L'ELDORADO DES JOUEURS DE CESTA PUNTA.
La Cesta Punta est une des spécialités de la pelote Basque et sans doute la discipline internationale la plus connue, spectaculaire et rapide.
La Cesta Punta est un sport de balle, le plus rapide du monde (250 km/h), joué avec un grand
gant en osier appelé chistera.
L'objectif des deux équipes composées de deux joueurs (un avant et un arrière) est d'envoyer la
pelote, soit à la volée, soit après un rebond au sol et de marquer les 35 points nécessaires à la
victoire.
Pendant de très nombreuses années, les Usa et leurs Jaï Alaï (fronton couvert où on pratique
la cesta punta) , et en particulier celui de Miami en Floride, ont attiré les très bons joueurs de
cesta punta.
Les Basques y furent très nombreux mais aussi il y eut des Cubains et des Mexicains.
Les Américains connaissaient les Jaï Alaï depuis l'Exposition Universelle de Saint Louis, en
1904, quand ils ont découvert ce sport.
SAINT LOUIS USA 1904 |
Néanmoins, il fallut encore attendre vingt ans, en 1924, avant que l'Etat de Floride ne fasse
construire son premier fronton au Hialeah Race Course de Miami.
Vers 1950, la Cesta Punta devient de plus en plus populaire aux Usa et à Cuba, et les paris
associés à ce jeu aussi.
Les pilotari sont des vedettes dans les années 1950-1960.
De Mexico à Cuba, on va au fronton pour voir les joueurs et ces Basques qui sont originaires
de petits villages de l'autre côté de l'Atlantique, côtoient des politiciens, des acteurs et mêmes
des Présidents.
L'un des plus charismatiques d'entre eux, Guillermo Amuchastegi fréquente Cary Grant et
Esther Williams sur les plateaux de tournage, entre deux soirées où coule à flots le champagne
et où on mange des assiettes de homards.
Quelle belle vie ! Et elle fait rêver ceux restés au pays.
JAI ALAI LA HAVANE CUBA 1950 |
Un événement historique va bouleverser la Cesta Punta : le premier janvier 1959, Fidel Castro
et le Che s'emparent du pouvoir à Cuba.
Une des conséquences est l'arrêt des jeux et des paris associés à la cesta punta et de très
nombreux joueurs de pelote doivent s'exiler aux Usa.
La Cesta Punta est désormais dans les mains des promoteurs américains.
De très grands joueurs venant de Guernica, Marquina ou Durango sont présents : Juan Mari
"Txino" Bengoa, Francisco Churruca, Jésus M Arriola Ondarres, Xabier Egurbide, Tomas
Goyonaga, Orbéa 1, Chimela etc...et gagnent bien leur vie grâce aux paris.
Cependant, à la fin des années 1960, il y eut une grande grève en Floride car la majorité des
joueurs voulaient être mieux rémunérés, et pas seulement les meilleurs d'entre eux.
Ils étaient déterminés et ils pensaient que les patrons des Jaï Alaï ne pourraient jamais se
séparer de leurs joueurs de Cesta Punta qui remplissaient leurs frontons et faisaient rentrer
l'argent dans leurs caisses.
Ils se trompaient car entre 150 et 200 joueurs se sont fait virer des divers Jaï Alaï de Daytona,
d'Orlando, de Miami ou d'Orlando.
Les patrons des Jaï Alaï ont embauché à la place de ces vieilles gloires des jeunes joueurs
attirés par des salaires alléchants.
Ce fut le cas, par exemple de Serge Camy en 1972. Il devenait le deuxième pilotari issu du Pays
Basque Nord, après Jean-Pierre Etcheverry.
Camy venait de participer aux Jeux Olympiques de Mexico, en 1968, avec la pelote Basque
en sport de démonstration et fut ensuite champion du monde amateur en 1970.
Il resta dix ans au Jaï Alaï de Miami jusqu'en 1982.
Ce fut aussi le cas de nombreux jeunes joueurs formés au B.A.C., le Biarritz Athletic Club, ainsi
qu'à la Kostakoak de Bidart ou Luzean à St-Jean-de-Luz (liste non exhaustive).
Ces jeunes d'Iparralde contribuèrent à l'alimentation du "vivier" avec les Irungaray, Acin,
Daniel Erdocio, puis plus tard Daniel Michelena ou aujourd'hui Eric Irastorza etc....
SERGE CAMY AVEC LE NUMERO 2 |
JOUEURS DE CESTA PUNTA AUX USA |
ATTENTE DES JOUEURS DE CESTA PUNTA |
PAUL NEWMAN |
JOHN TRAVOLTA |
JAÏ ALAÏ ORLANDO 1970 1971 |
ERROL FLYNN |
JAÏ ALAÏ 1953 1954 |
C'est la famille Berenson et son patriarche Buddy qui dans les années 1970 popularise ce sport.
La ville de Miami est en demande car la station balnéaire est en pleine expansion et a besoin
d'attirer les touristes.
Les Jaï Alaï se développent avec bars, carrés VIP dans les tribunes et restaurants.
Mais, tout n'est pas rose dans l'Eldorado supposé.
A l'arrivée à l'aéroport, il faut se débrouiller tout seul, comme le raconte Serge Camy.
Les joueurs se regroupent à plusieurs dans le même appartement, le but étant de faire au
maximum des économies.
La saison dure alors 4 mois et les promoteurs ont divisé l'année en trois temps : un pour la pelote,
un autre pour les courses de chevaux et le dernier pour les lévriers.
"On jouait tous les jours sauf le dimanche. Dans une journée type on arrivait à 11h au fronton,
on en repartait à 17h pour revenir à 18h et on jouait une deuxième fois jusqu'à 1h du matin".
C'est la belle époque quant on voit le nombre de spectateurs fréquentant ces frontons : record
de 15 502 personnes à Miami, en 1975, avec des moyennes à 14 000 spectateurs parieurs.
Cette année-là, la saison de pelote passe de 4 à 10 mois et le nombre de Jaï Alaï augmente
jusqu'à seize unités.
Les joueurs peuvent gagner entre 2 000 et 10 000€ par mois (pour les meilleurs).
Les stars et les paillettes se pressent pour voir les joueurs de pelote, tels Errol Flynn, Paul
Newman, John Travolta et tant d'autres.
Dès 1977, devant le succès et les recettes, les promoteurs décident d'organiser des parties tous
les jours et les parties ne durent que quatre minutes pour que les paris s'enchaînent.
A son apogée, des Jaï Alaï sont créés dans le Nevada et dans le Connecticut.
Mais les banques qui suivent la famille Berenson ne s'entendent pas entre elles et la mafia
commence à pointer son nez.
Pour faire le spectacle dans tous ces Jaï Alaï, on manque de pelotari et on doit en embaucher
deux fois plus.
On va les chercher sur le vieux continent dans tout le Pays Basque, entre autres à Guernica, à
Markina et à Durango, directement dans des écoles et des frontons.
Cela ressemble un peu à la "foire aux bestiaux"...
Une fois recrutés, les joueurs sont dirigés vers divers frontons de Floride et du reste des Usa.
Au plus fort de leur activité, plus de 800 joueurs sont répartis dans l'ensemble des compagnies.
La nature du public change également à cause (ou grâce) à la démocratisation de ce sport. Les
gens huppés de la Floride, qui pouvaient dépenser 1 million de dollars en un seul jour au
Jaï Alaï laissent la place à des parieurs moins fortunés.
C'est le début d'un long déclin car le gâteau diminue et les parts de chacun aussi.
La mafia sentant les profits avec tous les paris sur les jeux et la possibilité de recycler de
l'argent sale n'est pas très loin et en 1981 et 1982 trois patrons de Jaï Alaï sont abattus.
En 1988, de nouveau une grève afin d'obtenir de meilleurs salaires secoue l'univers de ces
frontons et elle dure un an.
Restent seulement aujourd'hui six ou sept Jaï Alaï et la plupart perdent de l'argent...
Afin de les aider, une loi de Floride leur a accordé le droit de devenir des casinos et les indiens
Séminoles gèrent cette activité en Floride.
En contrepartie, les Jaï Alaï doivent offrir un nombre minimal de compétitions de pelote à leur
public.
Adieu l'Eldorado pour les jeunes Basques pelotari doués.
< />
Un des 1er joueur d'iparalde a joué au états unis Jeannot St Esteben (tsitsi) est totalement oublié... Enfant de st jean de luz né rue courtade !!!
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