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vendredi 11 juin 2021

LA BATAILLE D'ARRIGORRIAGA EN BISCAYE AU PAYS BASQUE AU 9ÈME SIÈCLE

LA BATAILLE D'ARRIGORRIAGA.


La bataille de Padura (ou Arrigorriaga) est un affrontement légendaire entre les troupes léonaises qui ont détruit la Biscaye et les Biscaïens envoyés par Jaun Zuria.



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BATAILLE D'ARRIGORRIAGA BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Figaro, dans son Supplément littéraire du dimanche

le 12 octobre 1912, sous la plume de Sanche de Gramont :


"Arrigorriaga.



Il est dans le quartier vieux de Saint-Sébastien, adossé aux montagnes qui forment la baie, un buste de bronze, tête farouche et glabre et dont le regard dur menace au loin les provinces espagnoles depuis les plaines qui s'étendent au delà de l'Ebre, jusqu'aux montagneux royaumes des Asturies et de Léon. 



Sur le socle deux mots : Jaun Zuria, ce qui veut dire en basque "Le Seigneur Blanc". 


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JAUN ZURIA


J'ai voulu savoir quel était ce chef au profil d'aigle, ce prince basque dont ne parle pas l'oublieuse histoire, et voici ce que les antiques légendes euskariennes m'ont appris. 



Vers la fin du neuvième siècle, après avoir triomphé des Asturiens à la bataille d'Arrigorriaga, les Basques de Biscaye, jusqu'alors gouvernés par des assemblées locales, comprirent qu'il leur fallait un chef suprême et choisirent comme tel Loup, fils d'un seigneur de Busturia et d'une princesse écossaise, le vainqueur de cette sanglante journée.



Le premier il porta le titre de Seigneur de Biscaye, et, avant épousé Dalda, fille de Sancho Estegiz, seigneur de Durango qui avait succombé dans la bataille, il régna sous le nom de Jaun Zuria, "le Seigneur Blanc". 



Or, voici comment Jaun Zuria remporta cette mémorable et quasi fabuleuse victoire: En 888, irrité de voir le peuple libre des Basques refuser de lui payer un tribut que rien ne justifiait, Alphonse III, roi des Asturies et de Léon, envoya pour asservir la Biscaye une armée puissante commandée par son frère Ordoño.



Pour la première fois, ces bandes aguerries par d'incessants combats contre les Mores allaient attaquer les "hommes aux mains habiles", les Basques de Biscaye, seigneurs de la Montagne et de la Mer.



Les envahisseurs arrivaient du Midi, descendant la vallée d'Orduña qui mène du plateau de Castille au golfe Cantabrique ils pensaient triompher sans peine de ces pâtres montagnards et de ces pêcheurs. Mais l'alarme était donnée, de sommet en sommet les cris de guerre et les trompes avaient annoncé l'approche de l'ennemi.



BISCAYE AUTREFOIS
ORDUÑA BISCAYE
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les Basques accouraient des plus lointains villages, armé d'arcs de néflier et de couteaux, et bien avant qu'Ordoño n'ait atteint la terre biscayenne, ils étaient assemblés sous les ordres du vieux Sancho Estegiz, seigneur de Durango.



Parmi leurs chefs se trouvait un jeune homme d'une vingtaine d'années, Loup de Busturia, que l'on nommait : "le Seigneur Blanc".



Les Basques établis sur les montagnes qui surmontent le défilé de Padura, dominant l'étroite vallée du Nervion, regardaient au loin l'armée qui s'avançait vers leur patrie...



Mais lorsque l'infant Ordoño se fut engagé dans le défilé, les blocs de rocher se mirent à rouler du haut de la montagne, les flèches sifflèrent et, poussant leurs cris de guerre, les "irrintzinas" sauvages, les Basques se ruèrent sur les envahisseurs.



D'abord surpris, les Asturiens se ressaisissent vite ; ils sont très nombreux, bien armés et cuirassés, et les batailles qu'ils ont livrées aux émirs mores leur ont donné l'habitude de la guerre ; ce sont de vrais soldats qui se débarrasseront aisément de ces montagnards à peine vêtus et sans autres armes que leurs arcs de chasse, leurs haches et leurs couteaux.



Mais l'amour de la liberté et de leur patrie orgueilleuse dilatait le cœur des Biscayens, ils combattaient pour leur terre ancestrale, pour leurs foyers menacés, et cet amour du sol natal faisait de ces paysans des héros. 



Cependant, leurs forces s'épuisent ; ils frappent inlassablement ; mais contre les cuirasses léonaises leurs coutelas s'émoussent et les flèches glissent inoffensives. Ces hommes casqués de fer et vêtus de mailles métalliques semblent invulnérables ; les montagnards perdent courage devant de tels ennemis. Sancho Estegiz les excite par son exemple et lutte au plus fort de la mêlée, il tombe mortellement frappé d'un coup de lance ; les Basques plient, bientôt sans doute l'infant Ordoño leur fera prendre la fuite, avec eux périront la Biscaye et sa liberté.



Mais soudain Loup de Busturia pousse un cri de victoire, il a saisi le défaut des cuirasses espagnoles qui, protégeant parfaitement le torse ne se rattachent pas bien aux jambières ; monté sur un rocher il crie à pleins poumons les mots qui vont changer l'issue de la bataille : Sabelian, Sabelian Sarrtu. ̃"C'est au ventre, au ventre qu'il faut frapper". Sa voix monte, dominant le choc des armes et les irrintzinas rauques ; bientôt son ordre est clamé par toutes les bouches et les Basques jetant leurs arcs, le couteau en main, reprennent la lutte avec un courage nouveau.



Le sang asturien coule maintenant à torrents et rougissant les eaux du Nervion s'écoule vers le libre golfe de Biscaye ; les Montagnards triomphent ; jailli sous leurs couteaux, le sang ennemi a teint de pourpre les blanches roches du défilé qui désormais perdant son ancien nom s'appellera Arrigorriaga, c'est-à-dire "La Pierre Rouge". 



L'infant Ordoño est mort, tué par une femme basque, la déroute est complète. Maintenant, comme dit le vieux chant Basque d'Altabiskarr : "Le Seigneur de la maison peut rentrer dans sa demeure accompagné de son chien, aller embrasser sa femme et ses enfants, laver ses flèches et, les rangeant avec sa trompe de guerre, se coucher auprès d'elles et se reposer. Ce soir les aigles auront fini de dévorer les monceaux de chair déchiquetée et dans la montagne les os des ennemis blanchiront pendant l'éternité..."



Les Asturiens fuient éperdus, ils remontent la vallée vers Orduña, vers la lointaine Oviedo où, confiant en leur triomphe, le roi des Asturies et de Léon les attend ; à leur poursuite bondissent les Basques, haches et couteaux levés.



Voici la frontière de Biscaye, un chêne gigantesque la marque, plus loin c'est le cirque d'Orduña que ferme au midi comme une muraille, la haute Sierra Cantabre, c'est là que les vaincus veulent se réfugier.



Mais lorsque les hommes de Biscaye furent arrivés à la limite de leur Patrie, ils s'arrêtèrent, dédaignant de poursuivre plus longtemps les fuyards.



Alors, Loup de Busturia, le Seigneur Blanc, s'approcha du chêne vénérable, gardien de la frontière euskarienne, et brandissant sa dague ensanglantée, sa dague au large tranchant, il l'enfonça dans la dure écorce comme un signe de victoire, comme un défi jeté à ceux qui oseraient par la suite fouler en ennemis le libre sol biscayen."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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