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samedi 17 juillet 2021

LA LÉGENDE DE LEYRE - LEIRE EN NAVARRE AU PAYS BASQUE EN 1932 (première partie)

LA LÉGENDE DE LEYRE-LEIRE EN NAVARRE.


L'abbaye San Salvador de Leyre (Leire) est un monastère roman situé à 771 mètres d'altitude, près du lac de Yesa en Navarre.






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VUE GENERALE DE LEYRE NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le journal L'Ami du peuple, le 6 octobre 1932, sous la plume de 

Georges Claretie :



"En flânant en Espagne.



La légende de l'abbé Virila et du rossignol de Leyre.



En Espagne, il faut flâner, s’arrêter dans toutes les villes et tous les villages. C’est ce que ne font pas les touristes français venus très nombreux cette année, attirés par un change, qui est cependant le même, sinon plus haut que l’an dernier.



Mais ils voyagent trop vite, en snobs. Saint-Sébastien et sa plage, l’Escurial pendant une heure, Madrid et le Prado un jour, Tolède et le Greco une après-midi, l’Alhambra une demi-journée. Et c’est tout.



Or, c’est dommage, car il n’est pas un coin d’Espagne qui ne soit pittoresque, et qui n’ait son histoire, ou sa légende. L’Espagne — disons les Espagnes, car il y en a au moins deux. Celle du nord, montagneuse, rude, abrupte, catholique et sombre. Celle du sud, plus molle, plus prenante, peut-être aussi.



Or, celle du nord fut l’Espagne chevaleresque et batailleuse, qui pendant sept cents ans combattit pour la chrétienté afin de reconquérir sa patrie et de chasser le Maure envahisseur.



Cette Espagne-là, on la connaît moins, on la néglige. Les touristes français s’en vont surtout vers Séville, chercher des remparts qui n’existent plus et sont remplacés par des pompes à essence ou des danses de gitanes, qu’il faudrait pour les trouver, visiter les hauts plateaux de la Sierra Nevada.



Pays curieux où les hommes sont tristes et les femmes sont gaies.



— Pourquoi cela ? demandai-je un jour à un Espagnol qui m’a répondu — paradoxe ou vérité.


— Les hommes sont tristes, précisément parce que les femmes sont gaies.



L’Afrique et la conquête arabe ont, quoi qu’on fasse, laissé une trace profonde sur ce peuple ardent ; et le chant des Maures pleurant leur Grenade perdue, ce chant doux et triste, en mineur, se retrouve même jusque dans les montagnes du nord.



Et pourtant ces provinces ont gardé leur caractère antique. Je ne connais guère que Goya qui, Aragonais, soit totalement Espagnol. Il peint les noires sierras d’Aragon, comme les ciels clairs de la Castille. Il dessine comme Ingres et peint parfois comme Manet et il a en même temps les touches délicates de Watteau pour peindre les fines Andalouses. Un des plus grands peintres de tous les temps. Varié et total.



Montagnes d'Aragon, Galice, Estramadure... dit Hernani. L’Espagne qui a chassé les Maures. Il faudrait y ajouter la Navarre, cet extraordinaire pays qui a fait l’Espagne. Partout des monastères qui sont en même temps des citadelles et des palais, comme celui de Leyre ou celui d’Eunate, église des Templiers. Châteaux forts construits pour résister aux Arabes, et de là descendre de la montagne dans la vallée pour les combattre.



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EGLISE EUNATE NAVARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Châteaux de ces petits hobereaux catholiques, comme le monastère carolingien de Leyre où avait sa cour le roi de Navarre Don Sanche le Grand qui régna sur 58 villages et 62 monastères ; et qui fièrement s’intitulait : "Roi de Pampelune, d’Aragon ; de Sobrarbe, de Ribargorza, de Castille, des Asturies, de Santillana, d’Alava, de Léon, d’Astorga et de Gascogne".



Il exagérait évidemment. Mais il batailla. Pays rude ; en guerre contre la France, en guerre contre les Maures, en guerre toujours, et qui fit l'Espagne.



Montagnes noires, avec dans le fond du paysage des glaciers et des lacs. Des torrents rapides ; des haies vertes, qui même en cet automne sentent encore le printemps avec leur odeur de menthe sauvage. Des monastères-citadelles partout : au sommet des monts, ou à l’entrée des vallées pour les défendre. Monastères armés en guerre, avec leurs chemins de ronde, leurs mâchicoulis. Et à côté, la cité de la prière, des cloîtres romans sur des cryptes, des tours sur des cloîtres. Un entassement formidable d’églises et de châteaux forts mélangés.



Là, le touriste ne va guère. Or, c’est de ce labyrinthe de montagnes, de rivières, de cascades, de lacs, qu’est sortie l’Espagne, qui, de ses sommets dénudés est descendue peu à peu sur la molle Andalousie arabe pour la reconquérir.



Mais cela a duré 700 ans. Sept cents ans avec Don Alphonse le Batailleur, et avec le Cid, et avec le Romancero.



Cette Espagne est pleine d’histoire, de mille coutumes et de légendes.



De vieilles coutumes : chaque année, le 13 juin, les paysans de Frange se rendent à la frontière portent trois vaches au village de Roncal, qui n’a que 500 habitants. Et pendant la guerre, malgré la guerre, on n’a pas manqué d'apporter les trois vaches à Roncal.



De vieilles légendes : chaque village, chaque monastère, a la sienne. Il en est de jolies. En voici une entre autres :



Il était une fois... cela se passait en des temps très anciens — il y a douze ou treize cents ans — un abbé du monastère de Leyre en Navarre, qui s’appelait Virila. Un très saint homme, qui faisait l’admiration de tout le couvent. Il était le premier à matines, à la messe de l’aurore, à vêpres, à compiles, à laudes et à nocturne. Tout le jour, il lisait son bréviaire sous les voûtes du cloître. Un très saint homme. Le plus saint homme du monastère. Partout où il passait on s'inclinait devant lui et on lui demandait sa bénédiction.



Or, le cœur de l’abbé Virila était déchiré par une douleur profonde et incurable. Il avait la hantise, l’obsession de l’éternité. Quelle pourrait bien être pour un chrétien la vie éternelle ? Comment se la figurer ? Cette idée seule le faisait frémir.



Et c’était pour la gagner, cette vie éternelle, qu’il passait son existence temporelle à arpenter sans cesse du même pas lent les mêmes galeries du même cloître, à contempler la même crypte sombre au-dessus de laquelle s’élevait une basilique aussi sombre, à murmurer toujours les mêmes prières, à chanter les mêmes hymnes, dans une vie monotone et réglée, fastidieuse, insipide, qui devait cependant lui faire gagner le Paradis.



Le Paradis ! La vie éternelle ! Il y songeait toujours, et non sans effroi. Cette existence terrestre du cloître de Leyre lui pesait souvent, et pourtant elle finirait un jour avec sa vie terrestre. Que serait donc le bonheur éternel, qui lui, ne finirait jamais. Jamais !



Le Paradis ! La contemplation in sœcula sœculorum de Dieu le père, se détachant avec une longue barbe blanche sur un fond d’azur, immuable. Autour de lui, les Trônes, les Dominations, les Séraphins, les Chérubins, tous les anges et tous les archanges, et le chœur des soixante-dix-sept vieillards, jouant de la harpe et du luth, et chantant pendant l'éternité : "Gloria in excelsis Deo ?" Pendant l’éternité ! Sans une halte ! Sans un point d’orgue ! Sans un soupir ! Sans un nuage dans le ciel perpétuellement bleu environnant Dieu le père impassible ! A cette idée, le saint homme, l’abbé Virila, frissonnait ? Il avait le spleen. Le dégoût anticipé des jouissances du bonheur éternel qui ne lui semblait vraiment pas assez varié."




A suivre...



(Source : Wikipédia)



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