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jeudi 5 septembre 2019

SARE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1924


SARE EN 1924.


En 1924, la ville de Sare compte environ 2 000 habitants et son maire est Henry Dutournier.

pays basque autrefois
HÔTEL LASTIRY SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, dans son édition 

du 12 septembre 1924 :



"Lieux d’Election au Pays Basque. Sare. 




M. Jean d'Elbée nous parle avec amour, dans la Revue Hebdomadaire, de deux lieux d’élection du Pays Baeque : Sare en France, Lezo en Espagne. Voici un joli tableau de Sare : 



Sare en France, Lezo en Espagne, mais tous deux en Pays Basque, demeurent encore des lieux d'élection : ils semblent vouloir se maintenir en dehors du temps ! On ne sait par quel phénomène, car, de jour en jour, ces refuges d'âme sont de plus en plus obsédés, aux sens latin et français, par ces moyens affreux, dits "de communication". 




Il est d'ailleurs tout à fait ridicule d’incriminer le progrès, condamné, comme Ashavérus, à ne s'arrêter jamais ; mais ce maudit nous entraîne après lui. 




La machine supprime la distance et avec elle tout mystère et toute rêverie. Dans le temps comme dans l’espace l'éloignement, créateur d illusion, est nécessaire à la poésie et l'imagination n’est frappée que par les choses reculées. C’était aussi l’avis de Racine et quand il choisit Bajazet comme sujet de tragédie, il crut bon de justifier ce choix en disant qu’il remplaçait le recul des siècles par celui des distances. "On peut dire que le respect que l’on, a pour les héros augmentent à mesure qu’ils s’éloignent de nous : major e longinquo reverentia. L’éloignement des pays répare, en quelque sorte, la trop grande proximité des temps : car le peuple ne met guère de différence entre ce qui est, si j’ose ainsi parler, à mille ans de lui, et ce qui en est à mille lieues." La machine nous fera peu à peu perdre le respect de la terre. 




Le sentier, caché dans les fougères, au flanc des monts est aujourd'hui remplacé par un beau remblai bien large et bien plat, orgueil des ingénieurs, où sont posés des rails, sur quoi s’élance un tramway vers cette Sare où, hier encore, l’on n’accédait que par le "courrier". Inutile de décrire la vieille patache, on la voit : toute grise de la poussière accumulée de tant d'étés, ses deux chevaux réformés, d’un loueur de Saint-Jean-de-Luz, mais toujours racés, son cocher en béret qui montait les côtes au pas, qui les descendait au tout petit trot, les freins bloqués ; et comme sur la route de Sare (à partir d’Ascain), il y a peut-être en tout 200 mètres de plat, vous jugez de l'allure... Ah ! les douces et belles heures jamais trop longues dans le pays enchanté !... 


pays basque autrefois
GARE ST IGNACE SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Mais il faut le reconnaître, le tram est bondé d’un public dont les figures respirent le bonheur et la fierté de ce magnifique cadeau, si agréable et si pratique. Vous lui diriez regretter les temps du "courrier" qu’il vous rirait au nez. Ces paysans sont plus philosophes que les poètes ; ils reconnaissent mieux qu’eux les incomparables forces d’absorption et de défense que possède la nature, et en particulier leur pays. 




La vraie vision de Sare, c’est en octobre, mois magique, à l’époque des palombes. Il faut, pour la chasse, y être rendu dès l’aube, à cette heure où aucun tramway du monde ne marche, ni ne marchera jamais. L’aubergiste Bidor est tout juste réveillé dans son auberge sous les arceaux, pour vous servir un café-cognac, très nécessaire à cette heure où la place de pelote et les platanes du fronton — un peu jaunissants déjà — sent tout pénétrés et ruisselants des abondantes rosées de la nuit d’automne, en attendant que le soleil et son compagnon obligatoire à cette époque de l’année, le vent de Sud, ne vous fassent bientôt "tomber" manteaux et vestes et tremper le cuir du béret, tout à l'heure dans la montée, par les chemins argileux où s'enchâssent les grandes pierres plates de granit rose. 



labourd autrefois
PARTAGE DES PALOMBES SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ce n’est pas en ces heures solitaires, naturellement, qu’il faut juger de la puissance défensive de ce village, mais en un de ces jours de fête où les étrangers se précipitent au spectacle, éperdus de couleur locale. Une partie de rebot à Sare en septembre : quelle ruée d’autos sur les routes ! 



labourd autrefois
PARTIE DE PELOTE SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

On arrive et dans la vaste place de pelote — semblable à une basilique à ciel ouvert — on ne voit, à l’exclusion de tout, que des faces rasées et graves sous le béret, que des hommes vêtus de noir, serrés les uns contre les autres, immobiles, attentifs : le peuple d’Euzkarie enfin, reconnaissable entre tous. Sur l’aire ensoleillée et libre où convergent tant de regards connaisseurs, froids et passionnés : les héros, les demi-dieux de cette race, les grands joueurs d’Euskarie, les pelotaris tout blancs dans la lumière... 

pelote pays basque
PARTIE DE PELOTE SARE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Où sont les curieux, ceux venus d’ailleurs ? Evaporés, fondus. Ou, du moins, l’on n’a d’yeux que pour l’incomparable spectacle dans son incomparable cadre, et l’on constate, une fois de plus, que la vraie beauté annihile autour d’elle tout ce qui peut lui nuire...




Fin de journée dans le bleu du soir qui vient. Sare en fête se vide, s'apaise, retourne à son recueillement habituel. Sur la route en lacets de Saint-Jean-de-Luz, par le col de San Ignacio, autocars, autos, carrioles, piétons s’égrènent. De l’autre côté de la vallée, à flanc de montagne, on voit le tracé de la ligne de tramway, comme une blessure dans les fougères, que le seul automne avait encore ensanglantées. Le premier mouvement est de douleur. Et puis l’on se dit que cela ne changera pas grand’chose à tant de beautés, en songeant — exemple typique entre tant d’autres — à cette étonnante baie de Pasajes, tout offusquée d’usines, à ses maisons roses et brunes, dont l'enchantement vient pourtant vous atteindre, de façon exclusive et souveraine, parmi les docks et les wagons de marchandises de ses quais."



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2 commentaires:

  1. Ma mère et ma soeur ainée y sont nées ma mère en 1902 et ma sœur ainée en 1924. a la maison ou ferme "ANGOENIA" et déménager a Hendaye ou mon père était TAXI....

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  2. Ma Mere et ma sœur Ainée sont nées a SARE en 1902 et 1924 a la ferme ANGOENIA ..puis ce petit monde est venu a Hendaye ou mon père était chauffeur de Taxi et ma mère femme de ménage a l'HOTEL de PARIS.......

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