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mercredi 30 octobre 2019

AU PAYS BASQUE EN 1857 (première partie)


AU PAYS BASQUE EN 1857.


En 1857, l'arrondissement de Bayonne est agrandi de Boucau et de Saint-Esprit, communes détachées des Landes pour être rattachées aux Basses-Pyrénées.


pays basque autrefois
BIARRITZ 1847
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta le journal La Presse, dans son édition du 28 septembre 1857 :



"Le Midi a trouvé le moyen de baguenauder avec la vapeur et de ralentir même l'électricité.




Quand le télégraphe électrique du chemin de fer attaque de Bordeaux le poste de Bayonne, et que Bayonne ne répond pas à la première sommation girondine, n'imaginez pas qu'on s'étonne à Bordeaux ; on y est trop habitué pour cela ; on se-contente de dire : "Allons ! faisons un autre appel. Les Bayonnais dorment ou sont allés à la pêche." 




Cela n'empêche pas que ces mêmes gens, si passionnés pour le farniente, font, dans l'occasion, des prodiges de célérité et des miracles de travail. 




Dieu les a façonnés pour les exercices difficiles. Un proverbe biscayen ne dit-il pas que dans la peau d'un Suisse on pourrait tailler trois Espagnols ? 




Autant nous sommes pressé quand il faut entrer en Espagne, autant nous sommes rétif et lambin quand il faut la quitter. De loin, ce sol nous attire, et de près il nous retient. L'homme a plusieurs patries, la patrie de son corps et la patrie de son esprit.





Nous ne trouvions jamais qu'il fût temps de sortir de l'église d'Irun. Enfin, nous donnâmes l'étrenne aux gamins qui étaient allés demander la clé du clocher au carillonneur ; car vous imaginez bien que l'homme qui ne se dérange pas pour sonner les, cloches, se dérange encore bien moins pour les montrer. Et, cela fait, nous prîmes congé de cette bruyante marmaille pour nous diriger vers la Bidassoa. 




pais vasco antes
EGLISE IRUN GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN




Un sentier de piéton descend de l'église à la rivière et côtoie ou traverse des jardins à peine clos. Ces pauvres jardins sont la fidèle image de la confusion et du pêle-mêle de cette belle et poétique Espagne. L'agrément et l'utilité se disputent de la façon la plus grotesque ces petits carrés de terre. Sous une statue et dans des arabesques de buis rampant, vous rencontrerez des choux et des melons verts arrondissant leurs humbles dômes. Un peu plus loin, le tournesol étale son disque à côté du laurier rose, et le grenadier entrouvre son fruit sous les fusées des roses trémières. En cheminant ainsi, nous eûmes bientôt atteint la Bidassoa, qu'un bateau nous fit traverser un peu en aval de l'île des Faisans. Nous voyions en face, au-dessus des champs de maïs et à travers les arbres de la rive française, la maison blanche où nous avions déjeuné le matin. 




pais vasco antes
ÎLE AUX FAISANS IRUN GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les enfants de M. Rach, notre hôte de Béhobie, nous attendaient sur le rivage en dansant le fandango ; c'était là une scène, remplie d'animation et de gaieté. En la regardant, nous avions presque l'illusion d'entrer en Espagne quand nous en sortions. Le paysage semblait se recueillir, à l'approche de la nuit, pour laisser entendre le bruit lointain et monotone de la vague. L'ombre descendait des montagnes vertes, et l'air frais qui montait de la mer tempérait cette chaleur de fournaise qui avait incendié la journée. 




Il était nuit quand nous partîmes de Béhobie, et en deux heures les chevaux landais, qui doublaient le pas en allant à leur écurie, eurent fait voler notre calèche de la Bidassoa à l'Adour, de Béhobie à Bayonne. Pour charmer le trajet, nous chantions en choeur la plaintive romance de Châteaubriand ; et ces chevaux, qui ont l'oreille musicale comme les hommes de ces contrées, semblaient galoper en mesure. Le son de leurs grelots accompagnait ce bruissement d'insectes qu'improvise la nature, et qui est comme l'harmonie de ces nuits tièdes et étoilées. 




Je ne fis que toucher barres à Bayonne... Le lendemain, j'étais sur la route de Cambo. Cambo est le complément terrestre du maritime Biarritz. Quand les bains d'eau salée finissent, les bains d'eau douce commencent. Les baigneurs ne font que déménager et passer des bords de la mer aux bords de la Nive




La saison de Biarritz était en pleine effervescence, et par conséquent la saison de Cambo n'était pas encore ouverte. Cela produit la légère différence que voici : pendant la saison, vous allez à Cambo comme à Biarritz pour 50 centimes en omnibus, et, hors de la saison, vous êtes obligé de prendre une calèche qui vous demande 50 francs. 




C'est avec M. Alexander y Pisani et avec un journaliste bordelais dont je ne retrouve plus le nom que j'allai visiter Cambo




Comme pour aller à Biarritz et comme pour aller à Saint-Jean-de-Luz et à Fontarabie, on sort de Bayonne par la porte d'Espagne : cela nous permit de rencontrer une compagnie de jeunes filles gambadant sur la route. C'étaient des marchandes de poisson de Saint-Jean-de-Luz trottant vers Bayonne. De Bayonne à Saint-Jean-de-Luz, on compte vingt kilomètres. Eh bien ! ces marchandes, court-vêtues, nu-pieds et une manne sur la tête, parcourent cet espace en riant et chantant. Arrivées à Bayonne, elles doivent encore explorer la ville pour y crier et vendre leur marchandise. Et le marché fini, elles s'en retournent le soir aussi accortes qu'au départ. Les quelques petits verres qu'elles ont cueillis çà et là donnent de la force à leurs voix, de l'élasticité à leurs jarrets d'acier. Et il n'est pas rare de les voir encore railler les conducteurs des voitures qu'elles rencontrent, et lutter de vitesse avec leurs chevaux. 



pays basque autrefois
CASCAROTS
PAYS BASQUE D'ANTAN



La corbeille qu'elles balancent sur leur tête est plutôt un ornement qu'un fardeau. Elles accomplissent cette corvée et ce voyage avec la grâce et la belle humeur que met une sylphide à danser un ballet.




Pourtant, ce tour de force est leur pain quotidien. Aussi l'exécutent-elles à tout propos. Sous le moindre prétexte, elles s'envolent vers Bayonne. Que Saint-Jean-de-Luz s'avise de marchander la marée, et aussitôt elles condamnent la ville au pain sec. Elles parcourent les rues en s'écriant d'une voix railleuse : Saint-Jean-de-Luz n'aura pas de homard aujourd'hui ; et les voilà parties vers Bayonne. 




Quand on va à Biarritz, on quitte la route d'Espagne pour prendre un embranchement à droite qui conduit à la mer. Quand on va au contraire à Cambo, on tourne à gauche pour suivre les sinuosités de la Nive. Rien de plus frais et de mieux accidenté que cette route qui vous rapproche des montagnes, dont les cimes paraissent être sur votre tête quand la base est encore loin. 




Après avoir laissé à droite le joli château du fameux Garat et traversé le riant village d'Ustaritz, le chemin s'engage dans le vallon formé par la rivière et ne la perd jamais de vue. 




On chemine ainsi quelque temps jusqu'à un endroit où la Nive se creuse un lit de prairies et de fleurs. Ce lit devient profond, et la vallée étroite offre un escarpement qui domine Ie paysage comme un bastion de verdure. C'est là que Cambo éparpille ses jardins, ses maisons blanches et sa fabrique de chocolat.



chocolat pays basque
CHOCOLAT FAGALDE CAMBO
PAYS BASQUE D'ANTAN



L'établissement des bains n'est pas dans le village. Il est situé à un quart d'heure de promenade en amont sur la Nive, vers laquelle on descend par une allée de châtaigniers., C'est à peu près la distance et le chemin qui séparent Bagnères de Bigorre de l'établissement thermal de Salut. 




A Cambo, comme partout, on boit et on se baigne. Il y a pour cela les deux engins indispensables : une fontaine et une piscine. 




La piscine est aux bains ordinaires ce que la prison en commun est aux loges des prisons cellulaires : c'est le bain omnibus. C'est un congrès de caleçons des deux sexes au milieu desquels la maladie et le plus souvent la décence jouent le rôle de Minerve, et professent la sagesse. 




Un pont suspendu reliant les deux bords de la Nive civilise trop ce paysage et lui donne la physionomie d'un site de keepsake. Une chapelle rustique fait le pendant de la maison du docteur, comme pour signifier que le prêtre se recommande au médecin, et que tous les deux pratiquent ce précepte du bon Lafontaine : Il se faut entr'aider, c'est la loi de nature. 



pays basque autrefois
PONT SUSPENDU CAMBO
PAYS BASQUE D'ANTAN



Tel qu'il est, Cambo nous plut sans nous séduire. Ce fut la l'impression générale. Quant à moi, j'ai trop pratiqué, dans mon enfance, les vallées de Burlats, de la Durenque et de Lezert, dans le pays castrais, pour avoir le droit de m'extasier sur le paysage de Cambo. Aussi peut-être aurais-je regretté la course si le programme de la journée ne nous eût réservé, après Cambo, le Pas de Roland. 




Qu'est-ce que le Pas de Roland ?"



A suivre...



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