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jeudi 19 septembre 2019

L'ARSENAL ET LE PORT DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1893


L'ARSENAL ET LE PORT DE BAYONNE EN 1893.


En 1893, l'activité du port de Bayonne est réduite.

pays basque autrefois
PLACE ARSENAL BAYONNE PAR FERDINAND CORREGES
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 31 décembre 1893 :



"L’Arsenal et le Port de Bayonne.




"Regardez le port de Bayonne, disait, avant les dernières élections générales, un de nos candidats, à l’Association républicaine de Saint-Esprit, et vous le verrez, pour ainsi dire, veuf de ses navires. La faute en est à l’inertie locale ; l’initiative individuelle fait défaut, surtout chez les plus riches."




Il y a du vrai dans cette assertion. 



labourd autrefois
PORT DE BAYONNE PAR FERDINAND CORREGES
PAYS BASQUE D'ANTAN

On a beau dire, avec M. de Freycinet, que les courants commerciaux se sont déplacés ; il y a une chose qui ne se déplace pas, c’est l’intérêt naval d’un pays. 




Etudiez, sur la carte, la configuration du sol national. 




De trois côtés, la France est baignée par la mer. Mais fut-il un port plus important que Bayonne au quatorzième et au quinzième siècle ? Aucune cité qui, par son heureuse situation géographique, par sa position entre les Pyrénées et l’Océan, soit maintenant encore plus digne d’être une grande porte ouverte sur l'Espagne et les pays voisins ? 


pays basque autrefois
PORT DE BAYONNE PAR FERDINAND CORREGES
PAYS BASQUE D'ANTAN


On sait ce qu’est devenue aujourd’hui cette clef de la Gascogne qui était avec Bordeaux, l’un des joyaux mal attachés à la couronne d’Angleterre. Bayonne, sous l’ancienne monarchie, notamment sous la Restauration, fut un des principaux chantiers de construction pour la marine. L’Arsenal maritime, pour la construction des transports et des vaisseaux de guerre, fit de notre ville un des principaux centres industriels de la France. Ce mouvement eut pour conséquence la vie à bon marché. Si les salaires n’étaient pas exagérés, en revanche les ouvriers, stimulés par un travail constant, étaient habiles et consciencieux. 




Sous quelques rapports, Bayonne était encore, il y a trois quarts de siècle, le port commode et sûr qui attirait l’homme et le commerce




Le versant méridional des Pyrénées, couvert d’épaisses forêts, était une source d’approvisionnements pour ses chantiers, d’où sortaient de beaux navires à prix modérés : les Landes fournissaient les goudrons. Les constructeurs étaient intelligents. Comment ne l’auraient-ils pas été, eux dont les ancêtres avaient, d’après l’historien Villani, fourni aux Vénitiens les modèles de leurs vaisseaux ? Par suite, les travaux de tout genre pour la navigation avaient pris l’essor le plus prodigieux. 




Parmi les constructeurs le plus en honneur parmi nos contemporains, il faut citer Corrèges père et fils : le grand-père de ce dernier construisit une frégate sur la place de Saint-Esprit. 



labourd autrefois
RIVE DROITE BAYONNE PAR FERDINAND CORREGES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les deux Descande, Gassis père et fils, Séfourcade, Milson, Hontarrède, et plus récemment, Bégué, ont fourni leur part d’illustration locale à l’histoire de ces constructions navales. Baudry, ingénieur de l’Arsenal sous le premier empire, et quelques autres ingénieurs du plus grand mérite, donnèrent aux travaux publics ce cachet de personnalité libre par lequel l’initiative relève et raffermit les courages. 




Que de contre-maîtres intelligents ! que de charpentiers robustes ! que de calfats remarquables donnant à toute chose l’empreinte du génie local ! Cette classe ouvrière à Bayonne, examinez-la alors : elle a évidemment le tempérament vif ; elle a la tête chaude ; mais elle est indépendante, n’étant dans la main d’aucune coterie. Parlez-lui de ses droits, de ses devoirs ; elle s’émeut, non parce que le mot d’ordre est de s’émouvoir, mais parce qu’elle a hérité des vertus plébéiennes de nos ancêtres : le patriotisme local et le respect de soi-même qui s'affaiblit aujourd’hui dans les démocraties comme ailleurs. 




Lorsque Pascal Duprat, le puissant orateur, vint en 1848, poser sa candidature législative à Saint-Esprit, il trouva devant lui non des comparses, mais des hommes.




La civilisation actuelle et les chemins de fer nous ont rapetissés physiquement et moralement. 



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REMPARTS DE BAYONNE PAR FERDINAND CORREGES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Quels avantages a retirés le commerce bayonnais des belles lignes ferrées qui ont été ouvertes ? Bordeaux a été favorisé au détriment de notre place, et l’industrie girondine a renversé l’industrie locale. 




L’Arsenal n’est plus : la compagnie du Midi règne en maîtresse sur ses chantiers. On dit : "Si l’Etat trouvait un véritable bénéfice à avoir un nouvel arsenal à Bayonne, il l'y établirait." 




Le problème, dès lors, nous semble résolu. 




On enfouit, sur bien des points, des millions pour la navigation, à Marseille, à Rochefort, à Toulon, un des plus grands arsenaux de l’univers. Mais un arsenal n’offrirait-il pas, chez nous, plus de facilités de construction qu’à Rochefort dont la rivière, comme disent les marins, n’est pas plus large que la Nive ? N’y pourrait-on pas construire des vaisseaux à trois ponts et à cent canons comme à Brest dont le port est plus étroit que le nôtre ? 


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ALLEES MARINES BAYONNE PAR FERDINAND CORREGES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les bois des forêts des Pyrénées et des Landes ne descendraient-ils pas naturellement ici jusqu’aux pieds de nos chantiers ? 




Et le fer, ne l'avons-nous pas à deux pas, grâce à nos minerais ? 




Il n’y a pas longtemps, des bâtiments faisaient le voyage de Bayonne à Brest, à Lorient et à Rochefort, pour porter du bois de construction : n’est-ce pas une dérision ? On dépouille le département le plus riche de la France, celui dont César, au dire de Strabon, admirait les épaisses forêts, et l’Etat dit à la construction navale les paroles adressées par l’ombre de Virgile au Dante : "Regarde et passe !" 



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BORDS D'ADOUR BAYONNE PAR FERDINAND CORREGES
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les Anglais sont beaucoup plus pratiques. 




Un lieutenant de vaisseau, peu communicatif et très sérieux, me disait, dans mon enfance, qu’en 1816, une compagnie anglaise, moyennant cinquante millions, voulait faire de Bayonne le meilleur port de France. Si cela était possible alors, pourquoi cela ne le serait-il point maintenant qu’il est permis aux vaisseaux de haut tonnage d’affronter sans crainte l’entrée de notre fleuve ? 




Qu’on songe bien à ceci : Napoléon 1er, qui n’était pas un esprit faux en matière de défense nationale, avait deviné tout le parti qu’on pouvait tirer d’une ville ainsi placée à l’embouchure de l’Adour, au fond du golfe de Gascogne, aux pieds des Pyrénées, boulevard gigantesque qui, de l’Océan à la Méditerranée, présente une barrière à l’Espagne. L’empereur voulait faire de Bayonne un port de guerre. Sa chute seule a empêché la réalisation de ce plan. 



labourd autrefois
BORDS DE NIVE BAYONNE PAR FERDINAND CORREGES
PAYS BASQUE D'ANTAN



On nous objecte les vapeurs qui, ces jours derniers, n’ont pu passer la Barre à cause de l’état de la mer. Il nous semble que la Barre de Bilbao était autrement infranchissable que celle de Bayonne. Voyez cependant ce qu’on a fait de ce port grâce à des travaux utiles. Comment avec un pareil exemple, pouvons-nous donc nous attacher, depuis si longtemps, à paralyser nous-mêmes notre industrie navale ? 




L’Etat évidemment ne peut faire tout par lui-même : il appartient à nos conseils électifs de l’aider dans l’œuvre de réparation, de régénération. Reste à savoir si ces conseils électifs affecteront, comme par le passé, de se tenir à l’écart, de résister aux innovations et au progrès, comme si l’immobilité de leur fortune électorale devait avoir pour conséquence l’immobilité locale. 


pays basque autrefois
BORDS D'ADOUR BAYONNE PAR FERDINAND CORREGES
PAYS BASQUE D'ANTAN



On n’a même pas su faire de Bayonne une ville de plaisance. Saura-t-on en faire une cité riche et forte comme par le passé ? La question est là."




(Source : http://www.bilketa.eus/fr/collections/notre-selection/1051-bayonne-a-l-aquarelle-1892)





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