UN CRIME À MENDIONDE EN 1932.
En juin 1932, un fait divers tragique frappe cette paisible ville du Labourd.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 23
novembre 1932 :
"Devant la Cour d’assises des Basses-Pyrénées.
Le coup de couteau du Bohémien tua un vannier à Mendionde.
Le meurtrier est condamné à cinq ans de prison.
Vers la mi-juin dernier un drame se déroulait à Mendionde, en Pays Basque, entre des "bohémiens". L’un d’eux, un nommé Martin Uhart, tuait un camarade, le vannier Jean Lousteau, à la suite d’une querelle. L’alcoolisme, la jalousie brutale en avaient été la cause. Le meurtre suivit.
Telle est l’affaire dont le jury des Basses-Pyrénées avait à connaître hier.
VILLA ERLANDENIA MENDIONDE PAYS BASQUE D'ANTAN |
La constitution du jury fut plutôt laborieuse, le droit de réquisition ayant été largement exercé par l'avocat de la République et par la défense, qu’assumait Me Delmas, du barreau de Bayonne.
Le président Pouget ouvrit la séance à 13 heures 25.
Rappelons les faits qui se déroulèrent à la sortie de l'auberge et les antécédents de l'accusé et de la victime.
La scène du meurtre.
Le 17 juin 1932, vers 16 heures, Jean-Louis Lousteau. 34 ans, vannier ambulant, et sa concubine, la femme Daguerre, rencontrèrent à Mendionde deux bohémiens : Martin Uhart, 47 ans, et sa concubine, Angèle Etcheverria. Ces quatre personnes se connaissaient depuis longtemps et se rencontraient souvent ; la femme Daguerre, avant de devenir la maîtresse de Lousteau, a d’ailleurs vécu maritalement pendant quatorze ans avec Martin Uhart, dont elle a eu plusieurs enfants.
Dès leur rencontre, ils se rendirent à l’auberge Noblia. Vers 17 heures, quittant cet établissement, ils achetèrent deux litres de vin au débit Inharria et le consommèrent sur la place du village. Vers 21 heures, une discussion s'éleva entre les deux hommes. Aux dires des femmes Daguerre et Etcheverria, Uhart avait invité sa concubine à aller acheter un litre de vin, et cette femme lui ayant répondu qu’elle n’avait pas d’argent. Il l'avait giflée ou tout au moins bousculée. Lousteau. prenant fait et cause pour elle, avait reproché son geste brutal à Uhart. Celui-ci allégua que l’indignation de Lousteau avait sa cause dans le projet qu’Uhart manifestait d’abandonner sa maîtresse.
Quoi qu’il en soit, il résulte des déclarations du seul témoin étranger à cette tribu, M. Planté, facteur-receveur à Mendionde, que Lousteau prit le parti de la femme Etcheverria et porta deux ou trois coups de poing à Uhart, qui ne riposta pas. Quelques minutes après. Lousteau dit à Uhart : "Tu n’as pas fini de faire des misères à ces femmes." En même temps, il enleva sa veste, la posa et se dirigea vers Uhart, qui recula d’abord, puis, armé de son couteau, il en porta un coup à Lousteau qui tomba. Il était dans cette position et sans défense, lorsque Uhart lui porta quatre autres coups de son arme, puis il s’éloigna, et. aux cris, poussés par les femmes, il s'enfuit.
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Les gendarmes d’Hasparren, alertés, arrivaient sur les lieux environ vingt minutes après le crime. Lousteau. malgré les soins, expira à 23 heures, sans avoir pu parler.
Uhart fut arrêté par la gendarmerie. Il reconnut la matérialité des faits qui lui sont reprochés, mais prétendit s’être servi de son couteau patte qu’il a cru sa vie en danger. Cette allégation ne saurait être admise.
S’il est vrai que Lousteau a frappé le premier, il résulte de l’examen du médecin légiste que les coups portés par Lousteau n'ont pas laissé la moindre trace.
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Uhart soutient qu’il n’a pas voulu tuer Lousteau. •
L’information a établi que Uhart n'a pas riposté aux premiers coups de poing portés par Lousteau, et qu’il s’est servi de son couteau dès le premier coup qu'il a lui-même porté.
Par ailleurs, alors que Lousteau était étendu à terre et perdait son sang en abondance, il l'a frappé avec la plus grande violence, ainsi que l’a constaté le médecin légiste.
L’autopsie a montré que Lousteau avait reçu cinq coups de couteau, dont trois ont provoqué des blessures profondes et mortelles.
Les plus mauvais renseignements ont été recueillis sur le compte de Martin Uhart. Ce nomade a été condamné à plusieurs reprises pour vol et escroquerie. Il était grandement redouté des paysans habitant les maisons isolées, qui le croyaient capable des pires représailles s'il avait eu à se plaindre d’eux.
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L’interrogatoire de l'accusé.
Interrogé par le président Pouget, Uhart fournit des précisions sur son genre de vie. Il était vannier ambulant, mais il semble bien qu’il ait tiré le plus clair de ses ressources de la mendicité.
— Faisait-il aussi mendier ses enfants ?
— Cela jamais, M. le Président, répond vivement l’accusé.
Vient la guerre. Uhart est mobilisé, mais au bout de quelques jours il déserte. Découvert, il est condamné à cinq ans de travaux publics par un conseil de guerre. Il revient sur le front avec les bataillons d’Afrique, mais déserta une fois de plus. Nouvelle condamnation à cinq ans de travaux publics, mais il est libéré avant d’avoir entièrement purgé cette peine.
Rendu à la vie civile, il est condamné à trois reprises, notamment par le tribunal de Bayonne, pour tentative de vol.
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