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dimanche 15 septembre 2019

BOMBARDEMENT À BIRIATOU EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN AOÛT 1936


BOMBARDEMENT À BIRIATOU EN 1936.


En 1936, le village de Biriatou, le long de la Bidassoa, est à proximité des combats de la Guerre Civile Espagnole.


pays basque autrefois
BIRIATOU 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta le journal La Petite Gironde, dans son édition du 17 août 1936 :



"La guerre civile en Espagne.




Un avion espagnol lâche, par erreur, trois bombes sur le village français de Biriatou, en face d'Irun. Il n'y a pas de victime. 




(De notre correspondant particulier.) Biriatou. 16 août. — Biriatou, petit village situé en plein pays basque français, à l'est de Béhobie, domine un promontoire de rochers, la Bidassoa, le versant des montagnes espagnoles et la route qui conduit à Enderlaza, à la frontière du Guipuzcoa et de la Navarre.

 

ENDARLAZA VERA DE BIDASSOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

De cet observatoire, on peut suivre facilement les opérations qui se déroulent en face et la guérilla entre rebelles et gouvernementaux. Aussi, depuis le début de la guerre civile, des centaines de curieux venaient chaque jour de toute la Côte Basque et d’ailleurs, pour essayer d’assister à une rencontre entre les belligérants. 




Pour les fêtes du 15 août, les restaurants avaient été littéralement assiégés, et un service d’ordre dût être organisé par la gendarmerie pour canaliser la circulation des voitures de Béhobie à Biriatou.




Dimanche, l'affluence était peut-être encore plus considérable, car l'offensive des rebelles en direction d'Irun avait été annoncée. Pour cette dernière raison et par devoir professionnel, j'étais là et j'ai pu ainsi assister à une arène de guerre, d’autant plus tragique qu'elle était inattendue. 



pays basque guerre civile espagnole
BOMBARDEMENT BIRIATOU 16 AOÛT 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN

Une violente explosion.




Il était 19 h 30 environ. Un peu avant tombée de la nuit, les curieux examinaient une dernière fois les allées et venues des combattants de l'autre côté de la Bidassoa, prêtant l'oreille aux coups de fusils ou aux rafales de mitrailleuses, lorsque tout à coup le vrombissement puissant d’un moteur approchant très vite et très fort fut perçu ! 



"Un avion ! Un avion !"



Ce cri avait été à peine poussé par la foule que soudain une violente explosion secoua le village, suivie d une forte déflagration, qui balaya dans les rues poussière et gravas. Cette explosion était suivie, quelques minutes plus tard, d'une autre plus éloignée. 




Ce fut aussitôt l'affolement général. Des femmes, des enfants sortaient des maisons en poussant des cris inarticulés, d’autres s’évanouissaient. 




Cependant, l'avion, qui volait très bas, était allé virer pour reprendre la direction de Saint-Sébastien. A son nouveau passage, au-dessus de Biriatou, cette fois sans bombardement, certains témoins purent l’examiner. 




Les uns ont déclaré que c'était un trimoteur, d'autres un bimoteur "Douglas" de la ligne Paris Madrid ; ce qui est certain, c'est qu’il était gris foncé, portait les cocardes aux couleurs républicaines espagnoles et avait un train d'atterrissage escamotable. Ce qui est non moins certain, c'est qu il venait de la direction de Saint Sébastien et qu'il est reparti dans le même sens. 




Des éclats d'acier.

 

Tandis que les uns suivaient le vol du bombardier, salué aussi, il est vrai, par les dangereuses rafales de mitrailleuse tirées du versant espagnol, d’autres s’empressaient auprès des femmes, des enfants affolés et d'une maison d'où sortaient des nuages de fumée et de poussière. 




C'est là, chez M. Pierre Andueza, restaurateur-épicier, qu’était tombée la première bombe. Par un hasard providentiel, aucun des habitants, des consommateurs et des passants n'avait été atteint. Seul, le toit était complètement arraché et les tuiles avaient été projetées sur les autos en stationnement alentour. 



pays basque autrefois
RESTAURANT HIRIBARREN BIRIATOU 1936
PAYS BASQUE D'ANTAN



On expédia aussitôt les femmes, les enfants dans des voitures qui descendirent vers Béhobie alerter la gendarmerie et le commissariat spécial. Bientôt, les officiers de gendarmerie et de la garde mobile, les inspecteurs de police spéciale d'Hendaye arrivaient à Biriatou. A la suite de leurs investigations dans la maison atteinte, une fusée de bombe a été découverte ainsi que de nombreux éclats d'acier. Puis leurs recherches se sont poursuivies sur les rochers voisins du pic Arrigarreta, ou la deuxième bombe a explosé. Enfin, ils vont s’employer à découvrir la troisième, qui n'aurait pas éclaté, et à déterminer l'origine de l'avion et au service de qui il se livrait ainsi à une véritable provocation. 




Pour beaucoup, le bombardement serait dû à une erreur. Le versant espagnol étant à quelques centaines de mètres, cette hypothèse n'est pas invraisemblable. Cependant, il faut bien considérer que la Bidassoa est une ligne naturelle de démarcation, se voit de loin, à plus forte raison de près lorsqu'on vole bas ; il faut aussi admettre que plusieurs drapeaux français flottaient sur Biriatou. 




Cette grave méprise ou cette provocation a suscité la plus grande émotion dans ce coin du Pays Basque, heureux et rieur, la plus juste colère aussi. Les deux explosions de Biriatou, qui n'ont heureusement atteint personne, auront un écho dont nous ne pouvons pas encore déterminer l'intensité."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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