charlemagne, Clovis. Napoléon... Singuliers spectacles, qui entr'ouvrent des abîmes sur le passé. 



pays basque autrefois
PASTORALE ABRAHAM
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voltaire a dit des Basques qu'ils sont un petit peuple qui danse au pied des Pyrénées. Un autre a constaté qu'un enfant y sçait danser avant que de sçavoir appeler son papa et sa nourrice... Le fandango est une merveille de souplesse et de grâce. La danse des épées se déroule au son du txistu et du tambourin ; elle est celle dont Loti a dit... Le pas était compliqué singulièrement, avec, de temps à autre, des bonds d'une vigueur prodigieuse, qui faisaient tinter les grelots et claquer, le long des mollets, les lanières de cuir. Il y avait de grands coups d'estoc portés en cadence, avec des parades vives, des heurts simultanés de toutes les épées, de bruyants cliquetis d'acier. Et cela faisait penser à quelque scène de l'antiquité, à quelqu'une de ces pyrrhiques guerrières auxquelles se complaisaient les jeunes hommes de la Grèce. La danse du verre est la plus acrobatique de toutes ; Violet Alford la décrit ainsi : L'un d'eux danse sous l'apparence d'un cheval, un cheval dont le caparaçon de dentelle s'envole comme une jupe de ballet. Un autre est une femme (mais cependant toujours un homme) avec une courte jupe et un absurde chapeau plat. Ils portent de hautes couronnes et des miroirs brillants, des bérets surchargés d'ornements, et des plumes, et des fleurs, et de sonores clochettes de moutons... Et lorsqu'ils s'élancent, ils semblent se suspendre en l'air sans songer à revenir sur le sol, accrochés, dirait-on, à quelque invisible fil. Les acrobates sont appelés satans, cantinière, volants... Il est d'autres danses qu'on exécute avec des bâtons, avec des arcs, avec des étendards. L'Extrême-Orient seul connaît des spectacles aussi imprévus. 



soule autrefois
SATANS PASTORALE ORDIARP
PAYS BAQUE D'ANTAN

La pelote est le jeu national. Les Américains, dont on sait la compétence en la matière, l'ont qualifié de sport le plus vite du monde. Les athlètes le pratiquent soit à mains nues (la pelote, dure comme un caillou, pèse de 80 à 90 grammes et casserait les doigts d'un profane), soit à chistera (gant d'osier recourbé qui peut envoyer la balle, après le choc sur le fronton, à plus de 100 mètres de distance, à une vitesse d'éclair). Les parties se disputent sur place libre ou en trinquet (fronton couvert). Il y a plusieurs variétés de jeu : le blaid à mains nues, l'atchiki, le joko-garbi, le remonte (les plus populaires), le rebot, le cesta punta, le pasaka, la pala, le lachua, la raquette argentine. La pelote dont usent les joueurs à chistera pèse 125 grammes : elle est faite de plusieurs noyaux d'élastique et de peaux de chien ; les virtuoses feraient sauter une pipe à votre bec à 50 mètres de distance. Un spectateur touché à la tête - ça arrive - est un homme mort ; atteint sur une autre partie du corps, il risque de rester infirme... La pelote, avec les Basques, a fait le tour du monde. Elle fait fureur en Amérique du Sud, claque jour et nuit à La Havane et provoque des manifestations à Changhaï, où la police montée doit charger les parieurs. Dans les "provinces", du Moderne de Bayonne au Jaï-Alaï de Saint-Sébastien, c'est très simple : un Basque, pour payer le prix de sa place, vendrait sa chemise, il vendrait même sa femme... 



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PELOTE BASQUE A LA HAVANE CUBA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Hemen sartzen dena bere etchean da, c'est la formule de l'hospitalité basque : Celui qui entre ici est chez lui. L'amitié d'un Basque est amitié précieuse : une fois donnée, elle est donnée pour toujours. 




Le Guernikako Arbola - Guernika est le village de Biscaye sous le chêne historique duquel les Basques reçurent les chartes écrites que la monarchie de Castille leur octroya pour servir de palladium à leurs libertés est l'hymne national basque. Lorsqu'il retentit, en Espagne ou en France, l'assistance se lève ; les représentants du gouvernement, s'il en est dans l'assemblée, sont les premiers à rendre cet hommage. 



pais vasco antes
GERNIKAKO ARBOLA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il est l'hymne d'un peuple libre et fier entre tous."



(Source : WIKIPEDIA)







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