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samedi 14 novembre 2020

LA MODE DU BÉRET BASQUE EN 1930

 LA MODE DU BÉRET BASQUE EN 1930.


Dans les années 1930, le béret Basque est à la mode en France.



BERET EL RAMUNTCHO
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Comoedia, dans son édition du 22/11/1930, sous la 

plume de Gaston Manuel :



"La mode du béret lancée par Comœdia...



Comœdia a lancé le Concours des Bérets Basques. Partout ce fut charmant d'émulation, d'ingéniosité et de goût, si bien que dès la mi-septembre la mode — qui n'est pas aussi capricieuse qu'on veut bien le croire — emprunta à Comœdia cette idée si séduisante et ce fut chez toutes nos grandes modistes le triomphe du béret. Comœdia y est pour beaucoup.


Il convenait de le souligner au moment où ces pages d'élégance affirment un succès de plus en plus marqué.



Prenez un béret, mettez-le en forme en le faisant tourner sur votre genou de gauche à droite, ajustez-le bien sur la tête, ayez soin de laisser le front découvert, inclinez-le fortement du côté gauche ou du côté droit. J'allais dire : et servez !... Car c'est du béret basque la recette pour le bien porter.



BERET 
PAYS BASQUE D'ANTAN




Vous obtiendrez un petit air désinvolte et sûr qui mettra en déroute les empêcheurs de danser en rond.



Un béret, avez-vous entendu dire, ce n'est pas bien comme il faut.



Ouais ! allez donc voir les modistes depuis que Comœdia a organisé le concours du béret basque, depuis qu'il a appelé pour y prendre part les élégantes de Juan, Vichy, La Baule, Deauville, Cannes, Biarritz et autres lieux.



Allez donc chez nos grandes modistes, vous dis-je, vous y verrez trôner le béret en feutre, en velours, en chenille, en tricot, etc. Sans compter tous les matériaux nouveaux qui s'adaptent à cette coiffure. On dit que la mode est le reflet des mœurs, il n'est pas paradoxal de dire que les mœurs peuvent être le reflet de la mode.



CHANSON LE BERET PAR PERCHICOT
PAYS BASQUE D'ANTAN




Une dame outrageusement décolletée se plaignait d'une main trop frôleuse. La main en question ne se serait rien permis s'il n'y avait rien eu à permettre (La Palisse).



Pour le béret, c'est autre chose.



Avant les concours de Comœdia, on le mettait sans prétention. Maintenant que la mode s'en est emparée et qu'on s'en est coiffé — au double sens du mot — on se découvre avec le béret un air mutin, un air crâne, un air de ne pas y toucher, un air un peu canaille, un air nouveau quoi ! Et c'est tout dire.



Mais oui, vous avez retiré le petit chapeau qui vous emboîtait bien la tête en laissant votre front découvert, car il y a longtemps que vous les portiez ces petits chapeaux. Je n'en veux point médire, mais je trouve qu'ils ont bien duré et qu'avec eux la mode ne se renouvelle guère. Alors que le béret a révélé les coiffants multiples qui seront le prélude des grands chapeaux tant attendus, le béret, étant expressif par lui-même, a dégagé l'expression.



Vive le béret qui nous a sauvés de l'uniformité. Il est petit, sans presque d'apprêts, il est souple et ne s'érige pas sur la tête. Malgré cela, il soutient la chevelure.



Les cheveux qu'il laisse voir enfin paraissent libérés et s'échappent joyeusement en boucles, en ondulations, attirés par la lumière comme une plante qui veut vivre.


BERET EL RAMUNTCHO
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voilà l'œuvre du béret ; nous allons revoir des cheveux bouffants, cascadeurs, lisses ou désordonnés. Nous les verrons enfin ces cheveux qu'on a coupés, puis cachés, comme s'il était impie d'en avoir. Tout cela parce que les cheveux coupés ont marqué le début du règne de la conduite intérieure, de l'abdulla et des jupes courtes.



Je ne prétends pas que le béret va tout bouleverser, mais je le déclare en accord avec la nature et la parure féminine.



Si le béret révèle une certaine jonglerie dans la manière de se coiffer, il ne tardera pas à détrôner les petits chapeaux qui auront l'air bien austères. Il faut des fronts purs de lignes à la Botticelli pour que le petit chapeau justifie la coupe nette et rigide qu'il impose au front pour le découvrir.



Mais où trouver ces fronts hauts et lisses et galbés qui témoignaient d'une pureté incomparable. Les fronts ont tellement changé depuis l'époque où peignait le peintre des floraisons printanières. Ils sont découverts les fronts d'aujourd'hui, sans être dénués de grâce, et ce qui peut leur rester de pureté s'arrête dans le parti pris d'audace qui les rend volontaires ou soucieux de l'être.





BERET EL RAMUNTCHO
PAYS BASQUE D'ANTAN




Les cheveux insensiblement redeviennent longs. N'est-ce pas là le signe avant-coureur de la disparition prochaine du petit chapeau ? J'entends bien qu'ils repoussent, surtout du côté de la nuque. Nos modistes n'ont pas désarmé, elles ont allongé la forme derrière la tête, passant d'une ligne très moderne à l'époque médiévale sans transition permettant ainsi à leur belle cliente de gagner le temps qu'il leur faudra pour laisser repousser leurs cheveux. Quand ceux-ci auront pris leur élan, alors on les montrera découverts avec ou sans l'artifice du coiffeur posticheur.



Il y a là un accord tacite entre la nature et tous ceux qui se sont chargés de l'orner, de la parer ou de la conduire. Est-ce ceux-là mêmes qui font et défont la mode, je ne le crois pas. Ne vaut-il pas mieux croire au caprice de l'heure, nous nous ménagerons ainsi beaucoup plus de surprises agréables.



BERET EL RAMUNTCHO
PAYS BASQUE D'ANTAN




Si j'avais ainsi la bonne fortune de vous émouvoir, ô vous Jane Renouardt, Huguette Duflos, Gaby Morlay, Fanny Heldy, Suzanne Dantès, Parisys, Renée Devillers, Blanche Montel, et vous toutes qui par le prestige de votre élégance subtile et raffinée pouvez convertir à votre gré les plus dogmatiques, et qui pouvez brûler ce que vous avez adoré, vous qui vous êtes échappées dès que vous l'avez pu de l'emprise du petit chapeau et qui avez découvert une fois de plus le béret, coiffure éminemment française, vous qui en avez fait le symbole des plaisirs et des joies des vacances, conduisez-les ces bérets qui font vos délices actuelles vers des chapeaux un peu plus grands avec des bords.


JANE RENOUARDT AVEC BERET 1930



Et tout en restant dans la simplicité, qu'on ne méconnaisse pas la beauté de la parure de quelque façon qu'elle s'exprime, dans la fleur, dans la plume, dans le ruban, dans la passementerie.



BERET EL RAMUNTCHO
PAYS BASQUE D'ANTAN




"Faites orner vos chapeaux à la française." C'est le cri de ralliement qui t'impose."



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