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samedi 7 novembre 2020

LA VIE D'ANTOINE D'ABBADIE D'ARRAST AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (quatrième partie)

 

ANTOINE D'ABBADIE.


Antoine Thomson d'Abbadie d'Arrast, né le 3 janvier 1810 à Dublin et mort le 19 mars 1897 à Paris, est un savant et voyageur français.


explorateur ethiopie abbadie hendaye
ANTOINE D'ABABDIE

Voici ce que rapporta à son sujet le journal Les Contemporains, dans son édition du 1/01/1911 :



"Antoine d'Abbadie, Explorateur (1810-1897) :



...Dans le Tigré - Le Dedjadj Oubié - A la recherche d'un théodolite - Expulsion - Grave accident.



Ces luttes intestines n'étaient plus éteintes au moment où Antoine et Arnauld d’Abbadie s’apprêtaient à pénétrer en Ethiopie. Les deux frères quittèrent le Caire à la fin de 1837, traversèrent l'Egypte et la mer Rouge et débarquèrent en février 1838 sur l'îlot de Massaouah, point d’entrée ordinaire des caravanes se rendant en Abyssinie.



Outre leurs deux domestiques, Domingo et Ali, celui-là Basque et celui-ci Egyptien, ils emmenaient avec eux un Anglais et un prêtre piémontais, le P. Giuseppe Sapeto, de la Congrégation des Lazaristes. Ils avaient trouvé l’Anglais au Caire, manquant de tout et pressé par deux beys de se faire musulman, et ils l’avaient engagé à se joindre à eux dans le but de lui épargner une apostasie. Il les suivit quelque temps, puis, rebuté par les privations, il revint au Caire et se laissa convertir à l’Islam.



Quant au P. Sapeto, qui venait de faire un séjour comme missionnaire en Syrie, où il avait étudié l’arabe, il se proposait de fonder un établissement catholique en Abyssinie. Il n’ignorait pas les dangers d’une pareille entreprise, les lois de la Haute-Ethiopie excluant, sous peine de mort, tout missionnaire catholique. Mais sa secrète ambition était de cueillir la palme du martyre : vœu qui ne devait point être exaucé, mais que Dieu récompensa en bénissant ces efforts faits pour rétablir dans ces contrées la pure doctrine du christianisme. Ainsi, suivant l’expression même d’Antoine d’Abbadie, le voyage allait s’accomplir "croix et bannière eu tête".



ethiopie autrefois abbadie
ARRIVEE DU KAMSIN SUR MASSAOUAH




A peine les explorateurs étaient-ils débarqués à Massaouah, et avant même qu'ils eussent franchi les contreforts du grand plateau, que les difficultés commencèrent. Une mission protestante venait, disait-on, d'être massacrée par ordre du gouverneur de la province de Tigré, le dedjadj Oubié, et ce gouverneur interdisait désormais a tout Européen l’accès de sa province. Les protestants s’étaient rendus odieux par leur acrimonie religieuse et aussi par le mépris qu’ils professaient publiquement pour le culte de la Vierge, cher aux Ethiopiens. Emu de voir pénétrer dans le pays des détracteurs de sa foi, le gouverneur s’était résolu à se montrer sévère contre les étrangers ; de là les bruits de proscription qui circulaient à Massaouah.



Arnauld d’Abbadie et le P. Sapeto décidèrent d'aller cependant de l'avant et d'affronter le prince, en lui demandant sa bienveillance. Le religieux eut le bonheur de faire des réponses satisfaisantes aux questions d’un tribunal ecclésiastique commis par le prudent gouverneur pour examiner les principes religieux des étrangers. Et, de son côté. Arnauld, interrogé par le dedjadj Oubié sur les motifs qui l’amenaient en Ethiopie, sut convaincre le prince qu’il n’avait d’autre mobile, en venant dans ce pays, que de respirer l’air de ses montagnes, boire l’eau de ses sources et contracter des amitiés parmi ses habitants. Confiant dans ce programme, le dedjadj fit donner des ordres pour la protection sur son territoire, de la petite caravane.



Cette protection n’allait pas, cependant, jusqu’à exonérer les voyageurs des exactions qui, dans cette région, attendent à chaque pas les étrangers, tous indistinctement considérés comme des marchands. Venus pour étudier "les airs, les eaux et les étoiles", les frères d’Abbadie se refusèrent à être assimilés à des trafiquants ; cette résistance les obligea à camper pendant deux mois dans une plaine dénuée d'intérêt, sans autre nourriture que du pain d’orge, sans autre boisson que l’eau corrompue d’une mare infecte. Mais ils réussirent ainsi à maintenir leurs droits et sc trouvèrent par la suite affranchis de tout péage.



Ils laissèrent à Adoua le P. Sapeto, qui devait s’y préparer à sa mission par l’étude des langues dont la connaissance lui était indispensable : l'amarinna, idiome vulgaire, le plus communément parlé, et le ghez, langue sacrée. Puis ils marchèrent vers Gondar, où ils arrivèrent le 28 mai 1838. Là se présentèrent des difficultés d’ordre purement scientifique. Antoine reconnut avec chagrin qu’il n’avait pas les instruments nécessaires pour donner à ses observations des garanties de suffisante précision. Il avait eu recours pour ses relèvements aux procédés les plus habituels, employant la boussole et évaluant aussi exactement que possible ses temps de parcours ; or, dans ce pays si accidenté, sur des terrains souvent bourrés de minerais de fer, cette méthode était dépourvue de sûreté parce que l’influence du sous-sol bitumineux faisait dévier les aiguilles aimantées. 



ethiopie autrefois abbadie
GIUSEPPE SAPETO



Il imagina un procédé tout à fait approprié à ces difficultés spéciales, procédé qu'il a désigné sous le nom de géodésie expéditive ; mais de nouveaux instruments, et en particulier un théodolite, lui étaient indispensables. Pour les obtenir, il n’hésita pas à revenir en France. Il fournit à Gambey, qui était alors notre grand constructeur, les plans du théodolite qu’il désirait ; mais, malgré toute son insistance, il ne put l’obtenir, et il dut se contenter d’un instrument imparfait et un peu usé, qui lui fut confié par le capitaine Falbe, de la marine danoise.



Le prince de Joinville lui céda un sextant à tabatière, cadeau dont il reconnut plus tard la valeur par l’offrande d’un magnifique cheval éthiopien. Walferdin et Bréguet lui prêtèrent avec obligeance, l’un un joli hypsomètre, l’autre un excellent chronomètre. Ainsi outillé, il se disposa à rejoindre l’Afrique, non sans s’être acquitté d’une commission d’une autre nature dont l’avait chargé son frère et sans être passé par Rome pour demander à la Propagande d’envoyer des collaborateurs au P. Sapeto. Cette démarche fut agréée, et c’est ainsi que furent jetés les fondements de la mission éthiopienne, dont Arnauld d’Abbadie a été le promoteur et Mgr de Jacobis le premier apôtre.



En février 1840, Antoine était de retour à Massaouah ; il y trouva son frère, fidèle, à trois heures près, au rendez-vous assigné vingt mois auparavant. Arnauld avait bien utilement employé le temps de la séparation. Lié à Gondar avec l’un des hommes les plus distingués et les plus honorés de l’Ethiopie, le lik ou grand juge Atskou, il s’était, sur les conseils de son ami, présenté à la cour d’un des plus puissants féodaux du pays, le dedjazmatch Guoscho, le seul des princes éthiopiens qui ne fût pas, au dire d’Atskou, un "coq plumé", un "bandit", le seul dont la maison fût "bâtie sur la tradition, sur le droit, sur la justice", et qui pût, par conséquent, donner à un étranger une idée de ce qu’avait été le pays au temps de ses coutumes chevaleresques.



Admis dans l’intimité de Guoscho, il s’était fait soldat et avait pris part aux campagnes du prince, avec les armées duquel il put pénétrer jusqu’au pays des Gallas, encore inconnu aux Européens. Il avait pu aussi par le même moyen visiter le Guiche Abbaïe, c’est-à-dire la source, l'"œil" du Nil Bleu, que deux Européens seulement avaient atteint avant lui, le Jésuite espagnol Pedro Paez, en 1630, et le voyageur écossais Jacques Bruce, en 1770. Incidemment, il peut être intéressant de noter que, par son contact avec Guoscho et l’entourage de ce prince, où régnait une vive confiance en Dieu et où l’esprit religieux se manifestait d'une manière permanente, Arnauld d’Abbadie sentit s’affermir en lui la foi que son éducation n’avait pas fortifiée ; il voulut rendre cette foi active et conçut le projet grandiose d’une conversion de l’Ethiopie entière à la doctrine catholique."



A suivre...




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