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jeudi 26 septembre 2019

LE COQ DU PORT-VIEUX À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1923 (troisième et dernière partie)


LE COQ DU PORT-VIEUX À BIARRITZ EN 1923.


En 1923, des coqs provoquent une polémique à Biarritz.


labourd autrefois
PORT VIEUX ET SEMAPHORE BIARRITZ 1923
PAYS BASQUE D'ANTAN


Je vous ai déjà parlé du coq du Port-Vieux de Biarritz, dans deux articles précédents, le 

30/12/18 et le 4/02/19.



Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans l'édition 

du 20 janvier 1923 :



"Le coq du Port-Vieux. 



Un nouveau réquisitoire contre le pauvre Chantecler.




M. Delbonard vous écrit aujourd'hui une nouvelle lettre à propos du Coq du Port-Vieux. Mais c'est plus spécialement à Peyrot-lou-Yuen qu'il s'adresse. Et voici ce qu’il dit : 



Non, mon cher Peyrot-lou-Yuen, je ne m'attendris pas comme vous et notre jeune ami Igor, sur la chasse aux coqs du Port-Vieux ! 




Que dit coqs, dit poules, qui dit poules, dit œufs ! La principale raison de la présence des chanteclercs au Port-Vieux est l'œuf et non pas le souci poétique de leur entendre donner la réplique de l'Amen au pieux Angelus matinal de Sainte-Eugénie, aux cloches si discrètes. 




Il est certain que les œufs pondus rue du Port-Vieux ou aux alentours reviennent meilleur marché aux peu nombreux coqophiles, que ceux vendus à la Halle. C’est une solution économique à la vie chère par la production directe et la suppression des intermédiaires. Mais cette économie ne doit pas se réaliser au détriment de la tranquillité nocturne des voisins.




Mais sans prendre les choses au tragique, et sans monter sur de grands dadas, en tant que citoyens français biarrots et nous appuyant sur les lois, qui dans notre régime républicain sont faites pour tous, nous n'entendons pas être les victimes du petit nombre des "hors les règlements" et réclamons le droit au repos, sans que ce repos soit taxé avant 7 heures du matin, de sommeil prolongé, frisant la paresse ! 




Si le coq était toléré, demain toute une basse-cour (dindons, oies, canards, etc., etc.) occuperait Biarritz-Ville comme jadis certains porcs ont occupé notre quartier. En fin d’année, ils étaient égorgés, protestant, en quels termes ! contre jambons, boudins et saucisses ! 




Quel joli concert en perspective, quel spectacle pour nos nombreux visiteurs. Est-ce bien digne, pour une jolie ville comme Biarritz ?... 




Et la salubrité publique, mon cher Peyrot-lou-Yuen, qu’en faites-vous, alors que la Ville cherche par tous les moyens son amélioration, en en ce moment par la construction d'un merveilleux réseau d'égouts ? Si vous aimez les coqs, chers coqophiles, ne préféreriez-vous pas pour eux, les voir pousser leurs joyeux cocoricos dans une belle basse-cour, dans un beau champ à la campagne, alors qu’en ville ils claironnent protestations sur protestations (ah ! quelle barbe !) contre les poulaillers ou même les prisons qui leur sont octroyées : la cave sans soleil, ou la classique vieille caisse d'emballage étriquée et non étanche à la pluie ! 




Si chantecler est cruel pour notre sommeil, comme les coqophiles biarrots du Port-Vieux sont cruels pour sa liberté ! 




Personnellement, mon cher Peyrot-Lou-Yuen, je n'ai ni phonographe, ni piano à queue, ni orgue, ni trombone, ni éléments féminins aptes à vocaliser, ni chiens, ni chats et je ne m’en porte pas plus mal ! Je n'ai donc aucune concession à faire aux chanteclers de mon quartier, à leurs poules et surtout à leurs œufs ! 




Si les cocoricos du matin étaient d'intérêt public, comme les chemins de fer, les tramways (même ceux des voies ferrées du Midi avec leur crissement si harmonieux aux courbes des voies — voyez principalement place de la Liberté), etc., etc..., je ne me plaindrai pas, je ne protesterai pas si énergiquement. 

Mais contre les rengaines matinales et privées du règne animal (hommes, femmes et animaux) pas de concession de notre part ! Le respect de part et d'autre de la considération générale, et nous ferons tous bon ménage — avec philosophie et élégance peut-être — certainement sans les chanteclers. 





Cordialement à vous, mon cher Peyrot-lou-Yuen, de la part de votre ami, 



A. Delbonard"







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