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dimanche 25 juillet 2021

LES CHAPELLES DE SARE-SARA EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (deuxième partie)

 

LES CHAPELLES DE SARE AUTREFOIS.


Le village de Sare est, dans la province du Labourd, l'un des plus riches en édifices religieux.




CHAPELLE ST ISIDORE ET PONT ECHETCHIPI SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée basque n°12, en 1936, sous la plume de 

Philippe Veyrin et P Garmendia :



"...Le site choisi pour l'érection des chapelles ne semble pas avoir été indifférent aux fondateurs. Ce ne doit pas être un pur hasard si tel oratoire se dresse juste à l'orée d'un petit pont, tel autre au sommet d'un col sur la ligne de partage des eaux, presque tous à proximité d'une croisée de chemins, aux points les mieux en évidence des lieux de passage les plus fréquentés.



Par contre, l'orientation de ces menues bâtisses varie du tout au tout. Si aucune ne s'ouvre franchement à l'Ouest, toutes les autres expositions, y compris le plein Nord (Saint François-Xavier) sont représentées. Cela contraste avec les habitations de Sare, dont la façade regarde presque invariablement au Levant.



Sous réserve des variables d'exécution que nous relèverons pour chacune d'elles, s'il y a lieu, l'architecture de ces dix chapelles votives est identique et reproduit en miniature les traits généraux et les proportions de la maison labourdine.



Nul clocheton ne surmonte la couverture à double pente peu inclinée dont l'arête est perpendiculaire à la modeste façade ; seule une pauvre croix en fer ou de bois couronne l'angle obtus du pignon.



L'avant-toit, assez profond, abrite amplement le seuil, auprès duquel un bénitier rudimentaire est encastré dans la muraille. Parfois, les murs latéraux débordent largement de part et d'autre de l'entrée, formant avec la toiture une sorte de porche rustique. La porte centrale à double battant est ajourée par le haut. Plus souvent d'une seule pièce, elle s'encadre alors de deux baies rectangulaires verticalement closes de barreaux en bois dont les intervalles laissent voir l'autel.



CHAPELLE SARE 1959
PAYS BASQUE D'ANTAN



L'intérieur des oratoires mesure en moyenne deux mètres de largeur sur trois de profondeur.



Entre le sol un  peu surélevé, rudement pavé de pierres loses, et le plafond de bois peint, presque toujours fort bas, les murs singulièrement massifs sont, dedans comme dehors, badigeonnés de chaux blanche. Ils verdissent facilement sous l'influence des brumes matinales qui, s'élevant de cent ruisseaux d'eaux vives, ouatent en toute saison la vallée de Sare. Cette humidité dégrade souvent des édifices où elle a toute facilité pour pénétrer et stagner ; c'est à elle sans doute - peut-être aussi aux ravages révolutionnaires - qu'il faut attribuer la pénurie de nos oratoires en objets anciens. Les statues, le mobilier et l'ornementation de l'autel sont presque toujours sommaires et sans valeur. Mais leur assemblage revêt parfois un caractère assez hétéroclite qui, par sa naïveté même, ne laisse pas d'être touchant.



Deux coutumes populaires, dont l'une est déjà quasi éteinte, sont en corrélation avec l'aspect matériel de ces chapelles :


Naguère encore, on plantait pour la Saint-Jean une branche d'aubépine sur le faîte de chaque oratoire. Ce poétique rameau éloignait, dit-on, la foudre céleste. Mais il attira par ailleurs, - on ne sait vraiment pourquoi, - les foudres du curé Fortabat, qui réussit trop bien à faire tomber en désuétude cet innocent usage.



On remarque presque toujours sur le sol des chapelles un semis plus ou moins abondant de piécettes, jetées là par les fidèles, et qui servent à l'entretien du sanctuaire. Il paraît que la majeure partie de ces oboles sont offertes particulièrement en vue d'obtenir la guérison du saindu-mina, autrement dit la gourme des petits enfants.



...Les cérémonies du culte catholique auxquelles sont associées les dix chapelles votives, se bornent aux visites qui leur sont faites au cours de quatre processions annuelles. A ces occasions, les humbles sanctuaires font naturellement un brin de toilette. On reblanchit les murs. Jeunes filles et "mutchurdinak" de chaque quartier rivalisent de zèle pour parer de cierges et de fleurs la pieuse maisonnette. Ce jour de gloire passé, la solitude, le silence, un demi-abandon recouvrent leur empire pour un an.



Voici l'itinéraire de ces pèlerinages dont les parcours assez longs ne rebutent point - au contraire, - la foi des Saratars ; 



Le jour de Saint-Marc (25 avril) une procession descend par la côte de Lehetchipia et stoppe un instant devant Saint-Isidore ; ensuite elle s'arrête à Saint-Pierre (Gapelugorria) ; monte le sentier qui va à Lehenbiscay, et, dépassant Bechienea, fait une nouvelle pause à la chapelle Saint-Jean-Baptiste. Continuant son trajet, elle atteint Saint-François-Xavier, point extrême de sa course. De cette dernière, elle revient par Ibarsoroa et devant Argainea, abandonne la grand'route pour aller à Saint-Antoine. A partir de là, elle poursuit son chemin par Altzuartea et reprend la grand'route pour rentrer au bourg.



Les processions suivantes ont lieu au mois de mai, pour les Rogations :



Le premier jour, la procession se rend à Saint-Ignace, par la grand'route au flanc de la Rhune, prend sur l'autre versant de la vallée le chemin d'Ortholopitz-gainea, et revient après une pause à Sainte-Croix d'Elsospea.



Le deuxième jour la procession sort du village par la grand'route et quitte celle-ci après le pont de Porthua pour atteindre Sainte-Catherine par Eyhalar. Le retour s'effectue par la route nationale qu'on abandonne à nouveau près de Portua pour remonter au bourg par la côte de Placida, après un arrêt à la chapelle de la Mère de Dieu (Ihartzebeheria).



Le troisième jour la procession se dirige vers les Trois Croix (ou plutôt la seule qui reste) en passant par Hauziartzea et Ihartzebehereko borda. Les pèlerins font halte près de cette dernière maison pour déjeuner et accomplir leurs dévotions à la chapelle de Notre-Dame du Bon Secours (Ihartzebehereko bordako kapera). En revenant, ils s'arrêtent une dernière fois à Istillart, devant la chapelle de Saint-Nicolas.



L'ancienneté de ces divers pèlerinages n'est pas douteuse. Dans un mémoire manuscrit de la fin du 17ème siècle, un projet de tarif ecclésiastique mentionne parmi les usages habituels de Sare "chaque procession qu'on fait par les six cartiers de la paroisse". Les frais en étaient payés d'office par la communauté, contrairement à d'autres processions, comme celles de la Rhune et d'Olhaïn, qui étaient financées "des deniers que les claviers desd. lieux amassent en leur plat par l'Eglise". Ces processions de quartier avaient ainsi, semble-t-il, mieux que les autres le caractère d'institutions civiques, quasi officielles et immuables : cela se comprend puisque leur but était - et demeure - d'appeler la protection divine successivement sur toutes les parties du territoire communal.



Sur les traces de ces dévots cortèges qui, dans le jour naissant des matinées de printemps se déroulent lentement à travers la campagne basque, visitons à notre tour ces chapelles-reposoirs , afin de mieux décrire leurs visages ingénus et de recueillir, devant qu'ils ne s'effacent, les souvenirs qui sont liés à leurs murs vénérables."



A suivre...



















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