INTELLIGENCES AVEC L'ENNEMI À HENDAYE EN 1918.
Pendant la première guerre mondiale, il y eut de nombreux cas d'espionnage au Pays Basque, dont un des plus célèbres fut celui de Bolo Pacha.
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| CARTE SATIRIQUE ESPIONNAGE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Mais il y eut aussi des actes de "trahison" par des personnes moins célèbres et
condamnés comme tel.
Voici ce que rapporta La Petite Gironde, dans son édition du 26 février 1918 :
"Conseil de guerre (18e Région).
Présidence de M. le colonel Bonnefoy.
Intelligences avec l’Ennemi.
Lundi ont commencé, devant le conseil de guerre de Bordeaux, les débats d’une grave affaire concernant les nommés :
Athanase Echenique, 36 ans (sujet espagnol) ; Charles-Marie Aramberri, 28 ans (sujet espagnol) et Justin Gilgorry, 39 ans (Français), tous les trois agents en douanes à llendaye, prévenus, les deux premiers d’intelligences avec l'ennemi ; le troisième, de complicité d'intelligences avec l'ennemi.
Ces débats, qui en réalité concernent deux affaires n'ayant aucun rapport entre elles, dureront probablement deux jours, près de quarante témoins ayant été cités tant par le parquet que par la défense. Echenique est impliqué seul dans la première; Aramberri et Gilgorry dans la seconde.
Voici les faits :
Le 29 septembre 1916, une caisse portant, bien en évidence, la mention "faïence" était expédiée de Paris à l'adresse du sieur Echenique, agent en douanes à Hendaye, dont la femme fait le commerce des porcelaines. Cette caisse étant arrivée le 4 octobre à Hendaye. Echenique en prenait livraison le 9, et au même moment il était mis en état d’arrestation.
Que s’était-il passé ? Ceci : la police de la Sûreté, qui surveillait depuis longtemps Echenique, avait intercepté des lettres annonçant à l’agent en douanes l'envoi d’une caisse suspecte. On lui permit donc d’en prendre livraison, puis on l’arrêta et la caisse fut ouverte en sa présence.
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| PLACE HENDAYE 1916 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Au lieu de contenir des faïences, cette caisse, d’un poids de cinq kilos, était remplie d'engins explosifs et incendiaires d’une très grande puissance, renfermés dans des objets d’apparence inoffensive, tels que : crayons, cigares, ampoules de verre, etc., tous de provenance allemande, ainsi que l’enquête et l’expertise le démontrèrent.
Interrogé, Echenique affirme ne pas savoir à qui était destiné cet envoi ; il prétendit que son rôle de transitaire se bornait à faire suivre une marchandise sans avoir à se demander ce qu'était cette marchandise et qu’il n'était pour rien dans cette affaire.
A l'audience du conseil de guerre, il renouvelle ses protestations d’innocence et prétend qu’il ignorait tout, malgré deux lettres qu’il ne peut nier avoir reçues, et qui semblent prouver le contraire.
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| CASINO HENDAYE 1916 PAYS BASQUE D'ANTAN |
La deuxième affaire peut se résumer ainsi :
Aramberri et Gillgorri étaient en rapports en Espagne avec une maison dirigée par deux Allemands : Thimce et Edeler, fabricants d’armes à Saint-Sébastien, qui, sous le titre d' "Agence hispano-belge" depuis la guerre — elle s’appelait "Agence hispano-allemande" avant le mois d’août 1914, — fournissait des armes à nos ennemis, en les faisant passer en contrebande par la France. Ces armes, expédiées à Lyon, étalent remises, on ne sait comment, à des agents allemands, qui les faisaient passer en Allemagne par la Suisse.
La police de la Sûreté, qui filait Aramberri et Gilgorry, apprit par leur correspondance, décachetée, que ces deux prévenus devaient recevoir des colis d'armes de Thiemce et Edeler ; on apprit qu'Aramberri avait été à Saint-Sébastien et avait été vu causant avec un des deux Allemands. On acquit la certitude qu’il y avait une entente entre eux et c'est ainsi qu'ils furent accusés : Aramberri, d'intelligences avec l'ennemi et Gilgorry, de complicité.
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| PANORAMA HENDAYE 1916 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Comme Echenique, ils protestèrent de leur innocence, mais, ne pouvant nier certains faits matériels qui les accusaient formellement, ils prétendirent avoir été chargés par le commissaire spécial d’Hendaye d'attirer l'Allemand dans un guet-apens, de façon à le faire arrêter à Lyon, au moment où il se présenterait pour prendre livraison des armes expédiées par la maison de Saint-Sébastien.
A l'audience, ils ont maintenu cette version.
Après l’interrogatoire des prévenus, M le colonel Bonnefoy a procédé à l’audition des premiers témoins.
C'est d'abord M. Picard, commissaire de police de la Sûreté générale à Paris, qui s’est occupé surtout de l’affaire Echenique. C'est lui qui l’a fait arrêter et dont l'enquête laisse supposer que les explosifs trouvés dans la caisse étaient destinés à être répartis en Espagne entre divers agents allemands qui auraient pour mission de faire sauter les usines travaillant pour les alliés, soit en Espagne, soit en France.
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| VUE GENERALE HENDAYE 1916 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Quant à Gilgorry et à Aramberri, il a eu à s'en occuper à la suite de la saisie chez eux de très nombreux cachets en caoutchouc imitant ceux des communes d'Espagne, cachets fabriqués à Bordeaux et qui leur servaient à munir de pièces fausses certains individus qui, évidemment, ne pouvaient s’en servir que dans un but inavouable. Il a constaté également les fréquents déplacements d'Aramberri, sans pouvoir expliquer les motifs de ces voyages à Paris et ailleurs.
On entend ensuite le commandant Nicolardot, chef d’escadron d’artillerie, de l’état-major particulier, directeur d'un de nos plus importants laboratoires de chimie. Il a été chargé d'expertiser les explosifs trouvés dans la caisse.Il en fait une description scientifique du plus haut intérêt et conclut que ces engins, d'une puissance énorme, portent la marque de l'Allemagne et qu’indépendamment de la destruction des usines françaises, ils pouvaient également servir à faire exploser en mer des navires, que l'on aurait pu croire coulés par des sous-marins. Le savant officier a relevé à ce propos que tes Allemands, dont l'intérêt est de faire croire qu'ils possèdent beaucoup plus de sous-marine qu'ils n'en ont en réalité, avaient semé en mer de faux périscopes, dans le but de tromper les navigateurs alliés.
Le lieutenant Dalesme, ancien substitut à Bordeaux, vient ensuite déposer. Il a assisté à la livraison de la caisse et a perquisitionné chez Echenique. Il demande le huis clos pour fournir au conseil certaines explications.
Le huis clos est ordonné à cinq heures.
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| EMBOUCHURE BIDASSOA A HENDAYE 1916 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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