ANTOINE D'ABBADIE.
Antoine Thomson d'Abbadie d'Arrast, né le 3 janvier 1810 à Dublin et mort le 19 mars 1897 à Paris, est un savant et voyageur français.
ANTOINE D'ABABDIE |
Voici ce que rapporta à son sujet le journal Les Contemporains, dans son édition du 1/01/1911 :
"Antoine d'Abbadie, Explorateur (1810-1897) :
...Dans le Tigré - Le Dedjadj Oubié - A la recherche d'un théodolite - Expulsion - Grave accident.
Ces luttes intestines n'étaient plus éteintes au moment où Antoine et Arnauld d’Abbadie s’apprêtaient à pénétrer en Ethiopie. Les deux frères quittèrent le Caire à la fin de 1837, traversèrent l'Egypte et la mer Rouge et débarquèrent en février 1838 sur l'îlot de Massaouah, point d’entrée ordinaire des caravanes se rendant en Abyssinie.
Outre leurs deux domestiques, Domingo et Ali, celui-là Basque et celui-ci Egyptien, ils emmenaient avec eux un Anglais et un prêtre piémontais, le P. Giuseppe Sapeto, de la Congrégation des Lazaristes. Ils avaient trouvé l’Anglais au Caire, manquant de tout et pressé par deux beys de se faire musulman, et ils l’avaient engagé à se joindre à eux dans le but de lui épargner une apostasie. Il les suivit quelque temps, puis, rebuté par les privations, il revint au Caire et se laissa convertir à l’Islam.
Quant au P. Sapeto, qui venait de faire un séjour comme missionnaire en Syrie, où il avait étudié l’arabe, il se proposait de fonder un établissement catholique en Abyssinie. Il n’ignorait pas les dangers d’une pareille entreprise, les lois de la Haute-Ethiopie excluant, sous peine de mort, tout missionnaire catholique. Mais sa secrète ambition était de cueillir la palme du martyre : vœu qui ne devait point être exaucé, mais que Dieu récompensa en bénissant ces efforts faits pour rétablir dans ces contrées la pure doctrine du christianisme. Ainsi, suivant l’expression même d’Antoine d’Abbadie, le voyage allait s’accomplir "croix et bannière eu tête".
ARRIVEE DU KAMSIN SUR MASSAOUAH |
A peine les explorateurs étaient-ils débarqués à Massaouah, et avant même qu'ils eussent franchi les contreforts du grand plateau, que les difficultés commencèrent. Une mission protestante venait, disait-on, d'être massacrée par ordre du gouverneur de la province de Tigré, le dedjadj Oubié, et ce gouverneur interdisait désormais a tout Européen l’accès de sa province. Les protestants s’étaient rendus odieux par leur acrimonie religieuse et aussi par le mépris qu’ils professaient publiquement pour le culte de la Vierge, cher aux Ethiopiens. Emu de voir pénétrer dans le pays des détracteurs de sa foi, le gouverneur s’était résolu à se montrer sévère contre les étrangers ; de là les bruits de proscription qui circulaient à Massaouah.
Arnauld d’Abbadie et le P. Sapeto décidèrent d'aller cependant de l'avant et d'affronter le prince, en lui demandant sa bienveillance. Le religieux eut le bonheur de faire des réponses satisfaisantes aux questions d’un tribunal ecclésiastique commis par le prudent gouverneur pour examiner les principes religieux des étrangers. Et, de son côté. Arnauld, interrogé par le dedjadj Oubié sur les motifs qui l’amenaient en Ethiopie, sut convaincre le prince qu’il n’avait d’autre mobile, en venant dans ce pays, que de respirer l’air de ses montagnes, boire l’eau de ses sources et contracter des amitiés parmi ses habitants. Confiant dans ce programme, le dedjadj fit donner des ordres pour la protection sur son territoire, de la petite caravane.
Cette protection n’allait pas, cependant, jusqu’à exonérer les voyageurs des exactions qui, dans cette région, attendent à chaque pas les étrangers, tous indistinctement considérés comme des marchands. Venus pour étudier "les airs, les eaux et les étoiles", les frères d’Abbadie se refusèrent à être assimilés à des trafiquants ; cette résistance les obligea à camper pendant deux mois dans une plaine dénuée d'intérêt, sans autre nourriture que du pain d’orge, sans autre boisson que l’eau corrompue d’une mare infecte. Mais ils réussirent ainsi à maintenir leurs droits et sc trouvèrent par la suite affranchis de tout péage.
Ils laissèrent à Adoua le P. Sapeto, qui devait s’y préparer à sa mission par l’étude des langues dont la connaissance lui était indispensable : l'amarinna, idiome vulgaire, le plus communément parlé, et le ghez, langue sacrée. Puis ils marchèrent vers Gondar, où ils arrivèrent le 28 mai 1838. Là se présentèrent des difficultés d’ordre purement scientifique. Antoine reconnut avec chagrin qu’il n’avait pas les instruments nécessaires pour donner à ses observations des garanties de suffisante précision. Il avait eu recours pour ses relèvements aux procédés les plus habituels, employant la boussole et évaluant aussi exactement que possible ses temps de parcours ; or, dans ce pays si accidenté, sur des terrains souvent bourrés de minerais de fer, cette méthode était dépourvue de sûreté parce que l’influence du sous-sol bitumineux faisait dévier les aiguilles aimantées.
GIUSEPPE SAPETO |
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