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mercredi 11 septembre 2019

DES INONDATIONS AU PAYS BASQUE EN FEVRIER 1879


DES INONDATIONS AU PAYS BASQUE EN 1879.


Les crues de février 1879 sont parmi les plus importantes de l'Histoire de France.

inondations autrefois pays basque
CRUE DU 18 FEVRIER 1879

Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans La Petite Gironde, le 24 février 1879 :


"On nous écrit de Bayonne le 22, matin.



Notre ville a été, durant quarante-huit heures, entièrement isolée du reste de la France, par les débordements de l’Adour et de la Nive ; il ne nous restait plus de communications qu’avec la frontière d’Espagne et encore pouvions-nous redouter des inondations dans la vallée de la Nivelle, entre Ascain et Saint-Jean-de-Luz, circonstance qui eût rendu encore plus triste notre déjà fort triste situation. Aujourd’hui, la crue diminue sensiblement, et nous espérons que la décroissance rapide des eaux va permettre le rétablissement des trains de voyageurs sur les lignes de Bordeaux et de Pau. 




Depuis les grandes inondations de 1770, qui causèrent tant de ravages dans nos contrées, on n’avait pas enregistré des crues aussi subites. Les populations riveraines de l’Adour et de la Nive ont été surprises à ce point par le fléau qu’elles ont pu à grand peine gagner les points culminants et y conduire leurs bestiaux.




On n’a pas à déplorer la mort de personnes, mais les pertes matérielles sont considérables. 




Le courant a tout entraîné et ravagé dans la vallée de la Nive, si fertile et si laborieusement cultivée par nos braves paysans. On évalue à huit cents le nombre de fermes ou maisons qui sont sous l’eau dans la vallée de l'Adour, et ce nombre ne peut paraître exagéré si l’on considère que l’inondation s’étend jusqu’à Dax et Peyrehorade d’un côté, et jusqu’à Ustarits de l’autre.




Les détails que nous recevons de diverses localités envahies sont navrants. La ligne de Pau est coupée entre Urt et Bidache, celle de Bordeaux a disparu complètement sous les eaux entre Saint-Géours et Buglose. La station de Dax à du être évacuée par les agents de la Compagnie. Le quartier des Sablats, sur la rive droite de l’Adour, est submergé ; le trajet entre Dax et la gare est devenu par suite impossible. Le boulevard de la Marine et les Thermes sont aussi sous les eaux. Seul le quartier des bains a été épargné, grâce aux travaux préventifs qui le défendent. 




A Guiche, sur environ trente maisons bordant l'Adour, il y en a eu vingt-trois d’envahies. C’est avec beaucoup de peine que les mariniers ont pu sauver les habitants et le bétail qui y étaient enfermés. Dans le bourg, il n’y a pas eu beaucoup de dégâts. Tout danger sur ce point a disparu. 




A Bidache et à Sames, un grand nombre de maisons ont été évacuées, deux d’entre elles se sont, dit-on, écroulées, peu de temps après le départ des habitants. 




Fort heureusement l’administration, avec un zèle louable, a organisé rapidement des secours. Des barques, réquisitionnées par les municipalités et montées par des hommes courageux, sillonnent la vaste plaine liquide portant des vivres, sauvant les inondés en péril, distribuant partout la bienfaisance. Le désastre est incalculable. 




Ici, le quartier Saint-Esprit et les Allées-Marines ont beaucoup souffert. L'eau a atteint sa plus grande hauteur hier matin à l’heure de la marée, Depuis, elle a subi une décroissance notable, mais la pluie continue et rien ne fait présager une amélioration immédiate de la situation. Nous sommes sans gaz depuis quatre nuits, de sorte que notre ville, éclairée seulement par les lanternes que par ordre de l’autorité les habitants suspendent à la façade de leurs demeures, présente l’aspect le plus triste. Pas de théâtre, pas de cercle, encore moins de cafés. 




Le jour, les gendarmes et les sergents de ville secondent les distributeurs de vivres dans leur oeuvre philanthropique. La nuit, les pompiers font bonne garde et des surveillants sont établis sur des points les plus menacés de la ville. Notre municipalité a voté avant-hier un premier secours de 5 000 francs pour les inondés et a fait un appel chaleureux à la charité de tous. Les journaux l'Avenir et le Courrier de Bayonne ont ouvert une souscription qui donne déjà des résultats ; mais la dévastation et la misère sont si grandes ! 




Nous espérons beaucoup de la charité publique ; mais nous comptons surtout sur le patriotisme des Chambres, dans cette heure si douloureuse pour notre contrée. 



L’administration des postes a réussi enfin à organiser son service provisoire. Hier soir, nous avons reçu les courriers du 20 et aujourd’hui, probablement, nous n’aurons d’autre retard que la perte de temps nécessaire aux opérations d’un transbordement entre Dax et Saubusse sur la ligne du Midi."



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