LE CHANTEUR FERDINAND EN 1911.
Ferdinand était un célèbre compteur de point, lors des parties de pelote, annonçant le score et chantant les points en Basque.
CHANTEUR FERDINAND PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta le journal Comoedia, dans son édition du 8 juillet 1911 :
"Le chanteur Ferdinand.
Connaissez-vous Ferdinand ?
Aussi populaire que Dranem et Mayol, Ferdinand est doué d'un organe éclatant de baryton-ténor, lyrico-comique, souple à la déclamation et à la tyrolienne ; son succès est colossal à Biarritz et à Neuilly. Il est aussi connu à Cambo que M. Rostand. Ferdinand fait la joie des foules, les délices des connaisseurs ; demandez plutôt à M. Fournets, terrible Méphisto, et à M. Cooper des Variétés qui ne manquent guère une de ses auditions et ne lui ménagent point leurs applaudissements.
Ferdinand s'élance sur le plateau, agile ; pesamment calé sur deux jambes épaisses, le geste large, la poitrine bombée, il ouvre la bouche et aussitôt toutes les physionomies s'illuminent en gaieté ; son regard vif et malicieux embrasse son public, il chante, il module et son rythme provoque l'ensemble des refrains.
Ferdinand est l'interprète favori des chansons basques. Ses plateaux sont les canchas, de Biarritz à Saint-James. Il est le successeur de ces cantabri (bons chanteurs) tant appréciés par les Romains au pays basque et porte la noble allure de nos compatriotes d'en bas.
CHANTEUR FERDINAND PAYS BASQUE D'ANTAN |
— C'est moi, nous dit-il glorieusement, qui le premier eus l'idée d'acclimater la chanson basque sur les terrains réservés au jeu de pelote. L'élégance, la vivacité, l'adresse qui constituent la beauté de notre réjouissance nationale s'allient merveilleusement à la chanson de notre pays. Je chante ainsi la prouesse des virtuoses, la cortada bien ménagée ; comme Tyrtée j'exalte l'ardeur des pelotaris ; mes intermèdes leur ménagent un repos bien mérité, — calme l'excès de leurs effervescences, répand la gaieté qui préside à nos plaisirs favoris.
"Mon innovation, très bien accueillie au pays basque semble recueillir les suffrages des Parisiens ; c'est qu'à Paris comme chez nous, on n'est pas insensible à une pointe d'art partout où elle se manifeste. Je chante notre littérature d'une saveur si spéciale qui consiste en romances, chansons, en ballades transmises par la tradition. Vous devez savoir que là-bas tout le monde est poète, barde populaire; on danse le mouchico avec le tambourin au son du flageolet. Notre vieil ancêtre Aïtor qui échappa au déjuge avec quelques humains, rares comme les olives qui demeurent sur l'arbre après la récolte, nous légua ces trésors de l'instinct poétique."
Mais voici que des vivats éclatent, soulignant une fameuse déjada exécutée par Chiquito. Ferdinand se précipite dans l'arène. Il est vêtu de la chamarre noire ; son pantalon orné sur les côtés de petits nœuds, jette l'éclat de sa blancheur et la note gaie de la ceinture rouge ; les sandales brodées donnent à son allure une légèreté comique qui contraste avec l'embonpoint ; d'un geste noblement arrondi, il soulève le béret au gland d'or et laisse apparaître un crâne aussi luisant que celui de M. Caillaux et où glissent les rayons d'un soleil amusé.
Le calme renaît et Ferdinand, module sur une poésie de Pierre Loti :
Pilotac ohoré du Eskual Herrietan
Seren deu éderrèna yoko gussiètan
Eskualdunac gastetic pilota plazetan
Aguersen du badouen odolic Saynétan.
— Ce qui signifie à peu près : La pelote basque est un jeu du sol natal et pour jouer ce jeu, il faut être du pays et avoir du sang dans les veines. Et Ferdinand continue :
Kattalin tioukou tioukou
Kattalin Arina
Zombana Salzenduru dozena Sardina
Battian kokorico bersian churiko (bis).
sur un rythme entraînant qui provoque l'enthousiasme et une reprise en chœur par la foule en délire.
CHIQUITO DE CAMBO ET FERDINAND PAYS BASQUE D'ANTAN |
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