UN MEURTRE À ILHARRE.
Le village d'Ilharre, en Pays de Mixe, à côté de Saint Palais, est un tout petit village, comptant 404 habitants en 1851.
Ilharre, paisible petit village Bas-Navarrais, est pourtant connu dans l'histoire, car en 1370,
c'est là que s'est tenu le plus ancien procès en sorcellerie de l'ancien royaume de Navarre.
En janvier 1851, deux habitants se rendent à la Mairie pour rencontrer le Maire Pierre Etchart.
Ils viennent pour lui faire transcrire le décès de Daniel Barthe-Lapeyrigne dans le registre de
l'état civil.
Rien ne laisse présager d'autre qu'une mort naturelle car le pauvre homme, cultivateur, était
âgé de 70 ans.
Il laisse une veuve : Nenette Coustala.
La déclaration de décès est soigneusement rédigée par le Maire.
Cependant, il y a un hic !
En effet, Daniel Barthe-Lapeyrigne est mort dans des conditions atroces : le crâne fracassé en
plusieurs endroits et le nez fracassé.
Il a été retrouvé par son épouse Nenette dans sa cuisine, face contre terre et gisant dans une
mare de sang.
Le meurtre s'est déroulé un dimanche, à vingt pas de l'église pleine de monde pendant la
messe, à laquelle s'était d'ailleurs rendue toute la famille.
EGLISE ILHARRE PAYS BASQUE 1900 |
L'arme du crime est restée à ses côtés : un maillet en bois recouvert du sang et des cheveux de
la victime. Mais, à l'époque, les recherches d'ADN n'existaient pas...
Très rapidement, Jean Ahano dit Montpellier est soupçonné de cet horrible crime et les
soupçons des gendarmes sont confortés par deux faits :
- il a déjà deux délits à son actif
- il a été vu à proximité d'Ilharre, ce dimanche matin même.
Aussitôt, deux jeunes hommes se lancent à sa poursuite.
Ils trouvent sa trace 40 kilomètres plus loin, de l'autre côté de la frontière, à Valcarlos (Luzaide
en Basque), en Navarre.
VALCARLOS - LUZAIDE PAYS BASQUE 1900 |
En arrivant dans le village Navarrais, ils découvrent que l'homme qu'ils recherchent était
employé chez le Maire en tant que domestique.
Ce dernier, apprît avec stupeur les faits reprochés au jeune homme qu'il avait embauché
depuis peu de temps.
Le Maire de Valcarlos, désolé d'avoir employé un tel malfaiteur, leur promit d'amener Jean
Ahano à la frontière, dès le lendemain, et il tint promesse.
Le 6 janvier au soir, Jean Ahano fut arrêté à l'auberge du village, saisi par quatre jeunes gens
de Valcarlos, garrotté et amené tambour battant jusqu'à Arneguy, où la gendarmerie française
le prit en charge pour le mener à la prison de Saint Palais.
ARNEGUY PAYS BASQUE 1900 |
ARNEGUY PAYS BASQUE 1900 |
ARNEGUY PAYS BASQUE 1900 |
MAISON D ARRET SAINT PALAIS PAYS BASQUE 1900 |
Ce fut là l'erreur commise par le Maire de Valcarlos car les avocats de Jean Ahano purent
faire repousser le procès pour vice de forme dans la procédure d'extraction.
Ce meurtre atroce fut commis pour voler peu de choses : des vêtements, des boucles d'oreille,
un anneau et... un parapluie.
De son propre aveu, le coupable reconnût avoir été employé comme domestique chez le
cultivateur Daniel Barthe-Lapeyrigne et lui avoir demandé ce matin là un prêt d'argent que ce
dernier lui avait refusé.
Jean Ahano, fils naturel de Catherine Ahano, né à Ilharre en 1826 était connu pour plusieurs
vols et larcins.
Sa profession de pêcheur ne devait pas subvenir à ses besoins, car habitant loin de la mer.
Mais, ce qui impressionnât le tribunal, lors de son procès, en Assises à Pau, fut son apparence
de calme, associé à sa haute stature pour l'époque (1,80m).
![]() |
REGISTRE D ECROU DE JEAN AHANO |
La peine de mort fut requise par l'avocat général, mais la plaidoirie de Maître Blandin fut
entendue par les jurés qui le condamnèrent aux travaux forcés à perpétuité.
Le condamné fut transféré au bagne de Cayenne où il mourut trois ans plus tard, en février
1854.
DEPART POUR LE BAGNE DE CAYENNE |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire