LES ANGLAIS AU PAYS BASQUE EN 1939.
Pendant de très nombreuses années, une importante colonie anglaise a séjourné au Pays Basque.
Voici ce qu'en rapporte la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, le 14 février
1939, sous la plume de René Cuzacq :
"Avec sa côte bordée de falaises, avec sa mer aux couleurs changeantes, le double voisinage de l’Espagne proche et des Pyrénées commençantes, la Côte Basque a encore l’attrait suprême de posséder chez elle une race mystérieuse un fragment de la plus lointaine humanité. Ainsi, dans cet extrême Sud-Ouest de notre France, la nature et les hommes avaient une double originalité : double raison pour que les écrivains viennent s’y intéresser tour à tour.
Et nos amis les Anglais spécialement. Depuis la Renaissance, les régions ensoleillées d’Italie, le ciel bleu de la Méditerranée, exercent tout leur prestige sur les âmes anglaises de la brumeuse Albiord. Mais l’Espagne, n’est-ce point une seconde Italie, plus mystique et ardente sans doute, plus brûlée par le soleil, mais enfin un pays méridional ? Seulement, à l’aller et au retour, le chemin qui va d’Espagne en Angleterre risque de passer par le Pays Basque. Et c’est ainsi que dans la littérature anglaise le grand-père du poète Swinburne a le premier célébré le charme de la terre basque, de l’Eskual-Herria.
A la veille de 1789, disciple d’Adam Smith et des "physiocrates". Arthur Young se promenait de notre côté, non pour des raisons d’art et de beauté, mais pour étudier l’agriculture française. Bien entendu, au passage, il décrit les villes et les pays qu’il traverse : la description de la richesse de Bayonne, ou de la beauté des femmes de Bayonne est restée célèbre.
Mais voici les deux causes profondes qui vont aboutir à la renommée de la Côte Basque en général, et de Biarritz en particulier. En 1814, les soldats rouges de Wellington parcourent le Midi, envahi par leurs armées : le temps du romantisme verra la vogue grandissante de Pau. dont certains officiers anglais avaient remarqué la beauté du site : dès lors, par exemple, les rouges piqueurs chassent à courre dans les landes du Pont-Long. Un "courant" est dès lors créé.
Le début du Second Empire, grâce à Eugénie de Montijo, fait l’essor de Biarritz : jeune prince de Galles, la cour impériale, séduit si bien le futur Edouard VII, que les vacances non moins impériales, à Biarritz, se rattacheront à ses souvenirs enchanteurs de jeunesse et de gaieté : nous avons jadis raconté cet épisode dans la "Gazette" même, en étudiant "Biarritz à sa naissance", en prolongeant même son rapide récit jusqu'au temps où, devenu roi sur le tard, Edouard VII resta fidèle à Biarritz et aux contrées environnantes de Sare à Hossegor ou Bidache.
CHIQUITO DE CAMBO ET EDOUARD VII PAYS BASQUE D'ANTAN |
Un "courant" est dès lors créé. Grands voyageurs, non moins que grands marins, les Anglais sauraient où fixer leur course pour quelques mois, dans le Biarritz triomphant d’avant-guerre, à Saint-Jean-de-Luz, sur cette Côte Basque d’un style si impressionniste, où l'ardeur du soleil se tempère du vent puissant du large, où les houles de la mer surgissent d’un océan vivant entre tous, où les maisons blanches tachettent les teintes d'un vert si intense du paysage comme au travers d’une campagne anglaise un peu moins maniérée, plus chaude, mais aussi verte et blanche pour quelques mois.
La venue des Anglais se multiplie : jusqu'aux souvenirs de la campagne de 1813-1814, revivant au porche du temple anglican de Biarritz, ou aux deux cimetières des Anglais de Bayonne, au tant de souvenirs aussi où le nom grandiose de Napoléon se mélange à celui de ses vainqueurs ! Voici les hommes politiques comme Gladstone, dont les longues promenades a la Barre, en voiture, sont restées célèbres ; voici le positiviste Harrisson ; voici le géologue Stuart Menteath, aux vues tantôt bizarres, tantôt géniales sur la structure des Pyrénées et l'un des bons pionniers de Biarritz-Association. Comme pour lui, le petit cimetière de Saint-Jean-de-Luz, avec son panorama immense sur la baie, garde le tombeau de Gissing, le réaliste anglais, le "Zola" britannique, rejeté par la société britannique pour son réalisme même. Voici le pyrénéiste Russell qui, de la montagne, venait à la côte de Biarritz. Voici encore, à Sare, le pasteur Wentworth Webster, type accompli du "whig", qui cherchait chez les Basques les origines du "self-governement" et de la démocratie parlementaire. En fait, chez les Basques, comme ailleurs, en Europe occidentale, l’on retrouve un régime d'Etat et d'assemblées locales au Moyen-Age ; mais chez les Anglais, cette tradition ancienne a abouti à la création du régime parlementaire aux 17e et 18e siècles, dont l'influence a gagné le continent et d'abord la France, selon les modalités propres à chaque peuple: ainsi surgit l'ère de la Liberté, évoquée par Webster.
CIMETIERE DES ANGLAIS BIARRITZ - MIARRITZE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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L'on sait encore comment une véritable colonie anglaise affectionne Saint-Jean-de-Luz, où se trouve aussi une église anglicane.
L'après-guerre, enfin, devait amener chez nous et jusqu'au château de Matignon, au nord de Bayonne le prince de Galles, plus tard Edouard VIII, aujourd'hui duc de Windsor. Et les fêtes prochaines vont amener sur notre rivage d’illustres visiteurs et hommes politiques.
ANGLAIS ET GOLF STE BARBE DE ST JEAN DE LUZ - DONIBANE LOHIZUNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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