EXERICES ET AMUSEMENTS DES BASQUES EN 1817.
En 1817, les distractions sont plutôt rares au Pays Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Mercure de France, le 17 mai 1817, sous la plume de
l'Ermite de la Guyanne :
"Exercices et amusements des Basques.
Hac celebrata tenus sancto certamina patri. (Virg., Enéide).
(Ils conservent ces jeux qui leur viennent de leurs ancêtres.)
Pour visiter les communes du Labour qui me restaient à connaître, nous descendîmes la Nive. Cette rivière, qui prend sa source au-dessus de Roncevaux, et coule entre les chaînons des Pyrénées, n’est qu’un torrent jusqu’à Cambo et depuis-là même, ces eaux, qui ne sont ni encaissées, ni contenues, embellissent le paysage beaucoup plus qu’elles n’enrichissent le pays. Pour les refouler vers les nasses des moulins, on ne laisse, de distance en distance, à la navigation, que des courants dangereux à descendre et très pénibles à remonter. Les bateaux qu’on appelle chalans, ne peuvent contenir que très peu de marchandises. Il serait digne de la bienfaisance d’un gouvernement éclairé de faire examiner cette rivière par d’habiles ingénieurs ; ils trouveraient probablement les moyens d’en agrandir la navigation, et ce serait un véritable service à rendre à ce département, à la France et même à l’Espagne.
Cambo, situé au plus grand évasement de la vallée, s’étend partie sur une hauteur très élevée au-dessus du niveau de la Nive, et partie sur le bord même de cette rivière. Ailleurs, la distinction de Haut et Bas-Cambo pourrait être un sujet de haine et de division entre les habitants ; mais ces pauvretés ne sont point connues ici. Les Basques sont tous également fiers de leur nom et de leur pays ; cette égalité d’orgueil national les maintient en paix.
Des eaux minérales, moins renommées et tout aussi bonnes que celles de Bagnères et de Barège, attirent à Cambo, vers la fin de l’été, un assez grand nombre de malades qui viennent y chercher la santé, et de gens bien portants qui viennent y chercher plaisir : ce concours y multiplie naturellement les parties de chasse, les parties de paume et les danses dont je ne puis me dispenser de parler avec quelques détails : c’est surtout dans leurs jeux qu'il faut étudier les mœurs de ces montagnards : le plaisir ajoute singulièrement à la physionomie du peuple basque.
L’ardeur des Basques pour la chasse aux palombes égale presque leur amour pour la paume et pour la danse : c’est en automne que cette chasse commence ; je ne serai pas ici pour y assister, mais j’interroge M. Destère ; il me répond, et j’ai les objets absents sous les yeux.
Il y a deux espèces de chasse aux palombes, la petite qui se fait dans les vallées, et la grande dans les montagnes. Pour la première, le chasseur principal se construit, au faîte d’un arbre, une cabane en feuillage ; il s’y loge, muni d’un fusil et d'une palombe aveugle, qu’il attache en dehors avec un fil assez long pour permettre a l’oiseau de voltiger a quelque distance de la cabane : d'autres chasseurs vont se cacher dans les broussailles : au cri de l’appeau, que le chasseur d’en haut provoque, en lui faisant sentir le lien qui l'arrête, les compagnies de palombes, qui se trouvent dans le voisinage, accourent et s’offrent d’elles mêmes au plomb qui les atteint de toutes parts.
La grande chasse exige des préparatifs et des dépenses considérables, qui se partagent d’ordinaire entre les propriétaires réunis pour cette chasse. Tous les arbres élevés de la montagne où l'on se rassemble, se couvrent de cabanes et de chasseurs, sans autre arme qu'une espèce de crécelle. Les palombes aveugles font d'abord leur office : leurs voix attirent en foule leurs compagnes : au même instant les chasseurs d’en haut lancent, au milieu d'elles, un épervier de bois, et font résonner les crécelles ; à cette vue, à ce bruit, les essaims de palombes effrayées s’abattent sur de vastes filets tendus sur les arbres d'une colline à l’autre ; on en prend ainsi plusieurs centaines d’un seul coup : ce serait un tableau charmant à faire que celui d’une partie de chasse aux palombes ; mais le temps me presse, et des fêtes, plus locales encore, attirent mon attention et mes regards.
FILETS DES PALOMBIERES SARE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le jeu de paume est ici une véritable fureur : on en connaît de deux sortes : le rabot et la longue ; le premier, qui n'a que le second rang, se joue sur de petites places, avec une balle dure lancée contre une muraille ; il ne diffère, que par certaines conventions, du jeu de balle que l'on joue en France dans la plupart des collèges : il a cela de particulier, cependant, que dans ce pays, il y semble réservé aux enfants qui touchent à l'adolescence, et aux hommes âgés qui touchent à la vieillesse : ils y jouent assez communément les uns contre les autres, et presque toujours la partie est égale, car les uns n’ayant pas encore acquis toutes leurs forces, et les autres n’ayant pas perdu toutes les leurs, ils se trouvent à une égale distance de leur plus grand développement ; au commencement de cette lutte, entre quinze ans et soixante, soixante a d'abord l'avantage, mais plus souvent quinze gagne la partie : cela s’explique ; la fatigue d'un exercice violent qui épuise les forces du vieillard qui finit, ne fait qu’accroître celles de l’enfant qui commence.
JEU DE PAUME ST-JEAN-DE-LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
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