LA SAINTE CATHERINE.
La fête de la Sainte-Catherine se célèbre le 25 novembre de chaque année depuis le 10ème siècle et commémore le martyre de Catherine d'Alexandrie.
Voici ce que rapporta à ce sujet Le Petit Journal, le 26 novembre 1905 :
"Sainte Catherine.
C'est le 25 Novembre qu'on célèbre la fête de cette sainte. A cette occasion, les jeunes filles âgées de vingt-cinq ans vont s'entendre dire qu'elles coiffent sainte Catherine.
Quelle est cette légendaire coiffure ?
D'où vient que, coiffer sainte Catherine, est compris comme synonyme de rester vieille fille ?
On en trouve l'explication dans deux coutumes encore conservées dans certaines de nos provinces.
La première de ces coutumes est celle-ci.
Quand arrive le jour de ses noces, la jeune fille confie à sa plus intime amie le soin de lui poser sur les cheveux la couronne de fleurs d'oranger. Cela, paraît-il, porte bonheur à celle qui prend cette peine, et l'année ne s'écoule pas sans qu'elle ait été épousée.
Or, non seulement sainte Catherine est morte, mais elle est morte vierge. Donc, si les jeunes filles attendent de "coiffer sainte Catherine" pour être conduites à l'autel, elles sont sûres que ce bonheur ne leur arrivera jamais. Les vieilles filles ont dû faire un tel vœu...
25 NOVEMBRE SAINTE CATHERINE |
Un autre usage fournit une autre explication, plus simple et plus vraisemblable. Lorsque approche le 25 Novembre, les jeunes filles, dans quelques régions, se rendent à l'église, apportent les tristes fleurs de la saison et s'emploient à parer de leur mieux le front de la sainte. Elles seules sont chargées de ce soin pieux qu'elles abandonneront une fois mariées. Aussi dit ou par ironie, de celles qui n'ont pas rencontré l'objet de leurs rêves, qu'elles demeurent pour coiffer sainte Catherine, ou plutôt sa statue.
La légende de sainte Catherine est une des plus belles qui soient. On y voit vivre et s'agiter tout un monde encore barbare : des échafauds sont sans cesse dressés ; l'air est empuanti par l'âcre odeur des bûchers, et, au milieu de toutes ces abominations, passe, blonde et pure, la figure extasiée de la sainte.
Catherine naquit à Alexandrie, vers la fin du deuxième siècle. Elle était de sang royal et la plus accomplie princesse qui se pût voir. Très belle, elle voulut aussi être très instruite, et fut docte en rhétorique.
Les étudiants, du reste, l'ont longtemps considérée comme leur patronne, et on la tenait en tel honneur que le 25 Novembre fut compté au nombre des fêtes chômées. Un jour, Catherine entendit prêcher le christianisme. Elle s'y convertit et on la baptisa.
25 NOVEMBRE SAINTE CATHERINE |
De ce moment là commencent sa gloire et ses malheurs. La nuit qui suivit son baptême, Jésus lui apparut et vint vers elle, portant à son doigt un anneau d'or qui brillait. Il le quitta et le passa à l'annulaire de Catherine. Au réveil en se rap pelant son rêve, elle se persuada que Dieu l'avait choisie pour fiancée, et elle refusa la main de tous les princes qui vinrent la demander en mariage.
Mais Catherine voulut faire du prosélytisme. Or, en ce temps-là, on n'était pas doux pour ceux que l'on considérait comme des agitateurs. Maximin gouvernait alors la Syrie et l'Egypte. Un jour qu'il offrait aux dieux un sacrifice solennel, Catherine eut la témérité de déclarer en public, et devant lui, sa nouvelle foi.
La colère de Maximin fut grande. Il réunît cinquante savants pour interroger et confondre la jeune fille ; mais elle sut se défendre avec tant d'énergie, que non seulement les cinquante savants restèrent interdits, mais se convertirent eux aussi.
La colère de Maximin se changea en fureur. Tout le monde fut condamné à être brûlé vif ! On entassa des fagots - Dieu sait s'il devait en falloir pour une pareille exécution ! - et on y mit le feu. Pourtant, quand on vint pour recueillir les cendres de ces cinquante hommes, on trouva leurs corps intacts et nullement noircis par les flammes.
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Il y avait de quoi stupéfier le pauvre Maximin. Une seule ressource lui restait : s'emparer de Catherine, qui lui causait tous ces tracas, et la faire disparaître.
On commença par la battre de verges, puis on la jeta dans une basse-fosse. Elle y serait morte de faim, ainsi que Maximin l'espérait, si des colombes, portant dans leurs becs des rameaux d'olivier et des régimes de dattes, n'étaient venues la secourir.
Cette histoire fit du bruit. L'impératrice Faustine, curieuse comme toutes les femmes, voulut voir la princesse persécutée. Elle se fit accompagner, on ne sait pas trop pourquoi à la vérité, de deux cents soldats et d'un certain Porphyre. Tous entrèrent païens, dans la prison ; tous en sortirent convertis.
C'était le quatrième jour que la malheureuse Catherine était incarcérée. Maximin, épouvanté de ce qu'elle fût encore en vie, fit construire une effroyable machine, armée de lames tranchantes, de clous, d'échardes de bois et semblable à une étroite armoire.
25 NOVEMBRE SAINTE CATHERINE |
On tenta d'y enfermer la sainte pour qu'elle fût déchirée entre les parois. Mais les portes, au lieu de se refermer, se brisèrent ; leurs éclats volèrent au loin et allèrent même blesser des assistants.
C'en était trop ! Il fallait en finir, et au plus vite. On se contenterait de trancher tout simplement la tête à la jeune princesse, sans essayer de la faire davantage souffrir ; la reine Faustine et les deux cents soldats partageraient son sort.
Il n'y allait pas de main morte, Maximin ! Voit-on deux cents têtes roulant les unes à côté des autres ? La légende ne s'embarrasse pas dans ces détails, et elle continue de rapporter que, lorsque les corps furent étendus Sur le sol, on vit jaillir du cou de Catherine, non du sang, mais du lait.
Des anges descendirent aussitôt du ciel, s'emparèrent des restes de la martyre et les déposèrent sur le mont Sinaï, où ils furent enterrés.
25 NOVEMBRE SAINTE CATHERINE |
Voilà donc ce que la légende nous fait connaître de la vie de sainte Catherine. L'histoire nous la montre seulement comme une princesse très belle et très savante. Nous savons encore que son tombeau devint un lieu de pèlerinage très renommé. Si renommé que, plus tard, en 1603, fut institué l'ordre militaire de Sainte-Catherine, afin de défendre ce tombeau contre les infidèles. Les chevaliers qui le composaient s'astreignaient à une obligation plutôt bizarre : ils ne prononçaient point le vœu de célibat, mais promettaient d'observer la chasteté dans le mariage. Ils portaient une croix faite d'une roue "percée de six raix de geule cloés d'argent".
Sainte Catherine a inspiré nombre de chefs-d'œuvre. Il n'est guère de musées qui ne possèdent quelque représentation de son martyre ou de son mariage mystique. Généralement, les peintres ont montré Catherine à genoux, en costume de dominicaine, tendant les mains en avant et recevant les stigmates.
Par contre, la sainte a inspiré peu de Mystères au moyen âge.
Cependant, en Espagne, où l'on croit encore qu'elle a été professeur à l'Université d'Alcala, on joua jadis une comédie qui avait pour titre : Sainte Catherine, docteur. Son rôle n'était, du reste, point ingrat. Elle vainquait le démon, habillé de la robe noire du procureur, et dont on ne voyait que la longue queue, et lui prouvait l'immortalité de l'âme...
La liste des reines qui ont porté le nom de Catherine est longue. Tous les pays, je crois, peuvent en compter une. Les plus célèbres furent Catherine de Suède, qui vécut vers l'an 1300 ; Catherine de Courtenay-Valois, une Française qui devint impératrice de Constantinople ; Catherine de France, cette fille de Charles VI qui épousa Henri V, roi d'Angleterre ; Catherine de Médicis, impopularisée par Dumas ; Catherine II de Russie, l'impératrice philosophe, amie de Voltaire et des encyclopédistes.
On voit que les femmes qui ont reçu le prénom de Catherine ont de qui tenir. Mais est-ce une opinion personnelle ? il ne semble point que ce soit un nom de femme jeune. On imagine plutôt qu'il doit être porté par une personne douce et calme, très raisonnable, très digne et très bonne.
Il est vrai que l'on ne conçoit guère les choses et les gens que d'après des souvenirs. La personne que je connais et qu'on appelle ainsi est telle que je viens de dire ; c'est assez pour que, malgré moi, je me figure que toutes les Catherine lui ressemblent. Cette Catherine-là avait coiffé sainte Catherine quand elle s'est mariée, ce qui ne l'empêche pas d'être, aujourd'hui, mère, et grand'mère, et d'être adorée de tout le monde.
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