LE FILM "LA ROBE ROUGE" EN 1933.
De très nombreux films ont été tournés au Pays Basque ou avec des histoires se passant au Pays Basque.
FILM LA ROBE ROUGE 1933 DE JEAN DE MARGUEDAT |
Voici ce que rapporta à propos de l'un deux : "La Robe Rouge", le journal Comoedia, dans son
édition du 28 juillet 1933, sous la plume de J. Delini :
"Quand on tourne "La Robe Rouge".
Yanetta et Etchepare au Pays Basque.
"Par ici, mon brave, "ils "sont là.", Dans l'esprit de ce paysan basque, au profil anguleux et au masque sévère, ce "Ils" signifie et résume tous les membres de la Compagnie Raymond Boulay, le sympathique directeur de l'Europa-Film, qui tournent La Robe Rouge dans la vallée de la Nivelle, aux environs d'Ascain.
Nous suivons un chemin creux et rocailleux, nous nous garons pour laisser la place à un chariot aux roues basses, tiré par deux bœufs recouverts de la toile basque aux couleurs rouge et blanche, et bientôt, à un détour du sentier, nous apercevons le toit d'un camion de son et nous distinguons des opérateurs qui s'agitent autour d'une caméra.
Devant nous, une maison basque, d'un pittoresque aspect, dans son demi-délabrement. Son toit rouge est délavé, dans la cour, veaux, vaches, cochons et couvées passent au milieu des instruments aratoires, et comme toile de fond la Rhune, dernier pic pyrénéen, proue géante fendant le ciel, et dont les contreforts viennent baigner dans la mer. C'est la ferme d'Etchepare, le héros de Brieux.
Un homme grand, au visage bruni et dur, coiffé du traditionnel béret, chaussé d'espadrilles venues en droite ligne d'Hasparren, le pantalon tenu par une ceinture usagée, c'est M. Daniel Mendaille. La silhouette est typique et d'un réalisme achevé. C'est bien le contrebandier, l'homme indépendant qui ne veut se plier à aucune règle et fuit les douaniers.
ACTEUR DANIEL MENDAILLE |
M. de Marguenat, en chemise rouge, le béret sur l'oreille, qui a poussé le scrupule jusqu'à se donner le type du pays, dirige la mise en scène. Depuis des semaines, il vit avec son sujet, il l'aime et il l'anime devant la caméra. Son assistant, Jean Rossi, avec dévouement, règle tous les détails.
Remontons le sentier et dirigeons-nous vers la crête du coteau. A notre gauche, à une centaine de mètres, au fond d'un jardin en friche, une maison aux volets clos...Il semble planer un mystère autour des murs crevassés. C'est bien la propriété de l'usurier Goyetche, la victime de la pièce de Brieux. M. de Marguenat va y reconstituer la scène du prime qui sera imputé à Etchepare. Devant le portail, la mise en scène est menée bon train. A droite, des romanichels aux faces expressives et patibulaires. Devant nous, le procureur général Vagret, et M. Constant Rémy s'avance, montrant en quelques phrases son autorité et son assurance. Il est suivi de Grétillat qui représente le juge Mouzon, un tantinet barbu, un homme rond et finaud comme l'exige le personnage. Tremblotant et inquiet, sous son chapeau de paille désuet, c'est Delorme que personnifie Gildès avec sa bonhomie. Gendarmes, paysans curieux ou altérés, rien ne manque, et Raymond Boulay peut avoir le sourire, sa scène est bien vécue.
ACTEUR CONSTANT REMY |
Juste le temps de casser la croûte en cet idyllique village d'Ascain, au berceau de Ramuntcho, et nous voici grimpant dans la montagne jusqu'au col de Saint-Ignace, où le nerveux et trépidant Arnaudy, tout dévoué au film, a tout préparé pour la scène du contrebandier. Yanetta nous y attend. C'est Mme Suzanne Rissler, elle représente à merveille la jeune femme de ce pays de Labourd, aux yeux brillants, et qui garde une beauté sereine sous une chevelure noire. A vingt mètres, un calvaire, il est situé sur un promontoire du sentier, tout un vaste horizon se découvre. Devant la croix, Daniel Mendaille et Suzanne Rissler vont jouer une des scènes capitales du film, et les répliques claquent dans un paysage de charme et de calme.
ACTRICE SUZANNE RISSLER |
Avant la nuit, à la tombée du jour, sur un des contreforts de la Rhune, Daniel Mendaille va mimer sa scène du contrebandier. L'artiste s'entretient avec deux beaux gars, bien découplés, et qui ne semblent pas avoir froid aux yeux.
— Voyez-vous, nous dit Raymond Boulay à l'oreille, Mendaille prend les conseils des "vrais de vrais", la scène n'est pas faite au chiqué.
Le lendemain matin, le rendez-vous est à Ciboure. Là, devant la mairie, vieille construction avec sa sévère cour intérieure, on va reconstituer l'entrée du tribunal. C'est là qu'arrive, conduite en carriole par l'excellent Colas, la mère d'Etchepare que campe avec tant d'expression et de vérité Mme Marthe Mellot. Par le porche ogival passent la jolie silhouette de Mme Marcelle Praince, femme du procureur Vagret, et le fille de celui-ci, la jeune Bertha, que joue Mlle Dolly Fairlie, comédienne d'une si fine sensibilité et dont les cheveux blonds resplendissent sous le soleil de Saint-Jean-de-Luz ; elle est suivie d'Hélène Petrov, qui semble prouver que les Roumaines sont les cousines germaines des Basquaises.
ACTEUR JACQUES GRETILLAT |
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