LE DÉVELOPPEMENT DE HENDAYE AU 19ÈME SIÈCLE.
La population d'Hendaye passe de 241 habitants en 1800 à 3 215 habitants en 1901.
HENDAYE 19EME SIECLE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet Georges Langlois, en 1931, dans son livre La véritable histoire de
Hendaye Plage :
"Durant la longue période litigieuse qui va de 1830 à 1864, des événements considérables s’étaient produits : deux Révolutions et un Coup d’Etat. Une transformation économique profonde s’était réalisée, due aux inventions nouvelles et au développement des chemins de fer. Dans le cadre local, ce changement n’avait pas été moins profond. On commençait à parler d’Hendaye où une gare internationale avait été créée en 1864 car, jusqu’à cette date, la voie ferrée ne dépassait pas Bayonne,
Déjà, la municipalité avait reçu des propositions très étudiées pour mettre en valeur les terrains communaux. D’ailleurs, la proximité de la résidence impériale de Biarritz devait attirer les yeux sur Hendaye et quelques précurseurs du tourisme se rendaient vers la belle plage que l’Impératrice avait, en 1857, honorée de sa visite.
La première proposition d’achat de terrains que nous avons relevée, remonte à 1836 ; elle émanait d’un habitant d’Hendaye, Martin Hiribarren, désireux d'avoir une pièce de terre vague communale à la marée (mer). Il se trouva que la somme offerte, soit 97 fr. 20 pour 54 perches métriques (1 perche métrique = 51 mètres carrés), fit passer des lueurs de convoitise dans les yeux des conseillers municipaux de l’époque, car la proposition fût acceptée afin d’avoir l’argent nécessaire pour les réparations urgentes de la prison communale ! Les 2 754 mètres carrés revinrent donc à Monsieur Hiribarren à 0 fr. 03 le mètre.
Vingt années passèrent, avant qu’une proposition intéressante ne fût faite ; mais les événements allaient se précipiter.
En 1856 un propriétaire de Fontarabie fît une demande de location de 100 000 mètres carrés moyennant une somme annuelle et totale de 60 francs. Ces terrains se trouvaient près d’Izpeta et le locataire se chargeait "de clôturer le dit terrain tout autour par des murailles solides, de le rendre cultivable et de le remettre à la commune en bon état de clôture et d’exploitation à l’expiration du bail."
La réponse de la commune ne se fit pas attendre : "Le Conseil Municipal ne doutant pas que le dit terrain vague attenant aux communaux dits Izpeta qui étaient de même nature dans le temps, n’ait été compris aussi dans la concession faite par S. M Louis XIV aux marins d’Hendaye (quoique plage et y faisant partie). Considérant d’ailleurs que plusieurs lopins de terre situés contre ce terrain ont été vendus par la commune à des propriétaires d’Hendaye avec autorisation de l’administration supérieure, déclare le dit terrain, terrain communal et est d'avis à l'unanimité, vu que la commune par elle-même n’a pas de ressources pour le clôturer et le tirer de l'eau, voyant aussi en cela un moyen d’accroître ses revenus, que la susdite proposition soit acceptée."
LIVRE LA VERITABLE HISTOIRE DE HENDAYE-PLAGE PAR GEORGES LANGLOIS |
Nous arrivons enfin à 1857 qui doit marquer, à notre sens, le début d’une ère nouvelle dans l’évolution de la question des dunes de Hendaye-Plage et de la récupération des terrains de la baie de la Bidassoa.
L’Impératrice Eugénie qui villégiaturait à Biarritz, émue des ruines d’Hendaye dont elle avait souvent entendu parler, vint apporter quelques consolations aux habitants et se fit conduire à la plage et sur les ruines du vieux fort, d’où elle découvrait le magnifique panorama de la baie. Voyant alors la presqu’île de sable — communément appelée aujourd’hui la pointe — en direction du cap du Figuier ; voyant surtout, par l’effet de la marée, les eaux se retirer peu à peu de la baie et rentrer dans le lit du fleuve, elle demanda pourquoi on n’avait pas essayé d’isoler ces terrains pour les livrer à l’agriculture.
Nous ne savons ce qui fût alors répondu à l’Impératrice. Et comme notre but n’est pas de faire une histoire romancée mais de nous appuyer sur des textes précis et des faits indiscutables, nous retrouvons une délibération du Conseil municipal de 1860. M. Lissardy est maire. A la session de mai, il donne connaissance à son Conseil municipal des dispositions d’une récente circulaire préfectorale recommandant aux corps municipaux de "s’inspirer dans l’intérêt de la commune de la pensée du Souverain, contenue dans sa lettre du 5 Janvier 1860 pour rendre productifs les terrains communaux incultes. Considérant qu’il existe devant la commune d’Hendaye un terrain de près d’un kilomètre de longueur sur 300 mètres de largeur, baigné par les marées et qui serait d’une prodigieuse facilité s’il était conquis à l’agriculture en endiguant le chenal de la Bidassoa. Que les dispositions de la dite lettre impériale fournissant les moyens de rendre ce sol productif, à défaut des ressources communales toujours insuffisantes pour entreprendre de tels travaux. Disposé d’y contribuer dans la mesure des revenus communaux. Persuadé de l’immense avantage pécunier qu’en retireraient l’Etat et la commune.
Estime qu’il serait intéressant de faire étudier sérieusement cette question par MM. les Ingénieurs et le sollicite de l’Administration."
Comme on s’en rend compte à la lecture de la délibération ci-dessus, le problème était très nettement posé et l’idée de l'endiguement du chenal de la Bidassoa était née.
HENDAYE ET FONTARRABIE EN 1887 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les hommes d’affaires arrivent.
Le premier est M. Fargeot qui demande à acheter tout le terrain de la baie. Il lui est répondu que de multiples raisons empêchent la commune de donner une suite favorable à sa proposition : Le litige avec Urrugne n’est, en effet, pas encore terminé ; l’offre ne fait apparaître que la spéculation comme motif, offre d’ailleurs illusoire puisque des habitants de la commune même, pourraient offrir un prix trois fois plus fort pour conserver seulement les engrais qu'ils retirent de la baie. Il lui est fait comprendre enfin qu’il s’établira évidemment dans un avenir prochain une concurrence de sociétés qui seules, auront les capitaux suffisants et susceptibles de donner des avantages réels pour la commune. M. Fargeot se le tient pour dit et n’insiste pas.
L’année suivante, un professeur de dessin d’Aire-sur-l’Adour, M. Didelin demande la cession d’une parcelle de terre inculte située dans les dunes près des ruines de la chapelle Ste-Anne pour y bâtir une maison et y aménager un jardin d’agrément.
"Attendu, dit l’acte, qu’il est dans l’intérêt de la commune de favoriser la construction sur ce point pour y attirer les baigneurs, le conseil municipal est d’avis qu’une parcelle de 10 à 12 ares soit aliénée à M. Didelin sur le point précité à raison de 30 fr, l’are (0 fr. 30 le mètre carré)."
La même année, et comme suite aux prescriptions de la lettre impériale de 1860, le sous-Préfet sur le rapport de l’Ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées se préoccupe de la mise en valeur des dunes par des plantations qui y seraient faites. Malheureusement, la commune n’avait pas les fonds suffisants pour se livrer à cette dépense et, supposant que le conseil leur serait peut-être le payeur, elle pria l’Etat d’assumer les frais de l’opération. On n’entendit plus jamais parler de rien...
Le 28 septembre 1862, deux particuliers, dont les noms n’ont pas été conservés demandèrent à la commune d’importantes aliénations de terrain à la Plage. Il leur est aussitôt répondu ; "Considérant l’appel fait par Urrugne au sujet du litige territorial ; considérant d’ailleurs que le moment n’est point opportun pour faire des aliénations sur ce point, attendu l’importance d’avenir qu’est destinée à avoir la côte, refuse, etc..."
Il paraît donc hors de doute que, dès cet instant, la commune possède sur la question une idée qui lui est personnelle ou qui lui a été suggérée. Nous verrons plus loin à qui cette suggestion doit être attribuée. Et nous voyons, le 17 avril 1864, une demande d’un M. Boué Dominique subir le même sort après avoir demandé lui aussi la concession des terrains des dunes : "Le Conseil municipal, considérant que le moment n’est point opportun pour vendre du terrain dans la côte, à moins de ne le faire à quelque société ou compagnie qui puisse y fonder des établissements de bains convenables pour y attirer le public et donner à la plage la réputation que sa beauté mérite, rejette etc. »
Par contre, la commune désireuse de ne pas aliéner sa liberté d’avenir consent facilement à louer pour 9 ans à MM. Ameline et Couret, 9 ares de terrains à 5 fr. l’are, et par an, pour y installer un établissement de bains provisoire qui sera un commencement pour attirer les baigneurs à la plage d’Hendaye.
Le 25 septembre 1865, un nouveau refus de vente de terrains à la plage est opposé à un sieur Pantaléon Palacin y Campo.
HENDAYE 1837 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le Projet Giraud.
Le 10 novembre 1866, soit huit ans après que l’idée de l’endiguement du chenal de la Bidassoa eût germée dans la pensée de l’impératrice Eugénie, une proposition ferme s’inspirant de cette idée fut faite à la commune par M. Giraud, de Paris. Celui-ci proposait d’acheter les dunes et les grèves que la mer découvre à marée basse et qui seraient fermées au moyen d’une digue. Il offrait 100 fr. l'hectare (soit 0 fr. 01 le mètre carré).
En donnant connaissance an Conseil municipal de la proposition Giraud, le maire communiqua également une lettre du Sous-Préfet par laquelle il était fait observer que les grèves devaient appartenir à l'Etat et, qu’en conséquence, la commune ne pouvait en disposer. L’assemblée communale laissa de côté la question du droit de propriété en se réservant le droit de la discuter en temps opportun et elle exprima le désir de voir exécuter le projet Giraud tout en exprimant à son auteur le désir de connaître exactement le point d'où partirait la digue et celui où elle aboutirait.
Enfin, ayant quelques réserves de première nécessité à faire dans l’intérêt de la population d’Hendaye en cas d’exécution du projet, elle pria M. Giraud de bien vouloir déléguer un expert à qui une commission choisie parmi les membres du Conseil municipal expliquerait l’importance des réserves reconnues indispensables.
Près d’une année s'écoula sans que M. Giraud ne fit connaître ses objections, quand enfin, le 12 septembre 1867, il écrivit une lettre demandant la concession pure et simple des terrains convoités et offrait le prix de 25 fr. l’hectare (0 fr- 0025) le mètre carré... D'emblée cette proposition dérisoire fut repoussée : "Attendu qu’un projet est à l’étude pour l’établissement d’une route pour aboutir à la plage communale, le conseil municipal décide à l’unanimité qu’il ne veut vendre actuellement à un prix quelconque les dunes dont il s’agit".
HENDAYE PLAGE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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