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mardi 3 septembre 2019

LA LITTÉRATURE BASQUE EN 1909


LA LITTÉRATURE BASQUE EN 1909.


Le premier livre imprimé en langue Basque date de 1545 : Linguae Vasconum Primitiae de Bernard d'Etchepare.


LINGUAE VASCONUM PRIMITIAE DE BERNARD D'ETCHEPARE 

Voici ce que rapporta le journal Mercure de France, dans son édition du 16 janvier 1909 :



"Un lecteur me demandait aimablement ces jours derniers pour quoi, dans le tableau des littératures régionales que j’esquissais, il y a quelques mois, à grands traits, je n’avais point fait figurer la littérature basque : "N’existerait-elle pas ?" — Elle n’existe pas en effet. Pourtant le peuple basque est bien l’un des plus intéressants de la péninsule, à coup sûr. Doué d’un individualisme orgueilleux, il n’a guère cessé d’employer toute sa vitalité, qui est fort grande, à résister à l’envahisseur et à défendre énergiquement contre ses voisins des deux côtés des Pyrénées ses traditions, ses fueros, sa langue : toute son âme. Il a été et reste le seul peuple hispanique qui ne se soit jamais latinisé, et l’euskara est le seul idiome qui ait survécu à la vieille langue ibérienne. De nos jours même, il n'y a pas apparence que cette langue se laisse beaucoup entamer : Francisque Michel, en 1867, évaluait à 700 000 le nombre des Basques basquisants d'Espagne, à 140 000, le nombre de ceux de France ; et en 1872, l'érudit Julien Vinson donnait des chiffres à peine moindres. L’étude ethnographique et linguistique de l’actuelle Vasconie a tenté jusqu’au Dr Broca qui publiait, il y a quelque trente ans, un très curieux Mémoire sur l’origine et la répartition de la langue basque : l’illustre chirurgien, qui était en même temps un anthropologiste passionné, nous apprend entre autres choses que si la limite du basque s’est insensiblement déplacée en Espagne au cours des âges, elle n’a pas varié au contraire du côté de la France ; le basque, en effet, reculait en Espagne devant l'influence d’une langue officielle très puissante, le castillan, tandis qu'en France il voisinait avec le béarnais qui, bien que longtemps employé comme langue officielle, était loin d’avoir la force d'expansion du castillan.



JULIEN VINSON

Quoi qu'il en soit, l’euskara, qu’on essayait récemment, de façon peu convaincante, d’assimiler aux idiomes de l’Oural ou aux idiomes américains, est, avec son vocabulaire original et sa grammaire très compliquée, une langue à peu près inaccessible pour tout étranger. Et ce n’est pas à nous de le regretter, puisqu’à vrai dire elle n’a jamais été cultivée littérairement : le Leloaren Cantua, longtemps accepté comme un hymne contemporain d’une victoire des Basques sur Auguste, mais qui ne remonte pas au delà du XVIe siècle, et l'Altabiskarko Cantua, regardé par certains comme l’authentique chant commémoratif de la bataille de Roncevaux, mais qui n’est qu’une mystification littéraire due à la collaboration de Garay de Monglave et d’un étudiant basque de Paris, ne sauraient constituer à eux seuls une littérature. Les peuples heureux, dit-on, n’ont pas d’histoire. Or, le peuple basque, sain, robuste, bel exemple d’un parfait équilibre physique et mental, semble ne s'être jamais soucié de se doter d’une histoire littéraire : son admirable épopée n’a pas fait surgir jusqu'ici un seul poète national, un seul artiste. Et maintenant encore, la muse populaire elle-même vit en ce pays d’une vie misérable. M. José Maria Salaverria, qui vient de publier une excellente étude sur la poésie basque contemporaine, est obligé de nous avouer que l’âme populaire euskalduna n’a jamais eu pour la poésie cette profonde dévotion qui distingue presque tous les autres peuples européens, et très délicatement il nous expose les raisons de cette négation de la forme et du sentiment littéraires au pays basque : la principale est, selon lui, que le peuple basque a souffert d’une maladie toute spéciale : l’excès de santé ; "il a employé toute son énergie créatrice à se constituer fortement pour résister à toute contrainte des hommes et du temps. Au lieu de songer, sentir, divaguer et se fondre dans les rêveries spirituelles de la poésie, il se voua à composer son poème, le poème qui lui convenait : ce poème fut le corps de ses Lois admirables". Et les versolaris, qui sur les foires ou aux portes des cidreries improvisent quelques strophes d’une enfantine simplicité devant un auditoire de paysans non moins naïfs et aussi peu difficiles, peuvent à peine être considérés comme des poètes, même populaires. 



ALTABIZKARREKO KHANTUA 1897

JOSE MARIA SALAVERRIA

Tous les Basques qui se sont senti une vocation littéraire ont écrit en castillan, depuis le génial chancelier de Pierre le Cruel, Pero Lopez de Ayala, chroniqueur et poète satiriste d’une féroce causticité, que l’on retrouve dans son moderne compatriote, l’un des plus personnels romanciers de l’Espagne contemporaine, Pio Baroja, dont nous venons de lire avec un vif intérêt l’une des dernières œuvres : les Tragédies grotesques, troisième roman de la série intitulée : le Passé."



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