LE REFOULEMENT DES ÉTRANGERS QUI HABITENT NOTRE CÔTE BASQUE EN AOÛT 1936.
En pleine Guerre Civile Espagnole, des mesures sont prises, en août 1936, par le Gouvernement Français pour éloigner des réfugiés espagnols de la frontière franco-espagnole.
Voici ce qu'en rapporte la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition
du 24 août 1936 :
"Le Maire de Biarritz proteste énergiquement auprès du ministre de l’Intérieur.
Une dépêche de Perpignan, que nous avons publiée samedi dans notre troisième édition, nous apprenait que : "désormais les réfugiés espagnols devraient aller résider dans les départements du centre et non dans les départements frontières."
Et cette note ajoutait : "Ils devront déclarer leur arrivée en France, la ville dans laquelle ils désirent séjourner et la rejoindront sans stationner dans les Pyrénées-Orientales". Mais cela devait encore s’étendre à des "résidants étrangers".
PLAGE BIARRITZ - MIARRITZE 1936 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Nous apprenons, en effet, que les mesures prises ont déjà reçu un commencement d’exécution ; à Biarritz, une notabilité espagnole qui habite cette ville depuis cinq ans. et qui jouit, à juste titre, de l'estime générale, a dû partir pour être "refoulée" à l’intérieur. D'autres, vraisemblablement, auront avant peu le même sort, qui, pas plus que M. De Los Andes, ne font de propagande pour l’une ou l’autre des parties aux prises de l’autre côté des Pyrénées, et qui respectent, avec dignité, les lois de l’hospitalité.
On reste confondu devant l’incompréhension dont fait preuve, en cette circonstance, le gouvernement.
Ainsi donc, on a pu troubler, sur la Côte Basque même, la tranquillité de nos hôtes par une agitation intempestive, on a pu méconnaître la légalité, sans que le gouvernement ait jugé utile d’intervenir ; ainsi donc le secrétaire général de la C.G.T. peut-il traverser la frontière pour aller porter l’aide morale, pour le moins, d'une classe de la société ; ainsi donc, des wagons de munitions provenant de Barcelone, peu après un cortège d’extrémistes venus de la même région, ont-ils pu circuler en Basses-Pyrénées, et ne peut-on plus souffrir que des Espagnols qui ne se mêlent en rien de ce qui se passe là-bas, mais qui observent ici le calme le plus complet, puissent y séjourner.
HOTEL BELVEDERE BIARRITZ - MIARRITZE 1936 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Si c’est ainsi que le gouvernement comprend la défense des intérêts du Tourisme, on se demande comment il ose affirmer par ailleurs qu’ils sont l’objet de ses soucis constants.
Le fait est d’autant plus piquant — en même temps que navrant, — que dans les colonnes des journaux de samedi figurait, à côté de la dépêche de Perpignan, une note du haut-commissaire au Tourisme, qui déclarait — sur la suggestion, d’ailleurs du Maire de Biarritz, que "la sécurité la plus complète n’a jamais cessé de régner sur la Côte basque française".
Cette sécurité nous la devons, pour une part, à la tranquillité et à la neutralité parfaite de nos hôtes.
Que si quelque trublion — quelle que soit sa nationalité, — s’avisait de troubler l’une et de méconnaître l’autre, — alors serait-il temps ce prendre vis-à-vis de lui les mesures qui s’imposeraient. Mais rien de tel de la part de M. de Los Andes, rien qui puisse faire croire que telle serait l’attitude de nos fidèles résidants à Biarritz et sur la Côte basque française ou qui y viennent en touristes.
Dès lors, la mesure gouvernementale apparaît-elle comme rigoureuse, vexatoire, inopportune et dangereuse pour les intérêts de la France.
HOTEL PALYM BIARRITZ - MIARRITZE 1936 PAYS BASQUE D'ANTAN |
M. le Maire de Biarritz, vient d'écrire au ministère de l’intérieur la lettre que nous reproduisons ci-dessous.
18 août 1936. Le Maire de Biarritz à Monsieur le Ministre de l’Intérieur.
(Sous le couvert de M. le le Préfet des B.-P.)
Monsieur le Ministre,
Les événements tragiques qui se déroulent de l'autre côté de la frontière ont provoqué dans notre région un phénomène qu'ont bien connu ceux qui ont vécu les premières heures de la guerre de 1914 et que sur le front, nous appelions "l'espionnite".
Ici comme là-bas, maintenant comme alors, il est des gens, plus particulièrement sensibles à la panique, qui voient partout complots, machinations, signaux nocturnes, codes secrets... et qui, sous couleur d'assurer la sécurité nationale, risquent de provoquer la pire confusion, et les erreurs les plus déplorables.
La Côte basque en général, mais Biarritz en particulier, a de tout temps offert l'hospitalité à de très nombreux espagnols. C'étaient même là, et ce sont encore pour notre région essentiellement touristique, les meilleurs de ses clients. Le hasard de la politique en Espagne faisait qu'alternativement ce contingent de résidants comprenait une majorité de royalistes ou de républicains; puis d'hommes de gauche et d'hommes de droite. Le temps n'est pas lointain, en effet, pendant lequel parmi nos hôtes comptaient des noms connus comme ceux de Unamuno, Prieto, Largo Caballero ; puis c'était le tour des Maura et de tant d'autres.
HOTEL REGINA 1936 BIARRITZ - MIARRITZE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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