"L'EUSKARIE".
On trouve, de temps en temps, dans la littérature le terme "Euskarie" pour désigner le territoire des Basques.
Voici ce que rapporta le journal Les Langues néo-latines, dans son édition du 1 janvier 1939 :
"Discours d'usage prononcé par M. G. Dambielle à la distribution des prix au Collège de
Moissac le 13 juillet 1938 :
...Le Basque aime le plaisir et le mouvement. Il fera vingt lieues et marchera toute la nuit pour voir une procession, assister à une représentation théâtrale ou simplement à une partie de pelote.
PARTIE DE PELOTE BASQUE 1904 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce jeu est un sport essentiellement basque ; il exige de la force, de l’agilité et surtout de l’adresse. On le pratique, soit en plein air, sur une immense place avec fronton — et c’est alors le jeu "à chistéra", dont le champion professionnel est le célèbre Chiquito de Cambo — soit dans un vaste hall, rectangulaire et cimenté, appelé "trinquet", avec fronton couvert, "tambour" ou plans inclinés sur les côtés, "filets" sous le "tambour" et trou ou "chilo". C’est le véritable jeu "à mains nues", c’est-à-dire sans "chistéra" ou "gant". Au pays Basque, on trouve des frontons partout, même dans les hameaux les plus reculés. Les "trinquets" sont plus rares ; il n’y en a guère que dans les villes. C’est là qu’ont lieu les grandes parties entre champions ou professionnels et les paris ne constituent pas le moindre attrait de ces réunions sportives. Elles offrent même un intermède de choix : le "compteur-arbitre" qui "chante" les points et souligne les beaux coups d’un petit couplet improvisé. Car, chez les Basques tout spectacle comporte du chant et de la musique.
FERDINAND LE COMPTEUR-ARBITRE PELOTE BASQUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La musique Euskarienne offre peu de particularités et son histoire est mal connue. Plus poètes que musiciens, les Basques improvisent, comme les anciens troubadours, avec facilité, esprit et sentiment, et ils encadrent leur improvisation dans le rythme d’un motif musical quelconque, conserve dans leur mémoire. Il leur arrive même de placer les paroles de leurs compositions sur des airs connus, dont ils ne se souviennent qu’à moitié ou qu’ils reproduisent de travers : on chantera, par exemple, un poème patriotique sur l’air d’un cantique dont on déformera le rythme ; ou bien, on clamera solennellement, après boire, des vers graves et mélancoliques, sur le motif d’une ritournelle de ce genre : "Tu t’en vas et moi je reste, adieu pauvre Carnaval !..." Faut-il conclure que la musique populaire basque n’existe pas ? Ce serait une grave erreur, puisque bon nombre de mélodies, principalement Souletines, sont empreintes d’un sentiment réel, qu’elles ne doivent pas seulement aux paroles. Mais on peut affirmer que cette musique n’est soumise à aucune règle fixe, qu’elle est, au contraire, libre de toute méthode et que les chants populaires basques se distinguent par la simplicité du motif, la lenteur du rythme et l’absence des chœurs. Ces chants, recueillis grâce à la mémoire des chanteurs, jeunes et vieux, forment une collection de mélodies dont il convient de souligner le charme mélancolique ci persistant. Les amateurs de musique régionale ont si bien apprécié les airs populaires Euskariens qu’il ne se donne une seule fête, dans les Pyrénées ou les régions voisines, sans chants et danses basques.
BERTSULARIS MONDRAGON 1896 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ces danses, quoique variées, présentent un caractère de gravité qui les apparente et elles sont honorées dans tout "l’Eskual-Herria". Chaque province a les siennes : "l’Aurrezku" et le "Zortziko" au delà des Pyrénées, le "Mutchiko", le "Laphutar" et le "Chibandiar" en deçà. Mais c’est la Soule qui possède les plus anciennes et les plus réputées : la "gavotte", "la danse du verre", des "satans", des "épées", etc... et tous les ans, à Carnaval, une "mascarade" est organisée dans les cantons de Mauléon et de Tardets. Chaque village reçoit sa visite, à jour fixe, et cette traditionnelle exhibition constitue, pour les Souletins, la manifestation la plus importante de l’année. Les personnages de la "mascarade" portent des tuniques écarlates, chamarrées d’or et d’argent, des culottes courtes, des bas blancs, et, sur la tête un casque monumental ou un béret rouge avec des galons et des pompons.
MASCARADE TARDETS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Chacun d’eux représente un métier, très ancien ou rappelle une vieille coutume. Les plus curieuses figures de ce cortège symbolique et bariolé sont : "le chat", avec ses ciseaux de bois, articulés ; "le chevalet" à casque rond, fait de plumes et de miroirs, avec son petit cheval de bois et de dentelles ; "la cantinière", avec sa robe plissée, son chapeau à rubans tricolores et son petit baril en bandoulière; "les satans", gantés de blanc ; "les hongreurs", qui brandissent leurs "makilas" ; "les bohémiens" qui tirent des coups de fusil ; enfin, "le préfet", en gibus et redingote, qui donne le bras à la mariée, tout en blanc. Après le défilé, chaque danseur exécute, au son du tambour à cordes et de la flûte en bois, ou "chiroule", la danse qui correspond à son rôle et le public, toujours nombreux, ne se lasse pas d’admirer ces pas compliqués, ces savants entrechats, ces brusques virevoltes, exécutés en cadence, avec une précision et une aisance dignes de professionnels. Certains danseurs basques sont d’ailleurs des professionnels, puisqu’ils participent à toutes les grandes fêtes régionalistes, vont jusqu’à Paris et touchent des cachets assez élevés.
PASTORALE TARDETS 1908 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Dans la région de Saint-Jean-de-Luz, plus voisine de l’Espagne, on danse le "Fandango" et "l’Arin-Arin" ; les musiciens, en culottes blanches et bérets rouges, soufflent vigoureusement dans leurs instruments et leur musique entraînante est rythmée par le tambour de basque cl les castagnettes.
DANSE FANDANGO PAYS BASQUE D'ANTAN |
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