UNE COURSE AU PIED EN 1892.
A la fin des années 1900, des courses à pied de longue distance sont organisées au Pays Basque Nord.
COURSE LE PETIT JOURNAL AUX SABLES D'OLONNE |
Voici ce que rapporta Le Petit Journal, dans édition du 9 août 1892 :
"Une course à pied dans les Pyrénées.
Bayonne, 8 août matin.
Do tous les concours de marcheurs organisés sut les différents points de la France, à la suite de la fameuse course de Paris-Belfort, le plus intéressant est, sans nul doute, celui auquel j'ai assisté hier à Bayonne.
J'avais annoncé cette épreuve pour laquelle le Petit Journal offrait plusieurs médailles, et la nouvelle, aussitôt répandue, avait attiré au comité un très grand nombre d'engagements venus un peu de partout.
194 marcheurs se sont fait inscrire et 160 étaient présents au moment du départ. C'est un joli résultat. Depuis plusieurs jours cette course faisait ici, avec l'élection du conseiller général de Bayonne, l'objet de toutes les conversations, et je crois bien que dans les préoccupations du public la lutte des marcheurs l'emportait sur la lutte électorale.
Le départ était fixé à hier dimanche, à trois heures du matin, place d'Armes ; mais nombre de Bayonnais se sont abstenus de se coucher cette nuit-là. Dès deux heures, il y avait foule autour du théâtre, où se trouvait installé le contrôle.
CONTRÔLES COURSE LE PETIT JOURNAL AUX SABLES D'OLONNE |
Sur la place, et tout le long du parcours que devaient suivre les marcheurs, jusqu'à la sortie de la ville, les concurrents formaient un groupe pittoresque. Ici des Basques majestueux coiffés de leur béret et armés de leur bâton ; là des jeunes gens de Bayonne ou des environs revêtus des costumes les plus dissemblables, et enfin les inévitables hommes-vapeur, éclair, etc., costumés, en rouge, en vert, avec des fouets à la main et des grelots à la ceinture.
Qui est-ce qui gagnerait le prix ? Serait-ce un homme du pays ou un étranger à la région ? Telle était la question que chacun se posait dans le public. Au fond, tout le monde souhaitait que ce fût un Basque, et on le croyait fermement. Les Basques sont des marcheurs hors ligne; et je ne doute pas que sur un parcours de deux ou trois cents kilomètres la victoire ne leur serait restée. Mais la plupart d'entre eux ne courent pas, et dans le trajet de cent kilomètres, malgré l'aspérité de la route, les montées et la chaleur, c'est un coureur qui devait l'emporter.
Dès le début, en effet, la tête était prise par deux ou trois coureurs parmi lesquels Paillert, de Limoges, qui était arrivé premier à Château-Thierry, dans le concours Paris-Belfort. Il avait ensuite renoncé à la lutte. Ces coureurs de tête ont pris de suite une telle avance qu'ils se sont trouvés complètement séparés des autres concurrents et que les vélocipédistes chargés du contrôle avaient peine à les suivre, sur ces chemins très raides où on les voyait filer comme des lièvres.
LA COURSE DE MARATHON DU PETIT JOURNAL |
Charles Terront lui-même, le vainqueur de Paris-Brest qui m'accompagnait à bicyclette et dont le vigoureux jarret n'a jusqu'à présent pas trouvé de rival, était abasourdi par la rapidité avec laquelle ces gaillards escaladaient les rampes et galopaient aux descentes.
Les vingt kilomètres qui séparent Bayonne de Cambo étaient dévorés en un rien de temps. A ce moment, le soleil commençait à darder ses rayons d'une terrible façon, et l'on pouvait croire que ces enragés coureurs allaient se calmer. Mais point.
Après Cambo, charmante petite station thermale qu'arrose la Nive, nous arrivons à Espelette, situé dans une des parties les plus riantes du pays basque. Viennent ensuite Saint-Pée, où se jugea jadis un célèbre procès de sorcellerie qui se termina par l'autodafé d'un grand nombre de personnes convaincues de magie.
Voici Sare, où se trouvent , des grottes curieuses qui s'étendent, dit-on, jusqu'en Espagne ; le petit village d'Ascain ; Urrugne, non loin duquel est situé le château d'Urtubie, où Louis XI se rencontra, en 1462, avec les rois de Castille et d'Aragon.
CHÂTEAU D'URTUBIE URRUGNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Enfin, Béhobie, le village frontière près duquel est située l'île historique des Faisans, puis Hendaye.
A Hendaye, où l'on avait installé un contrôle, Paillert tenait la tête avec une forte avance sur les autres coureurs. Après un très léger repos il se remettait en route et vers onze heures il arrivait à Saint-Jean-de-Luz où on lui faisait un chaleureux accueil.
Saint-Jean-de-Luz est après Biarritz la plus élégante et la plus jolie station balnéaire du littoral pyrénéen. Le contrôle de la course avait été installé, -—excusez du peu ! — dans le château même où Louis XIV habita lorsqu'il vint épouser l'infante Marie-Thérèse après les longs pourparlers de Mazarin avec don Louis de Haro, premier ministre de Philippe IV.
MAISON DE L'INFANTE SAINT-JEAN-DE-LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN |
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