INCIDENTS FRONTALIERS EN 1932.
Dans l'Histoire, des incidents ont souvent eu lieu au Pays Basque, à la frontière franco-espagnole, entre Hendaye et Irun ou Fontarrabie.
HENDAYE ET FONTARRABIE EN 1932 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta le journal Le Petit Marseillais, à ce sujet, dans son édition du 20
novembre 1932 :
"Les incidents de la frontière franco-espagnole. Les marins espagnols meurtriers ont été arrêtés.
Saint-Jean-de-Luz, 19 novembre.
— M. Dominique Domec, père du pêcheur tué par les gardes-côtes espagnols de La Bidassoa, a retracé les péripéties de la scène tragique en ces termes :
"Après trois jours d’infructueuses sorties, la pèche ne donnant rien, nous étions partis dans la soirée avec mes 2 fils, Jean et Rémy. La pleine lune et le vent du sud semblaient nous favoriser et nous avions trouvé un bon endroit. Nous étions peut-être à un kilomètre de la limite des eaux territoriales, en tout cas à 40 ou 50 mètres de la côte d’Hendaye et nous ne songions nullement à nous cacher. La nuit était claire et nous avions allumé des cigarettes, ce qui prouve que nous ne nous dissimulions pas.
HENDAYE ET FONTARRABIE EN 1932 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Mon fils Jean, qui avait fait son service sur le croiseur Bidassoa, connaissait particulièrement bien les eaux et nous étions tranquilles.
C’est ainsi que nous avons été surpris aux premiers coups de feu des gardes-côtes espagnols que nous n’avions pas vus venir, tandis que nous avions aperçu un peu plus tôt, sur les rochers les silhouettes de deux douaniers français. Je me mis à crier en basque et en français : "On arrive, on accoste".
J’allumais une lampe électrique, mais la fusillade ne cessa pas. Au quatrième ou cinquième coup de feu, mon fils Jean, surpris debout dans le canot, fut atteint. Il s'affaissa en disant : "Papa, je suis touché".
Quelques secondes plus tard, grâce à l'énergique intervention des douaniers français, qui sautèrent du haut des rochers sur la plage, le feu cessa. Mon cadet, Rémy, n'avait rien, s’étant couché dans le canot dès les premiers coups de feu, mais une balle traversa mon béret, m’enlevant quelques cheveux.
Dès que nous vîmes les douaniers intervenir, nous avons regagné notre barque à moteur et fait route sur Saint-Jean-de-Luz, où nous sommes arrivés peu après.
Les obsèques.
JEAN DOMEC L'EXCELSIOR 20 NOVEMBRE 1932 |
Hendaye, 19 novembre.
— Les obsèques du jeune Domec, ont eu lieu sur la plage. En tète de la foule qui se recueillait devant la bière chargée de fleurs, se trouvait la famille du défunt, notamment son père et son frère qui, on le sait, avaient essuyé les coups de feu.
Dans le cortège, on remarquait MM. Anthelme, sous-préfet de Bavonne ; Moreau, commandant de la station navale de la Bidassoa ; le consul d'Espagne à Hendaye.
La version des Espagnols.
Après la cérémonie funèbre, les trois marins espagnols ont été amenés sur la plage, en vue de laquelle se déroula le drame et où ils furent arrêtés. Ils étaient escortés par un fort peloton de gendarmes et forces mobiles. Ils ont relaté avec précision les circonstances du drame et ont déclaré que, conformément aux instructions qui leur sont données, ils ont sommé à plusieurs reprises pour l’examen de leurs papiers, les pécheurs qui se trouvaient sur la zone de la Bidassoa où, seuls, les pêcheurs d’Hendaye et des trois autres communes frontières, sont autorisés à pêcher. Les pêcheurs, loin de répondre aux sommations, tirèrent des coups de feu. C’est alors que les marins espagnols, se rapprochèrent de la côte et usèrent de leur fusil, sans toutefois tirer en l’air comme le prescrivent les instructions.
CANOT DES DOMEC L'EXCELSIOR 20 NOVEMBRE 1932 |
D'après l’enquête, les pêcheurs français n’ont usé d’aucune arme. Ils se trouvaient en contrebande dans une zone interdite aux pêcheurs de Saint-Jean-de-Luz. Ils pouvaient être signalés à l’avance comme braconniers c’est possible, mais ils n’avaient pas d’armes.
Au domicile de Domec, une carabine a été saisie. Cette arme a été soumise à l’examen d’un armurier qui établira s’il en a été fait usage au moment du drame où si, comme le prétendent les pêcheurs français, aucune balle n’a été tirée avec cette carabine depuis trois mois. Il n’en reste pas moins que les marins espagnols se sont livrés à une répression sanglante interdite par les lois internationales. Ils ont usé de leurs armes sur le territoire français.
Quant aux causes profondes de leur geste, il faut les rechercher dans l’animosité qui règne entre pêcheurs français et espagnols dans les eaux de la Bidassoa.
Déjà, la veille de la fusillade, 44 pêcheurs espagnols étaient descendus sur la plage d’Hendaye pour rencontrer les pêcheurs français qui, peu nombreux, avaient pu échapper à leurs agresseurs.
Les résultats de l’enquête du Parquet de Bayonne.
Bayonne, 19 novembre.
— De l’enquête à laquelle s’est livré le Parquet bayonnais, il résulte que le 16 novembre, à 11 h 30, les douaniers français de Pourtau et Sihuel, en surveillance sur la plage d’Hendave, ont entendu une fusillade dans la direction du sanatorium.
Arrivés là, ils ont reconnu les marins espagnols de l’équipage du garde-côte Mac-Mahon, lesquels étaient en possession de fusils.
Ils les ont alors invités à cesser le feu et à leur remettre leurs armes. Ils les ont ensuite conduits au poste des douanes pendant que la gendarmerie et le commandant du garde-côte français Grondeur, étaient avisés.
On avait appris dans la nuit qu’une barque du port de Saint-Jean-de-Luz était rentrée avec un cadavre à son bord. Cette barque avait été conduite par Mr Dominique Domec, 44 ans, pêcheur, et son fils Rémy. Le cadavre était celui de son autre fils, Jean-Dominique Domec, 23.ans, marié, père d’un enfant, et dont la femme est enceinte. Le père et le fils ont déclaré que les marins avaient tiré des coups de fusil dans leur direction sur la Bidassoa.
Les marins espagnols, interrogés par les magistrats du Parquet de Bayonne aussitôt prévenus, ont déclaré qu’un caporal et cinq hommes appartenant à l’équipage du Mac-Mahon étaient partis pour surveiller la pêche dans les eaux de la Bidassoa et la baie du Figuier.
Arrivés à la pointe des Dunes, le caporal et trois hommes ont débarqué sur le territoire français, laissant deux marins dans une barque.
Ils ont suivi la côte française et, bien après le casino, ils ont aperçu un bateau qui pêchait dans les eaux délimitées par la convention de la Bidassoa de 1888.
Ils ont affirmé avoir invité les pêcheurs à accoster et, sur leur refus, avoir fait usage de leurs armes.
Sur l’ordre du caporal, les marins Queiruga et Goyenechea ont tiré chacun cinq coups de fusil. Le caporal a pris ensuite part à la fusillade et a tiré trois coups, ce qui porte à treize les balles de Mauser dirigées contre le bateau français.
De leur côté. MM. Domec père et fils ont déclaré n’avoir pas d’armes d’aucune sorte et opposent aux déclarations des marins espagnols d’énergiques dénégations.
La reconstitution du drame.
RECONSTITUTION DU DRAME L'EXCELSIOR 21 NOVEMBRE 1932 |
Superbe article saisissant
RépondreSupprimerMerci beaucoup