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vendredi 25 juin 2021

LES CHAPELLES DE SARE-SARA EN LABOURD AU PAYS BASQUE AUTREFOIS (première partie)

LES CHAPELLES DE SARE AUTREFOIS.


Le village de Sare est, dans la province du Labourd, l'un des plus riches en édifices religieux.



pays basque autrefois religion
CHAPELLE ST ISIDORE ET PONT ECHETCHIPI SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin du Musée basque n°12, en 1936, sous la plume de 

Philippe Veyrin et P Garmendia :



"...Outre sa belle église paroissiale, on ne dénombrait jadis sur le territoire de cette commune pas moins de quatorze chapelles publiques. La carte de Cassini gravée entre 1750 et 1789 indique treize d'entre elles, sans toujours donner leur nom, mais situe assez exactement leur emplacement par rapport au centre de la paroisse. La chapelle omise est justement celle qui, d'après nos renseignements, n'aurait été édifiée qu'au début du 19ème siècle.



De nos jours, onze chapelles subsistent seulement. Des trois plus importantes, il ne reste que peu ou point de vestiges, mais quelques témoignages écrits ou imprimés nous laissent deviner sans trop de peine leurs visages.



Ces quatorze pieuses bâtisses ne répondaient pas toutes à la même destination.



Quatre d'entre elles : Sainte-Catherine (encore existante), Sainte Barbe, Sainte-Croix et Saint-Esprit, toutes trois disparues, étaient assez vastes pour y célébrer la messe et abriter les fidèles. Ces sanctuaires ont pu constituer à certains moments de véritables églises de quartier. En outre, les deux dernières, sises respectivement sur la montagne d'Olhaïn et sur celle de la Rhune faisaient partie - nous le verrons plus loin - de caractéristiques ermitages.



Les dix autres chapelles sont de simples oratoires, trop exigus pour l'exercice du culte. Bâties sur le bord des routes ou des sentiers, elles accueillent à travers leurs portes aux barreaux de bois les muettes prières des passants et leurs offrandes de menues monnaies qui tintent sur les dalles. Ces oratoires sont dédiées à :

Saint-Antoine, Sainte-Croix (ne se confond pas avec l'ermitage), Saint-François-Xavier, Saint-Ignace, Saint-Isidore, Saint-Jean-Baptiste, Marie (Mère de Dieu), Notre-Dame du Bon Secours, Saint-Nicolas et Saint-Pierre.


religion pays basque
CHAPELLE SAINT-ANTOINE SARE


religion pays basque
CHAPELLE SAINT-PIERRE SARE



Le présent inventaire serait incomplet si nous ne faisions mention, pour mémoire, de deux chapelles privées :

L'une, depuis longtemps désaffectée, méconnaissable, réduite à l'état d'étable à brebis, fait partie des bâtiments du vieux manoir d'Haramburua qui dresse sa féodale stature au pied de la montagne d'Olhaïn.



L'autre a été construite à la fin du siècle dernier par l'abbé Fortabat, curé de Sare, dans sa belle propriété de Galarreta. Faisant corps avec l'arrière de la maison, cette chapelle, un peu plus grand que les oratoires anciens dont elle s'inspire, est ornée extérieurement de deux très curieuses stèles tabulaires scellées dans le mur. Ces pierres tombales d'un archaïsme remarquable proviennent, paraît-il, du cimetière de Larressore où elles furent sauvées d'une destruction certaine par les soins de l'abbé Fortabat. Elles présentent un grand intérêt au point de vue de l'art populaire.



pays basque autrefois chapelle
SARE VUE PRISE DE GALARRETA
PAYS BASQUE D'ANTAN


Notons pour finir, que Sare ne possède aucun de ces minuscules oratoires formés d'une simple niche de pierre encastrée, soit dans une pile de maçonnerie, soit sur la façade même d'une maison. De tels édicules fréquents surtout dans le Nord de la France, en Provence et en Savoie semblent d'ailleurs rares au Pays Basque. Tout au plus peut-on rattacher à ce genre de monument, un grossier bas-relief sculpté au dessus de la porte de la maison Zuhalbeherea ; un artisan villageois du 17ème siècle paraît avoir voulu - sans grand succès - y représenter la Vierge avec l'Enfant Jésus. On ne rencontre pas davantage à Sare de ces "viae crucis" en pierre taillée assez répandus dans les villages  basques-espagnols voisins. Seule une croix de Rogations, dépourvue d'intérêt archéologique, se dresse au Sud-Est du bourg, juste sur la frontière à proximité Lorietako benta. C'est tout ce qui subsiste d'un calvaire que reproduit la carte de Cassini, sous le nom de "Les Trois Croix des Fontaines". Il fut, sans doute, abattu sous la Révolution, mais la dénomination s'est conservée.



Un autre calvaire - également repéré par Cassini - était planté près de Churiteguiko borda. Il a totalement disparu à l'exception d'un fût de colonne, gisant dans l'herbe...



En l'absence de documents écrits, l'origine des petits oratoires de Sare se perd dans la nuit des temps. Mais cela n'autorise point à leur attribuer avec certitude une très grande ancienneté. De fait, la date la plus reculée, sculptée au fronton d'une de ces chapelles, ne nous mène pas plus haut que le 17ème siècle. Il est vrai que, même alors, il a aussi bien pu s'agir d'une restauration. A des époques plus récentes, nombre de ces gracieux édifices ont été rebâtis presque entièrement, soit pour les déplacer, soit parce qu'ils menaçaient ruine...



En tenant pour vraisemblable que chacun des oratoires actuels soit le dernier descendant d'une sorte de lignée plus ou moins longue, il resterait encore à savoir les motifs auxquels obéirent les premiers fondateurs ? Sur ce point, une tradition, constante à Sare, attribue l'érection de ces pieuses bâtisses aux voeux formulés par des marins en péril ;  ce seraient donc des chapelles votives.



Une telle explication se soutient parfaitement, si l'on veut bien se rappeler que sous l'Ancien Régime, alors que l'émigration "aux Amériques" n'avait pas encore pris son plein essor, la navigation (course, chasse à la baleine, pêche aux morues, etc..) fut pendant des siècles la principale carrière ouverte aux cadets de maisons rurales. En ce temps-là, les marins ne se recrutaient pas seulement sur la Côte comme aujourd'hui, mais dans tout le Labourd.



Un fait positif, - qui milite assez en faveur de la tradition ci-dessus, - c'est que chacune de ces chapelles dépend d'une maison déterminée, dans les terres de laquelle nous la trouvons d'ordinaire partiellement enclavée. Le langage courant confirme ce lien entre l'oratoire et telle ou telle ancienne demeure : on ne  dit point Saint-Isidore, mais plutôt Lehetchipiko-Kapera, et ainsi de suite...



Ce lien entre la chapelle et la maison n'implique cependant plus toujours, comme à l'origine, un absolu droit de propriété. Il constitue plutôt aujourd'hui une sorte de servitude honorifique, concrétisée par la garde de la clef, la conservation de certains ornements réservés aux solennités, et le devoir, auquel nul ne se dérobe, d'entretenir proprement l'intérieur du minuscule sanctuaire.



La maison, et cela montre bien la limite pratique de son pouvoir - n'a, en aucun cas, devant l'opinion publique, le droit de supprimer la chapelle. Si, pour une raison ou pour une autre, elle désire la déplacer (le cas s'est produit), elle devra la faire réédifier sur une autre parcelle de ses propres terres.



Au bout du compte, dans l'esprit des paysans basques, ces chapelles votives sont devenues le bien, sinon de la communauté entière, tout au moins du "quartier" où chacune d'elles est située. Quand les circonstances l'exigent, ce n'est pas seulement le propriétaire légal, mais toutes les maisons dudit "quartier" qui s'associent pour supporter conjointement les travaux de réfection un peu exceptionnels : toiture, menuiserie, peinture, crépissage, etc..."



A suivre...





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