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jeudi 7 février 2019

VICTOR HUGO ET HERNANI EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1811


VICTOR HUGO À HERNANI.


En 1811, Victor Hugo vient en Espagne, avec sa mère et ses frères, pour rejoindre son père le Général Léopold Hugo, gouverneur de plusieurs provinces, auprès du roi Joseph.


pais vasco antes
MAISON DE VICTOR HUGO HERNANI GUIPUZCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il passe un certain temps à Hernani, en Guipuzcoa.


Victor Hugo eut ces paroles célèbres, au sujet du peuple Basque :


"... On naît basque, on parle basque, on vit basque et l’on meurt basque. La langue basque est une patrie, j’ai presque dit une religion. Dites un mot basque à un montagnard dans la montagne ; avant ce mot, vous étiez à peine un homme pour lui ; ce mot prononcé, vous voilà son frère. La langue espagnole est ici une étrangère comme la langue française."


Je vous ai déjà parlé dans un article précédent de ce voyage.


On raconte que Victor Hugo s'inspira de son passage à Hernani, pour écrire sa pièce de 

théâtre, du même nom.



Voici ce que rapporta La Petite Gironde, dans son édition du 1er août 1903, sous la plume de 

Gabriel Trarieux  :


"La maison d’Hugo.


Je suis allé voir la maison d'Hugo par un jour d’été tiède et pur qui chauffait les arbres, les pierres, les canaux endormis de la Seine et les pigeons de Notre Dame. La place des Vosges, énorme et vide, inondée de clarté solaire, avec ses arcades ombreuses, évoquait une ville d'Espagne. Il me plut que le jeune Hugo ait vécu ses rudes années parmi ce décor castillan. Les salles, l'escalier du vieil hôtel - proche de celui qui abrita Marie de Rabutin-Chantal, plus tard marquise de Sévigné — recevaient de nombreuses visites, gens du peuple et petits bourgeois, où je ne distinguai aucun snob. Ce monde circulait à l'aise, avec une familiarité discrète, dans la demeure du grand homme, avec le vague sentiment qu’elle était chose à lui. C'est vrai. Les paroles officielles s’étaient tues, et nul n'en gardait le souvenir, je me mêlai à la foule cordiale pour péleriner avec elle à travers ces intimités glorieuses. 


pays basque avant
MAISON DE VICTOR HUGO PLACE DES VOSGES PARIS
PAYS BASQUE D'ANTAN



pays basque autrefois
MAISON DE VICTOR HUGO PLACE DES VOSGES PARIS
PAYS BASQUE D'ANTAN



pays basque autrefois
MAISON DE VICTOR HUGO PLACE DES VOSGES PARIS
PAYS BASQUE D'ANTAN

C’est la vie même de l’Enfant Prodige, où tout un siècle se refléta, qui frappe et séduit dès l'abord et qu’on suit dans les pièces obscures, d’étape en étape, jusqu’à la pièce claire où une tête blanche repose sur un oreiller lumineux : suprême esquisse faite par Bonnat quelques heures après la mort. On est accueilli, poursuivi, hanté par les multiples images d’Hugo : Hugo enfant, Hugo jeune homme, Hugo pair de France, Hugo en exil, Hugo patriarche, etc. Chacune a pour trait dominant ce front saillant, convexe, immense, qui frappa les contemporains et prêta aux caricatures. Les épisodes les plus connus de l’interminable carrière sont là, tableaux ou photographies : voici la première d'Hernani, salle éclairée de girandoles où s’étalent des gilets rouges; voici une rue en quarante-huit, le quai d’Anvers, Marine Terrace et le paysage de Guernesey, une gare encombrée en 70, et la dernière apothéose, l'Arc-de-Triomphe entouré de torches, la montée vers le Panthéon de l'intime corbillard des pauvres parmi des houles indistinctes...


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 VICTOR HUGO ET SES PETITS ENFANTS
PAYS BASQUE D'ANTAN


pays basque autrefois
PIECE DE THEÂTRE HERNANI DE VICTOR HUGO
PAYS BASQUE D'ANTAN




pays basque autrefois
FUNERAILLES DE VICTOR HUGO 1885
PAYS BASQUE D'ANTAN



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FUNERAILLES DE VICTOR HUGO 1885
PAYS BASQUE D'ANTAN





pays basque autrefois
FUNERAILLES DE VICTOR HUGO 1885
PAYS BASQUE D'ANTAN

Vie fastueuse et combative d’Homme de Lettres sacré roi. Il y a ici le fracas splendide, l’explosion d’un avènement. L’Homme de Lettres, honoré des cités antiques, nié, honni par le Christianisme, mangeant le pain d’exil avec Dante, pensionné des grands avec Shakespeare, bâtonné des grands avec Voltaire, ermite sauvage avec Rousseau, l'Homme de Lettres, après la Révolution, fait son entrée sur la scène du monde et prend sa part, non seulement de gloire — on ne la lui avait point ôtée, — mais de force, sa part de festin. Il se mêle, pour les conquérir d’abord, aux anciennes hiérarchies. Puis il sent d’où la Force monte, d’une source bouillonnante en bas. Il se rejette vers la Foule. Il s’oppose, prophète social, à la tyrannie militaire. Proscrit, captif, il tient en balance l’opinion d’un peuple entier. Il vit assez vieux pour la voir fléchir, il rentre, en un soir de tempête, et mêle sa strophe aux obus. Il expire, chargé d'années, parmi la stupeur, la vénération. 


pays basque autrefois
VICTOR HUGO
PAYS BASQUE D'ANTAN



pays basque avant
VICTOR HUGO
PAYS BASQUE D'ANTAN

Vie fastueuse et combative... Ce n’est pas en vain que lui-même la comparait à celle du Corse. Il y a, dans ces victoires verbales, un prodige de même espèce que les campagnes du premier Empire. Ce sont signes d’un ordre nouveau. Il y a, en elles, un revers aussi. Nous sentons tous, non sans révolte, l’antithèse flagrante entre les paroles et les actes de ce conquérant. Jetant au vent les prophéties d’un nébuleux messianisme, il a, en fait, vécu, vaincu, comme un ogre irrassasié. Prenons garde, pour être justes, qu'il obéissait en cela, par ce fabuleux égoïsme, à la loi de concurrence vitale sans borne, sans justice et sans frein qui fut le dogme du dix-neuvième siècle. Ne nous laissons pas attendrir par ses larmes de crocodile. Mais saluons ce beau spécimen, à la fois soldatesque et pacifique, du génie français, du génie latin. 



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VICTOR HUGO
PAYS BASQUE D'ANTAN

Son œuvre elle-même, bien entendu, figure là, partout présente, sous la forme, entre toutes flatteuse, d’autres œuvres qu’elle inspira. Peintures, sculptures, dessins, il n’y a que l’embarras du choix, tant est souveraine sur tous les cerveaux la hantise des visions qui s’échappèrent de celui-ci. J’entendais deux hommes du peuple les reconnaître avec délices, comme des êtres familiers : "Ah ! voilà la Esmeralda qui donne à boire à Quasimodo ! Voici Jean Valjean en cour d’assises! Voilà Hernani qui sonne du cor ! Cet autre, qu'est-ce que c’est ? C’est Giliatt qui combat avec une pieuvre... Et ça ? l'Homme des Châtiments, sur un pilori entouré d'abeilles"... et d’autres, et d’autres encore, des figures lointaines, légendaires, Caïn fuyant l’œil fatidique, Booz endormi parmi ses meules, Eviradnus brandissant un spectre, Jean Chouan debout parmi les balles, deux pêcheurs devant un berceau... J’en oublie. Vous compléterez... 


pays basque autrefois
HERNANI VICTOR HUGO
PAYS BASQUE D'ANTAN

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LES MISERABLES VICTOR HUGO
PAYS BASQUE D'ANTAN

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LES MISERABLES VICTOR HUGO
PAYS BASQUE D'ANTAN



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LA LEGENDE DES SIECLES VICTOR HUGO
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le plus grand bienfait de cette oeuvre est sans doute d'être pittoresque, "amusante" plus encore que belle; c’est une colossale distinction. Ce kaléidoscope puissant, qui passe en revue toute l'histoire humaine, met à la portée de chacun des mythes et des héroïsmes qui sans lui seraient oubliés. Il prétend annoncer l'avenir ; que non ! mais il prend possession du passé, le résume, le colore et nous l'offre en inoubliables vignettes. Les campagnes de l’Empire, vous dis-je. C’est une razzia de barbare qui se rue à travers le monde, ivre de formes, de couleurs, de sons, et, ne pouvant le posséder, veut au moins le reproduire en entier. C’est un lendemain de bataille ; cosaques et titans sont couchés ; il reste un Tyrtée magnifique qui chante où d’autres ont péri. C’est une sorte d’orgie livresque, du militarisme transposé. Et, sans doute, des divinations traversent ce chaos aveuglant ; il y a des pressentiments du cœur qui vont plus loin que les formules ; le murmure profond des foules modernes élève, çà et là, son hymne confus, cantique vagissant et troublé de la démocratie naissante. Je note, dans la chambre mortuaire, ces mots écrits, à la plume d'oie, ultime testament du vieux Mage : "Je représente un parti qui n'existe pas encore, celui de la Révolution-Civilisation. Ce parti fera le vingtième siècle. Il en sortira d’abord les Etats-Unis d Europe, ensuite les Etats-Unis dit monde." Nous comprenons cela à notre manière. Mais cela est encore d'un sens pour nous. Mes deux ouvriers l’entendirent, et hochèrent la tête en se regardant. Il y a là, je le répète, un instinct qui va plus loin que la pensée. Tout de même, et vue à vol d’oiseau, cette œuvre est une cathédrale gothique, grouillante de formes disparues, où sonnent à toute volée les cloches du divin passé... 



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MEUBLE DE VICTOR HUGO GUERNESEY
PAYS BASQUE D'ANTAN

Oui, des livres balbutiants et secs, mais où s’énonce l’Avenir, nous touchent désormais davantage que ces rythmes de nos vingt ans. Oui, s'il nous prend fantaisie encore de chercher l’Homme dans des écritures, nous songerons, non pas à Hugo, mais à Tolstoï, à Ibsen, à Balzac. Et pourtant la maison d’Hugo, plus que n'importe laquelle sans doute d’entre ses rivales de gloire, suggère une leçon imprévue, d'un sens à peine déchiffré. Je veux parler des travaux manuels, récréations du poète après ses longues matinées, pendant les heures vides d’exil de Marine Terrace ou d'Hauteville-House. Meubles, décorations, eaux-fortes, peintures et dessins à l'entre encadrés de ses propres mains, on sait qu'en tout genre de labeur il excellait et se passionnait. Le résultat, pour nos yeux profanes, est en effet stupéfiant. Le plus grand des lyriques modernes fut en même temps un ouvrier, menuisier, charron ou graveur ni plus ni moins qu’un William Morris. Indication admirable ! En un temps où s’efface de plus en plus la démarcation factice entre la chose belle et la chose utile, où chaque métier aspire à reprendre son ancienne valeur esthétique, où la notion sociale de l’Art de vient de plus en plus intime, professionnelle et universelle, où l’on entrevoit un accord possible, grâce à la machinerie domptée, entre la matière et l’esprit, ces facultés techniques d’Hugo sont un précieux témoignage. Elles affirment la parenté de la création la plus humble, de l'objet que la main modèle, avec les constructions abstraites les plus rares de la pensée. Par elles, bien à son insu, plus que par le sonore credo de ses liturgies messianiques, Hugo a frayé une route vers des perspectives futures, et, de toute sa stature d'athlète, a émergé hors de son temps. C’est sur cette impression, la plus haute, qu'il convient de quitter sa demeure. Elle se résume en quatre mots : unité du labeur humain." 





(Source : http://www.bilketa.eus)



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