L'AUTOMNE 1925 SUR LA CÔTE BASQUE.
L'automne est, peut-être, la plus belle des saisons au Pays Basque.
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| AFFICHE CHEMINS DE FER DU MIDI PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta au sujet de l'automne 1925, la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays
basque, dans son édition du 7 décembre 1925, sous la plume d'Ernest Rochelle :
"En automne sur la Côte Basque.
De la Rhune, Righi méridional, un panorama unique.
Tous ceux qui, par nécessité, par simple snobisme ou par besoin d'imitation, n'ont fréquenté Biarritz, Saint-Jean-de-Luz ou Hendaye que l’été, au moment où la grande saison bat son plein, ne connaissent pas le quart des charmes de la Côte Basque.
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| PLAGE HENDAYE 1925 PAYS BASQUE D'ANTAN |
C’est en automne, en effet, en hiver et au printemps que cet admirable pays — comme d'ailleurs aussi toute la Côte d’Argent de Royan à Capbreton, en passant par Arcachon — se relève au visiteur, ami de la nature, dans toute son incomparable beauté. Est-ce l’absence des foules cosmopolites, bruyantes et bariolées? Est-ce le retour à une vie moins mondaine, moins agitée, moins factice ? Est-ce parce que la lumière moins violente permet de mieux distinguer le détail ? Est-ce parce que l'atmosphère, moins implacablement sereine, offre des jeux de lumière plus variés et plus délicats ? Est-ce enfin parce que l'on se sent plus seul et par conséquent plus proche de ces forces immenses et mystérieuses que sont la montagne et l'océan ? Toujours est-il que je n’ai jamais compris et admiré le Pays Basque, sa lumière et son ciel merveilleux, comme je viens de le faire dans une courte randonnée de quelques heures en cette fin de novembre déjà si morose et si embrumée au sein des villes.
Pour un Bordelais, en effet, se rendre de la gare Saint-Jean au sommet de la Rhune est aujourd’hui une simple promenade. Huit express ou rapides quotidiens le transportent en trois ou quatre heures à Bayonne ou à Biarritz. Là, le délicieux tramway jaune du Réseau Basque le prend et en une petite heure, le promène paresseusement à travers les merveilles qui ont nom : la Barre de l'Adour, le lac de Chiberta, la Chambre-d'Amour, Anglet-Plage, Biarritz, Beau-Rivage, le bois de Boulogne, Bidart, Guéthary, Port-Senix, Lafiténia, Erromardie, Sainte-Barbe, Saint-Jean-de-Luz, en longeant la côte d'aussi près que possible et en lui révélant, comme l’indique déjà l’énumération des arrêts que je viens de citer, mille recoins inconnus même des plus vieux amis de cette belle région. Dix passages journaliers permettent de couper la promenade à volonté et de la reprendre à loisir.
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| PLAGE CHAMBRE D'AMOUR ANGLET 1925 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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| PLAGE GUETHARY 1925 PAYS BASQUE D'ANTAN |
A Saint-Jean-de-Luz, deux alternatives s'offrent au voyageur qui, bien souvent, craint de jouer le rôle de l'âne de Buridan. Continuera-t-il sa randonnée par Ciboure, Socoa, Urrugne, Aïcabé, Abbadia et les Deux-Jumeaux, vers Hendaye et la frontière espagnole ? Ou bien, devenant pour quelques heures infidèle à la "Grande Verte", remontera-t-il le cours charmant de la Nivelle par : Le Golf, Ascain et Saint-Ignace pour gravir les flancs de la Rhune et jouir du panorama unique qui s'offre du haut de ce Righi méridional ? Je crois que, s’il dispose d'assez de temps, il fera comme ce bédé auquel on donne le choix entre un sucre d’orge et une croquette de chocolat; il choisira... les deux, successivement. C'est ce que j’ai fait.
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| LA RHUNE 1925 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le premier jour, je me suis résolument enfoncé au cœur de l’Eskual-Herria et, par un temps merveilleux de luminosité douce, par un soleil tempéré qui ne "mange pas les couleurs", comme l'éclairage souvent trop vif de juillet, j'ai repéré sur la table d’orientation de la Rhune, à 900 mètres d'altitude : la barre de l’Adour, le phare de Biarritz, les falaises de Sénix, la pointe de Sainte-Barbe, le fort de Socoa, la falaise Gauterenborda. le clocher d'Urrugne, qui inspira à Louis Aubert son prestigieux "Socorry"; le château d'Abbadia, le phare du Figuier, l'estuaire de la Bidassoa, cher à Loti ; puis, de l’autre côté de la frontière ou bordant celle-ci : Fontarabie, le Jaïzquibel, le phare de Saint-Sébastien, la majestueuse Haya. Ensuite, faisant peu à peu demi-tour, la série grandiose des pics qui, de l'Ibanthély au Pic du Midi d'Ossau, s'élèvent de 698 à 2 877 mètres.
Continuant mon évolution, j’ai retrouvé sous mes yeux la calme vallée de la Nive, au sortir du Pas-de-Roland, à Cambo, puis Saint-Pée-sur-la-Nivelle, enfin la plaine de l’Adour et des gaves, qui ferme ce cercle enchanteur de paysages si divers et si beaux, de 107 kilomètres de rayon.
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| LA NIVE CAMBO 1925 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Je suis ensuite revenu sur mes pas et, après une excellente nuit passée à Saint-Jean, j’ai, le lendemain, repris ma route vers Hendaye-Plage et revu de plus près cet admirable décor du fond du golfe que la proximité des Pyrénées rend déjà sauvage et plus accidenté.
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| CASINO HENDAYE PLAGE 1925 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Et je suis rentré, en vitesse, car mon temps était limité, par la voie ordinaire.
Moins de quarante-huit heures après mon départ, j'étais de retour à Bordeaux, emportant au fond de ma mémoire émerveillée le souvenir de mille découvertes que mes voyages ou mes séjours précédents au Pays Basque ne m’avaient pas fait soupçonner. Car il y a seulement quelques mois, une semblable randonnée était impossible pour le commun des mortels et même pour les privilégiés de la fortune, la route des automobiles ne longeant pas le rivage d'aussi près que le nouveau tramway côtier.
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| AFFICHE COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DU MIDI PAYS BASQUE D'ANTAN |
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