Libellés

mercredi 9 octobre 2019

UN ÉCRIVAIN BASQUE : PIO BAROJA

PIO BAROJA.


Pio Baroja y Nessi, né le 28 décembre 1872 à Saint-Sébastien, est un écrivain Basque espagnol de la génération de 98 et de langue espagnole.

escritor pais vasco antes
ECRIVAIN BASQUE PIO BAROJA

Voici ce que rapporta au sujet de cet écrivain le journal Les Cahiers du Sud, dans son édition 

du 1 mars 1929, sous la plume d'Ernest Labatut :



"Notes sur Pio Baroja.




II est assez étrange que notre pays qui a réservé un si sympathique accueil à tant d’artistes étrangers n’ait pas encore fait à un écrivain de la valeur de Pio Baroja la place qu’il mérite. La réputation que cet auteur a acquise par une vie tout entière consacrée aux lettres est, en effet, solidement assise de l’autre côté des Pyrénées où le suit un public fidèle et sans cesse croissant. Elle a, du reste, depuis longtemps passé les frontières de la Péninsule, mais elle est loin d’être chez nous ce qu’elle devrait être. 


escritor pais vasco antes
ECRIVAIN BASQUE PIO BAROJA


Né à Saint-Sébastien en 1872, Pio Baroja a fait ses premières études à Pampelune, les a continuées à Valence, ensuite à Madrid. Docteur en médecine, il a exercé sa profession dans les Provinces Basques, à Cestona, très peu de temps d’ailleurs. Son rêve eût été de "réaliser une vie intense" et c’est par impossibilité de réaliser cette vie qu’il s’est fait écrivain. Il a publié son premier livre en 1900 et depuis cette date il consacre son temps à l’étude, à la composition de ses livres, aux voyages. Aujourd’hui dans la plénitude de son talent Pio Baroja a à son actif une œuvre abondante et de la plus haute qualité. Elle comprend une cinquantaine de volumes : dix recueils de Contes, Essais et Autobiographies, vingt-quatre romans groupés en Trilogies aux titres respectifs suivants : Terre basque, La vie fantastique, La Race, La lutte pour la vie, Le Passé, Les Villes, La Mer, Agonies de notre temps, enfin une série de quinze romans historiques — digne pendant des Episodes nationaux de Pérez Galdos — sous le titre général de Mémoires d’un homme d’action. 

pais vasco antes escritor
ECRIVAIN BASQUE PIO BAROJA



L’existence de Pio Baroja explique dans une certaine mesure une partie de son œuvre : Basque, il s’est penché sur l’âme de sa petite patrie et nous en a peint les divers aspects dans Vies sombres, La maison Aïzgorri, Le Mayorazgo de Labrazay, Zalacaïn l’aventurier. Médecin rural, puis boulanger, il a vécu en contact avec le peuple, il a connu les misères des petites gens, les souffrances des déshérités des plus infimes couches sociales, et sa sympathie est allée à ces êtres simples et pitoyables ; elle s’est traduite par des œuvres vivantes et fortes, pleines de types populaires, — aventuriers, mendiants, vagabonds — et qui constituent une sorte de romans picaresques modernes : La conquête du pain, Mauvaise herbe, Aurore rouge. Voyageur et curieux du monde, il a observé les milieux étrangers les plus divers et a justement noté l’atmosphère et la poésie des grandes capitales dans ces romans européens : Les derniers romantiques, Les tragédies grotesques, La cité du brouillard, César ou rien, le grand tourbillon du monde.




Ces romans aux thèmes et aux cadres si variés sont composés selon une technique toute personnelle. Baroja professe avec raison qu’un roman doit avant tout intéresser et pour cela il faut qu’il soit un reflet de la vie dans ce qu’elle a de plus mouvant. Romancier de l’action, Baroja veut rendre perceptible le rythme rapide du monde et, envisagé de ce point de vue, son art n’est pas sans analogie avec l’art cinématographique. Cette sensation il arrive à la donner en divisant ses romans en chapitres courts, en réduisant tout ce qui peut paralyser la marche du récit, notamment les descriptions (il n’y a recours que lorsque cela est strictement indispensable et ce sont alors des tableaux d’un maître descripteur) et les analyses psychologiques à la manière d’un Paul Bourget par exemple. Il y a des pages qui ne sont que des notations de faits ou de détails, choisis il est vrai avec une rare intelligence et le guide sûr d’une sensibilité artistique très fine, parmi les plus aptes à donner la sensation de la vie. Enfin un style volontairement dé pouillé de tout ornement contribue à donner la sensation voulue. Baroja est l’ennemi déclaré de la rhétorique, des procédés, de l’éloquence, de la phrase à effet. Il ne demande au style que d’épouser étroitement la pensée : aussi sa phrase est-elle nerveuse, incisive, pure, d’une précision stendhalienne. 

pais vasco antes

ECRIVAIN BASQUE PIO BAROJA

Une pareille technique donne aux livres de Pio Baroja une grande intensité de vie, mais aussi une apparence d’impassibilité chez l’auteur. Une apparence seulement : sous ses pages volontairement sèches se cachent souvent une tendresse pénétrante, une pitié profonde, une sensibilité douloureuse et parfois une sourde colère ; c’est qu’il a aussi ses haines : la sottise, la cruauté, l’hypocrisie, les conventions sociales, les servitudes de tout ordre, sont, quand l’occasion se présente, dénoncées avec une passion, un feu, sur lesquels ne saurait faire illusion la nature sobre du style ; au contraire : l’effet est ici en raison inverse des moyens d’expression employés et pour prendre un exemple, l’humour spécial de Paradox, roi est bien plus démolisseur que telle tirade déclamatoire. 




Car il ne faut pas oublier que Baroja est un combatif. Il a ses idées que l’on retrouve à chaque instant dans tous ses livres et c’est ce qui fait d’ailleurs, pour une grande part, l’irrésistible attrait de ceux-ci. A travers tant de pages dont l’impersonnalité n’est qu’apparence, on sent un homme et un homme loyal, bon, farouchement individualiste, pessimiste et sceptique. Sincère et indépendant surtout : ces deux qualités le poussent à dire ce qu’il pense touchant les choses et les hommes. Cela lui a valu des inimitiés solides et des attaques dont il n’a cure. On l’a traité notamment d’antipatriote : mais s’il n’a pas ménagé à son pays ses vérités, s’il s’est penché sur le problème de l’Espagne avec plus d’angoisse que tout autre écrivain de la "génération de 98", s'il n’a pas craint de dénoncer la prostration de sa patrie pour essayer de rechercher la voie du salut, n’a-t-il pas fait au contraire œuvre du patriotisme le plus noble ? En réalité ce Basque si curieusement imbu de l’esprit européen a souffert plus qu’aucun autre de l’éclipse momentanée du rayonnement espagnol, et peut-être cette souffrance est-elle à l’origine de son pessimisme et de cette amertume ineffable que distillent ses livres. Une figure d’une singulière attirance, certes, et une personnalité originale appelée à laisser de profondes marques sur les lettres et la pensée de l’Espagne moderne."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

Plus de 5 000 autres articles vous attendent dans mon blog :

https://paysbasqueavant.blogspot.com/


N'hésitez pas à vous abonner à mon blog, à la page Facebook et à la chaîne YouTube, c'est gratuit !!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire