"LA PASIONARIA" DU 19 JUILLET 1936 AU 1ER AVRIL 1939.
Dolorès Ibarruri se dépense sans compter durant la Guerre Civile Espagnole.
DOLORES IBARRURI LA PASIONARIA |
La Pasionaria harangue les soldats qui se trouvent dans les casernes de Madrid et elle tente de
mobiliser les travailleurs dans les usines et d'organiser les femmes dans les quartiers.
Des milliers de personnes viennent écouter dans les meetings celle qui, entre deux réunions,
deux articles ou deux débats, n'hésite pas à consacrer du temps à une famille en détresse.
Elle lance un appel aux peuples du monde :
"Aidez-nous à empêcher que la démocratie soit écrasée en Espagne. Si cela devait arriver, cela
entraînerait inévitablement la guerre".
C'est un appel qui compte, en ces décisives semaines du début de la guerre car le
Gouvernement Républicain tente par tous les moyens d'acheter des armes.
Des armes qu'ont à profusion les fascistes et qui vont bientôt cruellement manquer aux
défenseurs de la liberté.
Où trouver ces armes ?
Une délégation officielle espagnole composée de personnalités d'horizons divers se rend à Paris.
Les Croix-de-feu (ligue d'anciens combattants nationalistes français) menacent de dynamiter
l'hôtel où descend la mission.
Quant au Président de Conseil français, le socialiste, Léon Blum, il annonce aux
parlementaires espagnols que "la France ne peut pas intervenir", alors que ce qui lui est
demandé se limite au respect des contrats signés avec Madrid.
"Blum, indiquait la Pasionaria, parlait comme s'il lui était difficile d'articuler.
Il se déclarait pacifiste, affirmait souffrir énormément, mais confirmait la politique de non-
intervention de la France.
Un moment, derrière ses longues mains fines, il se cacha les yeux. Pleurait-il ?
De sa poche gauche, il tira un élégant mouchoir de soie et essuya une larme qu'il n'avait pas."
Pour Dolorès Ibarruri, la France ne se résume pas à Léon Blum.
Le 8 septembre 1936, le Parti Communiste Français organise un grand rassemblement au
Vel'd'Hiv à Paris.
Elle y prononce une phrase célèbre : "Mieux vaut vivre debout que vivre à genoux."
Sur les murs des villes et des villages de France fleurit le mot d'ordre : "Des canons et des
avions pour l'Espagne."
De retour à Madrid, la Pasionaria et ses camarades accélèrent le dispositif de défense de la
capitale.
Elle soutient l'idée selon laquelle il faut créer une armée régulière de la République dotée d'un
seul drapeau et d'un commandement unique.
Le Président du Gouvernement, Largo Caballero, les anarchistes et les trotskystes estiment,
eux, que de simples milices suffiront.
Quand Dolorès Ibarruri et les communistes soulignent la nécessité de creuser des tranchées
pour défendre Madrid, Largo Caballero tergiverse, allant jusqu'à clamer :
"Les miliciens ne peuvent se transformer en taupes".
On voit la Pasionaria aux quatre coins de la capitale madrilène.
Ici, creusant une tranchée avec les habitants d'un quartier ; là, accompagnant Nehru et sa fille
Indira Gandhi, des écrivains, des poètes tels qu'Ilia Ehrenbourg, Pablo Neruda ou des vedettes
comme le chanteur noir américain Paul Roberson.
Le 7 novembre 1936, elle accueille les Brigades Internationales, "des frères venus du monde
entier défendre la liberté."
Bref moment de joie dans la tragédie, car déjà l'artillerie et l'aviation fasciste pilonnent
Madrid.
Les mercenaires de Franco, les Junkers de Hitler et les forces motorisées de Mussolini font
pression sur tous les fronts.
Une situation si précaire que le Gouvernement et le Parlement Espagnols décident de
transférer leurs services à Valence.
Durant ces années de guerre, aux côtés de José Diaz, le secrétaire général du Parti Communiste
Espagnol, Dolorès Ibarruri se dépense sans compter.
La "Dame en noir" devient l'ennemi numéro un des franquistes et de leurs amis européens.
Une campagne se déchaîne pour tenter de salir son image aux yeux de l'opinion.
En France, le journal fasciste Gringoire écrit :
"Pasionaria, quoique de race espagnole, est un personnage trouble. Ancienne religieuse, elle
s'est mariée à un défroqué, d'où sa haine pour la religion. Elle s'est rendu célèbre un jour en se
jetant sur un pauvre curé et en lui sectionnant la veine jugulaire à coups de dents."
La propagande franquiste ne se différencie guère.
Les soldats rebelles prisonniers des Républicains parlent de la Pasionaria avec horreur.
A un groupe d'entre eux, Dolorès Ibarruri demande comment ils imaginent la Pasionaria.
"Ce n'est pas une femme, c'est un fauve", répondent-ils. "Un peu comme moi", interroge-t-elle.
"Quelle idée, rétorquent les prisonniers. Vous, vous êtes une femme espagnole, une vraie..."
Les forces armées de la République ne peuvent contenir les troupes franquistes de plus en plus
aidées par leurs parrains de Berlin et de Rome.
Devant la gravité de la situation, Dolorès Ibarruri retourne à Paris et s'adresse au monde :
"En Espagne se livrent les premières batailles entre la démocratie et le fascisme qui veut
étendre ses pouvoirs tentaculaires sur le monde pour étouffer la liberté et le progrès. Notre
peuple accepte avec orgueil et pleine responsabilité la tâche que l'Histoire lui a réservée. Mais
il exige qu'on ne l'abandonne pas."
Les accords de Munich, la capitulation devant Hitler, accélèrent l'isolement de la République.
L'Urss est seule à fournir une aide en avions, en armements divers, en combattants et
conseillers expérimentés.
Les pressions s'exercent de toutes parts sur le Gouvernement Negrin qui, craignant la
reconnaissance de Franco par les pays voisins, décide le retrait des Brigade Internationales.
BRIGADES INTERNATIONALES 1937 |
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