Pendant 6 mois, plus de cinq millions de visiteurs visitent cette exposition, entre l'esplanade des Invalides et les abords des Petit et Grand Palais, où un peu de Pays Basque est présent.
Néanmoins, la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition du 17
février 1925 s'inquiète :
"Le Pays Basque sera la seule région touristique de France à ne pas être représentée à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs à Paris.
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| AFFICHE EXPOSITION INTERNATIONALE ARTS DECORATIFS PARIS 1925 |
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| AFFICHE EXPOSITION INTERNATIONALE ARTS DECORATIFS PARIS 1925 |
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| CATALOGUE EXPO INTERNATIONALE ARTS DECORATIFS PARIS 1925 |
La Gazette n' a pas cessé, depuis près d'un an, de signaler aux dirigeants du Pays Basque, le danger qu'il y aurait pour notre région à ne pas être représentée à l'Exposition des Arts décoratifs qui va attirer à Paris le monde entier, à partir du mois de mai.
Nous avons parcouru hier les chantiers de l'Exposition.
Nous y avons bien vu, en effet, des villas normande, bretonne et auvergnate...
Mais rien ne rappelle le Pays Basque, alors que nos villas font l'admiration de tous!
Il est insensé de penser qu'aucune des organisations de notre région : Chambre de Commerce, Municipalités, Syndicats d'initiative, etc...n'ait pas pris celle - d'initiative - de faire représenter Biarritz et Bayonne à cette exposition !
La population basque en sera désagréablement impressionnée ! Ajoutons cependant que M. Boulant a eu l’heureuse idée de commander à M. Jean-Gabriel Domergue un immense panneau en couleurs représentant Biarritz et qui sera placé dans le Pavillon de Bordeaux et du Sud-Ouest.
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| LE PEINTRE JEAN-GABRIEL DOMERGUE |
C’est toujours cela... mais ce n’est pas digne du Pays Basque. Nos dirigeants, pour une fois, ont manqué d’initiative!"
Le lendemain, le 18 février 1925, la Gazette de Bayonne etc... poursuit :
"Ce n'est pas sans quelque émotion que nous avions lu, hier, l'information de notre correspondant parisien relativement à l’Exposition des Arts décoratifs.
Eh ! quoi, le Pays Basque — contrairement à ce que nous croyions savoir — ne serait pas représenté à cette exhibition sensationnelle, que vont visiter des flots d'étrangers !
Nous en éprouvions une déception d'autant plus vive que nous avions quelque peu bataillé, il y a plusieurs mois, pour la représentation du Pays Basque à cette manifestation de l'Art français, par une des jolies maisons au toit penché de notre région. Nous avions dit alors qu’il serait regrettable que la Riviera, que la Normandie, que la Bretagne, y eussent leur maison, représentative de l'architecture, de l'ameublement, de la décoration, du goût et des traditions de ces provinces et que le Pays Basque s'abstint. Nous avions émis l'opinion que les Syndicats d'initiative de notre région ne s'y prendraient jamais assez tôt pour organiser l'exposition du Pays Basque, dans les mêmes conditions.
Ont-ils donc tous négligé de s'en préoccuper ?
Il est certain que la « Maison basque » ne figure pas et ne figurera pas à l'Exposition des Arts décoratifs. Notre pays en sera-t-il donc absent ?
Rassurons ceux qui ont à cœur l'essor et la réputation de notre région. Si la Maison basque, si pittoresque et si gracieuse, ne s'élève pas sur l'esplanade des Invalides, notre région sera représentée et même largement représentée dans une des galeries.
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| BENJAMIN GOMEZ ARCHITECTE 1925 |
Mais écoutez plutôt M. Benjamin Gomez, architecte à Bayonne, que nous avons interviewé hier soir à ce sujet :
— "Eh bien ! non, la maison basque ne figurera pas à l'Exposition des Arts décoratifs, mais le Pays Basque y sera représenté quand-même, et dans de bonnes conditions.
Et d’abord y a-t-il lieu de regretter de n'avoir pas pu édifier une maison basque ?
Si nous en jugeons par la maison normande, par la maison bretonne, notre regret est superflu.
C’est qu'en effet, dans ce cadre immense, au milieu, des constructions monumentales, elles apparaissent bien chétives, elles passent presque inaperçues, la maison normande et la maison bretonne font, à elles seules une maigre publicité à ces régions qu'on propose à l'admiration des touristes qu'on a dessein d’inviter. .
Toute autre est l'exposition basque. ..
Sans doute, l'avions-nous rêvée différente, au début : lorsque nous nous mîmes à l'œuvre, mes collaborateurs du Pays Basque et moi. J’avais songé à un grand ensemble. Ce n'était plus seulement la Maison basque, mais un Fronton, avec un théâtre pour les pastorales et danses de chez nous. Mais c'était là une conception trop coûteuse à réaliser.
La suite n'alla d'ailleurs pas sans quelques cahotements, sans quelques heurts entre le Comité de l'Exposition et nous. Nous ne fûmes pas toujours d'accord, avec des organisateurs qui, pour un peu, nous eussent demandé un Pays Basque en art munichois. Nous avons résisté et nous avons le grand espoir de réaliser un beau stand, représentatif de chez nous. »
Quant à mes collaborateurs ?... ce sont les deux frères Arrué. dont la réputation vous est connue et est si bien méritée ; c'est M. Cazeaux céramiste de talent ; ce sont encore : Mlle Maguy Salzedo ; MM. Danglade, Malagarie et Ochoa, qui ne nous sont pas moins précieux.
Nous avons donc conçu un grand Hall, aménagé, décoré et meublé en style basque.
Mais ce hall aura cette originalité de n'être point une vaste salle, ou un vaste salon pour hôtel particulier ou pour un palace ou pour une grande entreprise commerciale.
Non : notre Hall sera tout justement celui d’un Syndicat d'Initiative au Pays Basque et vous voyez d’ici le parti qu’on en peut tirer.
Mais je vous entretiens ce soir de ces choses, entre deux portes et un peu hâtivement. Nous en reparlerons un de ces jours prochains, si vous le voulez bien."
Evidemment, que nous le désirons et que nous ferons part à nos lecteurs de ce que nous aurons appris de nouveau.
Mais il nous semble en effet qu'on peut tirer un parti profitable à notre région de cette conception d'un Hall de Syndicat d'initiative, avec des tableaux, des volumes, des brochures qui diront éloquemment aux visiteurs la beauté du Pays Basque ; avec des meubles qui les frapperont par leur art et leur originalité, avec des œuvres d'artistes de chez nous, qui ne sont pas de petite valeur...
Et si la maison basque n'a pas été édifiée clans l'enceinte de l'exposition, du moins pourra-t-on en montrer de jolis modèles réduits à la foule qui défilera dans ce hall.
Oui, l’idée nous paraît excellente. Mais c'est avant tout une bonne chose qu'à l'appel des régions françaises, pittoresques, belles et accueillantes : le Pays Basque, un des premiers, réponde : Présent ! "
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EXPOSITION INTERNATIONALE ARTS DECORATIFS
PARIS 1925
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EXPOSITION INTERNATIONALE ARTS DECORATIFS
PARIS 1925
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EXPOSITION INTERNATIONALE ARTS DECORATIFS
PARIS 1925
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Enfin, la Gazette de Bayonne, dans son édition du 25 février conclut :
"Le “ Hall d’un Syndicat d’initiative ” vu dans le studio de M. Benjamin Gomez.
"Un scrupule me saisit à l'entrée du studio où, à l'entour des tables on travaille avec fièvre. Mais la cordialité spontanée de l'accueil le dissipe et me rassure. J'expose mon désir de curiosité.
Benjamin Gomez abandonne le fusain qui traçait des modèles de volutes et de palmettes pour le forgeron et, débarrassant un coin de table, y déroule une belle image.
C'est une vue générale de l’Exposition des Arts décoratifs; voici l’entrée principale — l'Esplanade des Invalides où se dressent les tours affectées à quatre grandes villes françaises.
Entre ces tours s’allongent des galeries officielles et perpendiculairement à celles-ci des galeries encore. C'est dans l'une de celles-ci, dans celle qui se trouve la plus rapprochée de l’entrée de la rue Saint-Dominique que se trouve l'emplacement réservé aux artistes du Pays Basque.
Une feuille bleue où des lignes blanches dessinent des figures remplace la belle image. C’est le plan de la Galerie. Je suis invitée à le lire et les explications sont si nettement données que je déchiffre bien vite ce qui tout à l’heure m’apparaissait hermétique.
Une longue salle, très large aussi, au plafond élevé et divisée dans le sens de la longueur. A droite et à gauche, éclairés par de grandes baies et largement ouverts sur les promenoirs, s’alignent les stands réservés aux Exposants.
La division est interrompue au milieu de la galerie qui ferme un grand hall Central où aboutissent de part et d’autre les galeries-promenades. M. Maurice Dufrène, l'un des animateurs de l’Exposition, connu parmi les grands maîtres de la Décoration moderne, a confié à M. Benjamin Gomez le soin d’utiliser et de décorer ce vaste ensemble.
M. Benjamin Gomez, architecte, a pris l’initiative de l’affaire ; il en est en quelque sorte « l’ensemblier » si je puis oser ce néologisme. Il a su s’entourer de collaborateurs précieux qui sont aussi ses amis, tous connus et aimés au Pays Basque qu’ils illustrent avec des talents et des moyens divers. Leurs efforts réunis, dirigés avec une rare compétence vers un ensemble unique, feront de ce Hall une très belle réalisation synthétique d’un « Hall de Syndicat d’Initiative du Pays Basque ».
Cependant, quand on considère les vastes dimensions de ce Hall, quand on totalise la surface à décorer, on s’étonne de l’audace de l’entrepreneur et des artistes qui prétendent achever leur œuvre dans un temps très limité. Toujours la fortune a souri aux audacieux et plus encore leur sera-t-elle amie puisqu’ils se nomment : Benjamin Gomez, Lucien Danglade, Edouard Cazaux, Ramiro Arrué, José Arrué, Maggie Salzedo, Malégarie, Ochoa.
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| MAGGIE SALZEDO 1925 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le hall est limité sur deux faces par des arcades jumelées en plein cintre, supportées par des pilastres carrés ; sur les deux autres côtés, par de grands pilastres ce fer forgé, supportant les poutres du plafond. Celui-ci, très élevé, est carré ; il s’abaisse en sous-pentes que soutiennent des poutres et des poutrelles.
Considérons d’abord les faces qui donnent accès aux galeries-promenades longeant les stands.
Les pilastres carrés sont ornés de chapiteaux recouverts d’une plaque de céramique décorée, due à M. Edouard Cazaux.
Les linteaux qui soutiennent les tympans sont des poutres sculptées peintes en vert-de-gris clair où des rehauts d’or et des ombres violettes mettent d’heureux accents.
La teinte douce des boiseries vertes s’associera à la teinte rose des murs, ce rose pâle et chaud des pierres antiques que le soleil a dorées, pierres de Carthage et de Pœstum, pierres d'Orange et de Nîmes.
Les tympans, en staff, sont confiés à MM. Lucien Danglade et Edouard Cazaux. Le premier traite les Pelotaris et les Pêcheurs, le second les Femmes à la fontaine et les Laboureurs.
Une heureuse chance a fait coïncider ma visite avec celle de Lucien Danglade, apportant sa maquette des Pelotaris.
Lucien Danglade a stylisé ses joueurs de pelote sans cependant les déformer ; ce ne sont pas des pantins, mais des hommes véritables, aux attitudes vivantes, aux mouvements justes.
Le procédé employé par M. Danglade, le champlevage, est un procédé tout moderne et cependant il est exactement celui qu’employaient les vieux artistes basques, ceux-là mêmes qui sculptaient, en dégageant de nouveaux nus, les lourdes pierres des tombes discoïdales.
Dans des compositions aussi considérables (les personnages doivent mesurer 1 m. 80 eu 1 m. 90) ce procédé exige une grande maîtrise et une parfaite habileté technique le relief étant à peine sensible il est difficile de modeler et tout doit être traité par plans.
Quand l'oeuvre sera mise en place, les conditions d’éclairage amèneront des valeurs d’ombres et de lumières très différentes de celles qui s’indiquent ici dans le jour oblique de l’atelier.
Examinons maintenant les faces latérales.
Au-dessus des pilastres de fer forgé et se faisant face deux grands panneaux rectangulaires. Ramiro Arrué dans « le Fandango » exprime la joie au Pays Basque. Son frère José Arrué, traduit une des formes les plus traditionnelles du labeur en ce pays de laboureurs et de marins « Le travail aux champs ».
Les grands pilastres de fer forgé sont consacrés, les trois premiers aux trois provinces basques françaises, le quatrième aux provinces basques espagnoles réunies.
C’est Mme Maggie Salzedo, dont on connaît le talent profond et sensible qui doit synthétiser dans de grandes gouaches : la Soule, le Labourd, la Navarre et les Provinces espagnoles. Des aquarelles et des gouaches de plus petites dimensions compléteront l'ensemble décoratif des pilastres, aquarelles qui seront signées Maggie Salzedo, Ramiro Arrué, José Arrué et Benjamin Gomez.
Au milieu du hall s'allongera une grande table rectangulaire, sculptée, la table-type du Syndicat d’Initiative supportant des journaux, des cartes, des brochures, des plans, des illustrations, des cartes postales, des photographies d'intérieurs, etc... tous traitant du Pays Basque et de ses merveilles.
Des sièges nombreux et confortables inviteront les visiteurs à faire dans ce hall une halte heureuse, féconde en enseignements et en renseignements.
Mais dans le hall même, sous l’une des arcades, voici que s’ouvre comme un écrin précieux le salon de repos du Syndicat d’Initiative, salon-bibliothèque où les heures doivent s’écouler brèves parmi toutes les merveilles qui nous sont proposées, parmi toutes les merveilles que nous promettent les livres richement reliés qui garnissent la bibliothèque. Taine, Victor Hugo, Vigny, Loti, tous ceux qui autrefois et aujourd’hui ont chanté le Pays Basque. Jean Rameau, Francis Jammes, François Duhourcau ...et tant d’autres !
Il fera bon se blottir au fond de ce divan profond comme un lit arabe, garni de balustres, sous la lumière que verse ce plafonnier ou sous celle que laissent filtrer les vitraux bicolores qui surmontent les portes latérales. Des fauteuils, des chaises habillées de soies précieuses, ornés de coussins brodés, des tables rondes complètent l’ensemble.
Les meubles de cerisier, (ce bois précieux du Pays Basque), reluisent et les détails des sculptures, les frises où se déroulent en lettres anciennes inscriptions et devises, se détachent en beaux reliefs.
Le souci des détails qui concourent à l’unité de l'ensemble a été poussé à l'extrême, et atteint à la perfection.
Tous les motifs de décoration ont été empruntés directement à la Nature : figures, plantes, fleurs, objets du Pays Basque, stylisés selon les besoins ou encore aux ornements que le bel ouvrage de M. Louis Colas, « La Tombe Basque » a révélés. Ainsi, tandis que les plaques de céramique de M. Cazaux vont styliser les fleurs de la région, les appliques brodées des sièges seront de véritables « natures mortes » rassemblant des objets usuels, et, la broderie exécutée selon le style moderne en teintes plates serties par un tract sombre, tire ses effets de chatoiement de la seule orientation des points.
Le plaisir que j’ai éprouvé à étudier le dossier si complet, établi par Benjamin Gomez, me fait présumer du plaisir que goûteront les délicats en contemplant l'œuvre achevée, réclame vivante et agissante pour notre cher et beau Pays Basque."
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EXPOSITION INTERNATIONALE ARTS DECORATIFS
PARIS 1925
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