LES MOULINS À MARÉE AU PAYS BASQUE.
En 1936, Philippe Veyrin, un chercheur régional, recense les moulins à marée sur la Côte Basque.
GRAVURE DE LA BAIE DE ST JEAN DE LUZ - CIBOURE |
Voici ce que rapporta Philippe Veyrin dans le Bulletin du Musée Basque N°12 en 1936 :
Depuis, en effet, qu'un échec momentané a reculé, pour longtemps, peut-être, l'application industrielle de la géniale mais délicate invention de Georges Claude, seul le système imaginé par M. Paul Grasset et en train de prendre corps avec la collaboration de notre ami Amédée Dufourg, présente désormais les plus grandes chances d'aboutir dans un bref délai.
PAUL GRASSET INVENTEUR DU LABORATOIRE HYDRODYNAMIQUE BIARRITZ 1929
PAYS BASQUE D'ANTAN
De quoi s'agit-il, sinon d'établir un bassin de faible profondeur, mais de vaste étendue, juste assez bas pour qu'il puisse se remplir à marée haute, assez élevé toutefois pour qu'à marée basse il se vide complètement avec une chute suffisante pour animer une turbine.
PAYS BASQUE D'ANTAN
"Inspiratrice des poètes, des peintres, des musiciens, la mer n'a pas seulement procuré au genre humain de prestigieuses rêveries d'art. De tout temps sans doute, des esprits ingénieux et utilitaires ont dû songer à tirer parti des forces tumultueuses et inemployées que recèle ce colossal réservoir d'énergies physiques, chimiques et thermiques. Il n'est pas téméraire de croire que nous touchons aujourd'hui le but, et le fait a de bons motifs pour nous intéresser, puisque c'est sur la Côte Basque qu'une des plus remarquables solutions du problème sera la première, sans doute, à être réalisée pratiquement.
L'intérêt éveillé par les susdits travaux en cours sur les rochers du Phare de Biarritz nous a incité à rechercher si le Pays Basque n'avait pas déjà été dans le passé témoin d'autres tentatives d'autres utilisations des forces marines. Question à laquelle nous pouvons sans hésiter répondre de façon affirmative, comme on le verra ci-après :
GRAVURE DE LA NIVELLE DON RAMON ZULOAGA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Procédons d'abord à quelques explications préliminaires : on sait que le dispositif Claude-Boucherot est basé sur la différence des températures entre la surface et le fond des mers tropicales. Quant au procédé Paul Grasset, il consiste à capter et surtout à régulariser le formidable dynamisme de la houle. Dans un cas comme dans l'autre, on a recours à l'action du vide, facteur jadis impossible à employer et dont la réalisation pratique est fonction de la technique industrielle moderne. Rien de pareil dans le naïf appareil purement hydraulique auquel avaient recours nos aïeux, à savoir : la mise en oeuvre des différences de niveau résultant de l'amplitude des marées.
Il n'est pas besoin de beaucoup réfléchir pour apercevoir combien sont retreintes les possibilités d'application d'un pareil système. De fait, un moulin ainsi construit ne peut d'abord produire de travail utile qu'aux heures de marée basse, c'est-à-dire moins de six heures sur douze, et à des moments chaque jour différents. Il est juste de reconnaître, en revanche, qu'il ne court jamais le risque d'être, comme les moulins ordinaires, immobilisé par une sécheresse trop prolongée.
D'autre part, il est bien évident qu'on ne peut bâtir de moulins à marée au bord des mers qui, comme la Méditerranée, ne connaissent que d'insignifiantes dénivellations. Mais, même sur les côtes de l'Océan, le dispositif est fort loin de pouvoir être édifié n'importe où. Les rivages hérissés de falaises, même d'une faible altitude, sont inutilisables. Sur les grèves plates les vagues attaquant de front le moulin et ses digues risqueraient souvent de le mettre à mal. Reste un seul point - et c'est, croyons-nous, celui qui fut toujours choisi - l'estuaire des fleuves et rivières entourées de terrains marécageux et d'alluvions.
...Au Pays Basque : c'est notre ami, Don José Aguirre, Director del Museo de San Telmo qui attira le premier notre attention sur ce sujet par un article publié il y a quelques années dans la revue "Euskallerian-Alde". Dans cette étude qu'il avait illustrée lui-même, comme il sait le faire, l'éminent ethnographe basque décrivait en détail l'ancien caserio "Errota txiki", petit moulin à marée situé naguère sur la rive droite de l'Urumea non loin de l'actuelle gare del Norte. Un vestige bien caractéristique en a été conservé, encastré dans la muraille qui rectifie le parcours de la rivière. Il s'agit d'une turbine de pierre à six pales, mesurant un mètre dix de diamètre sur 0 m. 23 d'épaisseur. Nonobstant ses faibles dimensions, cette turbine a des compartiments plus grands, mais moins nombreux que ceux des turbines ordinaires ; c'est un remarquable travail de tailleur de pierre. L'article de M. Aguirre mentionne en outre, mais sans les décrire , d'autres moulins à marée ayant fonctionné à Busturia, Baracaldo, Orio, Lequeitio et Plencia."
ERROTA TXIKI ST SEBASTIEN - DONOSTIA 1920 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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