LE CHÂTEAU DE RUTHIE À AUSSURUCQ.
Le château de Ruthie, situé sur la commune d'Aussurucq, en Soule, a été construit à différentes époques, depuis le 11ème siècle jusqu'au 18ème siècle.
Il a été classé monument historique en avril 1925.
Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée basque n°10 en 1935 :
"Château de Ruthie à Aussurucq.
Dans un des endroits les plus reculés du Pays Basque, au pied du massif et de la forêt de la Tigra, le village d'Aussurucq n'est guère connu que des indigènes et de quelques baigneurs qui la traversent pour se rendre au bains d'Ahusqui. Il n'en a pas toujours été ainsi, car ce modeste pays était jadis la résidence d'un des féodaux les plus puissants du pays de Soule, le seigneur de Ruthie dont on peut voir encore le château auprès de l'église et demeure actuelle du curé de l'endroit.
Le premier qui ait laissé des traces dans l'histoire est mentionné à l'occasion des événements dont il a été question dans l'article relatif aux Charritte. On trouve un Ruthie parmi les gentilshommes désignés pour faire un pèlerinage outre-mer en expiation des crimes du vicomte de Soule, Auger de Miramont en 1256. Puis c'est pendant deux siècles l'obscurité la plus complète et il faut arriver vers 1450 pour en trouver de nouvelles traces.
Ils sont alors représentés par une fille nommée Marie, qui épouse noble André de Suhare, seigneur de la salle et gentillesse de Cazenave de Suhare, localité située dans le canton actuel de Tardets.
Leur fils, Menauton, nouveau seigneur de Ruthie, hérita par sa femme d'une grosse situation dans le pays. Le seigneur de Ruthie, en effet, quelle que fut son origine, était de droit un des douze potestats et juge à la cour de Licharre, c'est-à-dire un des personnages influents du pays de Soule. Son frère, de l'ordre des moines-chevaliers de Rhodes, fut nommé en 1469 commandeur de la commanderie d'Irrissarry, un des établissements religieux les plus importants de la Basse-Navarre.
La prospérité de la maison de Ruthie atteignit son apogée au 16ème siècle. Pierre, petit-fils de Menauton, désigné souvent sous le nom de Peyrot, après avoir bataillé pour le roi de France Louis XII, arriva aux plus grandes dignités.
CHÂTEAU DE RUTHIE A AUSSURUCQ PAYS BASQUE D'ANTAN |
En 1506, il était conseiller du roi, gentilhomme de la chambre, premier écuyer de la petite écurie, lieutenant de la vénerie. En 1527, le roi pourvut des charges de capitaine-châtelain du pays de Soule, capitaine du château-neuf de Bayonne et de ceux de Tombelaine et de Saint-Germain-en-Laye, capitaine des forêts de Livry, Bondy, Crécy-en-Brie et Saint-Germain-en-Laye. Il passa la plus grande partie de son temps hors du pays, mais il ne s'en désintéressa pas ; il en revint souvent et construisit la partie ancienne du château.
Pierre ne réserva pas pour lui seul les faveurs royales ; il en fit bénéficier deux neveux, Bernard de Ruthie et Jean de Tardets.
Messire Bernard devint conseiller et aumônier du roi et plus tard, en 1552, grand aumônier de France.
Jean de Tardets était le fils de Marguerite de Ruthie, soeur de Pierre, mariée au seigneur de Tardets. Il était héritier de son oncle, qui n'avait pas attendu ses derniers moments pour s'intéresser à lui. A peine arrivé à la cour, en 1531, il avait été nommé gentilhomme de la vénerie, puis, en 1534, gentilhomme de la chambre et enfin, en 1549, capitaine-châtelain de Mauléon. Du reste il sut gagner dans ces divers emplois la confiance du roi de France, qui le chargea de plusieurs missions dont une ambassade en Allemagne en 1534.
Jean ne fut pas seulement un diplomate, mais un valeureux guerrier et il donna, en maintes circonstances, des preuves de sa valeur. Voici une anecdote parvenue jusqu'à nous.
En 1546, il faisait partie d'une expédition en Guipuzcoa, et au cours d'une reconnaissance, il tomba dans une embuscade. Quand il s'en aperçut, il mit sans hésiter sa lance en arrêt et chargea un Espagnol, le chirurgien Lope de Primant ; mais des branches d'arbre ayant fait dévier le coup, le chirurgien lui fit une grande estafilade à la jambe de sorte qu'il tomba de cheval et resta aux mains de l'ennemi. Conduit à Irun, il dut payer une forte rançon pour prix de sa liberté.
Jean mourut peu après et laissa un fils, Tristan, qui lui succéda et accrut encore la postérité de la maison. Son oncle avait acquis de grands biens, dont la seigneurie de Cheverny dans le bailliage de Blois. Il en avait laissé la jouissance à son neveu Bernard, à la condition qu'à la mort de ce dernier ces biens revinssent à Jean de Tardets ou à son fils, Bernard, pour n'avoir pas exécuté à la lettre les conditions fixées par son oncle, n'en usa pas moins d'une combinaison toute à l'avantage de son neveu Tristan.
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