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mardi 25 décembre 2018

NOËL 1937 À SAINT-JEAN-DE-LUZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE


NOËL 1937 À SAINT-JEAN-DE-LUZ.


La tradition de Noël, au Pays Basque, a toujours été importante, et en particulier les messes, celles de minuit et/ou  celle du jour de Noël.


pays basque autrefois
EGLISE ST JEAN DE LUZ 1937
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta le journal La Croix, dans son édition du 31 décembre 1937, sous la 

signature d'I. Dupont :


"A Saint-Jean-De-Luz, le jour de Noël.


Une étude sur le chant sacré de jadis, d’hier et d’aujourd’hui, dans les paroisses du pays basque, présenterait un très vif intérêt. En attendant que quelqu’un veuille bien l'entreprendre, c'est tout pour moi de de dire - et j'espère que sera tout profit pour le lecteur — ce qui s'est fait et ce que j’ai entendu, pour Noël, dans l’église, vénérable à tant de titres, de Saint-Jean-de-Luz



Hier, un chroniqueur d’un grand quotidien, sous le titre Minuit au pays basque écrivait : "... La nef de l’église de X...regorgeait de monde. La tradition de foi de notre peuple est si haute que les mots sont imparfaits pour en transmettre l’esprit, le recueillement, la profondeur... Seules les femmes occupent le carreau de l’église. Les hommes, répartis sur les trois étages des galeries en chêne sculpté, entourent les murs de leur ligne noire. Tous, vêtus de sombre, ils écoutent. Dans le transept, le chœur des jeunes filles, en mantille, le front penché sur le livre d’heures, entoure l’harmonium. Leurs voix entonnent le Noël, et celles des hommes leur donnent réponse avec une impétuosité de torrent. Les vitraux en résonnent, et lorsque le prêtre récite les litanies, comme on sent bien que l'Enfant divin vient de naître dans chaque cœur !... "



labourd autrefois
EGLISE ST JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


C'est à la lettre ce qui s'est passé dans l’église de Saint-Jean-de-Luz, mais avec une note liturgique plus accentuée — la messe de minuit y est précédée du chant des Matines et du Te deum solennel, - et avec ces différences que le modeste chœur de jeunes tilles y est remplacé par une schola chevronnée, l’harmonium par un grand et un petit orgue, celui-ci accompagnant discrètement la schola, celui-là soutenant la masse des voix d’hommes, et que S. Exc. Mgr l’évêque de Bayonne y officia pontificalement, preuve non équivoque — car Son Excellence devait aussi célébrer pontificalement la messe du jour en son église-cathédrale — de l’estime très particulière en laquelle Mgr Houbaut tient ses fidèles luziens, qu’il a, du reste et dès le premier moment, conquis par sa douce autorité et sa foncière bonté.




pays basque autrefois
MONSEIGNEUR HOUBAUT


Mais je s’insiste pas. C’est sur le chant des Vêpres que je veux mettre l’accent aujourd’hui. Ces pauvres Vêpres ne sont-elles pas trop souvent sacrifiées, parfois supprimées, sous les plus spécieux prétextes ? Et cependant, le jour du Seigneur peut-il être pleinement sanctifié, si on le réduit aux deux ou trois quarts d’heure, tout en gros, requis pour l’assistance à la messe du matin ? 




Je n'ai jamais eu, quant à moi, le moindre doute sur l’utilité et l’efficacité de l’opus divinum pour et dans la vie paroissiale. Mais d’avoir assisté aux Vêpres, le jour de Noël, en l’église de Saint-Jean-de-Luz, a confirmé en moi une conviction déjà bien ancienne. Qu’on s’imagine toute une paroisse s’acquittant du devoir sacré de la prière chantée collective — près de quatre cents hommes, en particulier, chantant d’une même âme, d’un même cœur, d’une seule voix, les louanges divines, psaumes, hymnes, motets, — et on comprendra sans peine la valeur éducative et profondément édifiante des Vêpres. A peine le célébrant a-t-il entonné le Deus, in adjutorium, que tous ces hommes se mettent à chanter, et il en sera ainsi jusqu’à la fin. Les antiennes étaient réservées à la schola qui les détaillait avec une piété, une aisance et un art accomplis. Et tout aussitôt, et sans arrêt, celle-ci entonnait le ton du psaume correspondant à l’antienne. Alors s’établissait entre les hommes et les enfants d’une part, et la schola d’autre part, un dialogue des plus vivants qui ne devait prendre fin qu’avec le dernier verset du Magnificat, dialogue d’où étaient exempts certains errements fâcheux en opposition formelle avec la lettre et l'esprit des textes liturgiques, et dont on prend son parti, trop souvent, d’un cœur insouciant. 




labourd autrefois
EGLISE ST JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Combien Pie XI eût été satisfait, lui qui a écrit, dans la Constitution apostolique Divini cnltus : "Dans la psalmodie, il faut avoir soin d’observer les tons indiqués, en tenant compte des cadences intermédiaires et des inflexions propres aux différents modes, de faire la pause convenable à l’astérisque", lui qui recommandait que tout cela "soit observé avec art", le chant des psaumes exécuté "selon les règles, manifestant d’une façon admirable l’union des âmes dans l’adoration de Dieu". 




Pour aider à obtenir ce résultat, on avait distribué des feuilles imprimées des cinq psaumes des Vêpres de la Noël et du Magnificat. On rendait, ainsi presque impossibles, aux cadences dactyliques, grâce à des caractères typographiques appropriés, les fautes d’ordre mélodique et les cou pures malencontreuses de mots ou de sens, parce qu’elles indiquent très nettement sur quelles notes doit se faire la distribution des survenantes et des diverses syllabes, — distribution qui, si elle est faite selon les règles, ajoute encore au charme de la psalmodie grégorienne, si belle avec ses dosages de sonorités ou ses ondulations sonores légèrement appuyées ou estompées. Et, à cet égard-là, on aurait, en vain, cherché, soit dans les versets chantés par la schola, soit dans les versets chantés par l’assistance, la plus légère défaillance, à une seule exception près. 



saint jean de luz autrefois
EGLISE ST JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Seul le Magnificat avait été emprunté au répertoire des tons dits irréguliers, le 6e ton royal. Encore que je n’aie nul besoin de proclamer mes préférences pour les tons strictement grégoriens. Je ne puis cacher que, tel qu’il est chanté, à Saint-Jean-de-Luz, ce Magnificat n’est pas sans beauté ni même sans splendeur. On y sent vrai ment palpiter l'âme de la robuste et vaillante race basque. "Impétuosité de torrent !" s'écrierait le chroniqueur ci-dessus appelé en témoignage. 




Le chant de chaque antienne était redoublé après chaque psaume. C’est alors seulement que l’organiste Improvisait ses courts interludes, véritables petites merveilles. Ses improvisations n'étaient pas, pour lui, de simples prétextes à développements brillants, mais elles jaillissaient du texte liturgique même. De longtemps ne s’effacera en moi l'impression que m'a laissée l’interlude improvisé sur la quatrième antienne, Et copiosa apud cum redemptio



labourd autrefois
EGLISE ST JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Je ne voulais parler que des Vêpres, mais quelques mots ne s'imposent-ils pas toujours sous le rapport au chant collectif, à propos du Salut ? Ce fut d’abord l’O salutaris, de Dugué, et le traditionnel Adeste, entonnés par la schola et repris en chœur par l'assistance entière où dominaient les mâles voix des hommes. Ils furent chantés en mesure, ainsi que cela se doit. (Certains éditeurs ne s’étaient-ils pas malencontreusement avisés de les emprisonner, comme dans une camisole de force, dans un pseudo-moule grégorien ?). Vint ensuite le Tantum ergo mozarabe, nulle part ailleurs aussi émouvant qu’à Saint-Jean-de-Luz. Il y atteint le point culminant de l'expression qui puisse s’en dégager. Est-ce parce que, de tout temps à jamais, je l’y ai entendu chanter sur un rythme mesuré à trois huitièmes ?Il y a là, en tout cas, un argument de valeur au profit des partisans de la mesure pour les hymnes liturgiques. Enfin, le Salut se termina par un cantique basque, chanté avec quel cœur, on le devine, encore que l’allégresse y fût tempérée d’un léger accent de mélancolie.



saint jean de luz autrefois
EGLISE ST JEAN DE LUZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

En bref, je suis sorti de cet office des Vêpres et de ce Salut meilleur et plus rapproché du bon Dieu."








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