RAMIRO ARRUE LE GRAND PEINTRE BASQUE.
Ramiro Arrue y Valle, dit Ramiro Arrué est né le 20 mai 1892 à Bilbao. Ce fut un peintre, illustrateur et céramiste Basque qui a consacré toute son oeuvre au Pays Basque.
RAMIRO ARRUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta la presse locale, et en particulier la Gazette de Bayonne, de Biarritz et
du Pays Basque, de son oeuvre, dans plusieurs éditions :
- le 5 octobre 1929 :
"Bordagain. Ramiro Arrue, le peintre de la vie basque.
Traversée de Ciboure... que de chats ! que d'enfants ! Et le grand pavois du linge qui sèche aux fenêtres : joie des balcons et des volets, draperie mouvante ensoleillée... Non, l'Espagne n'est pas très loin...
Et puis voici un chemin "montant, rocailleux, malaisé". Il faut le gravir pour atteindre Bordagain sur la colline et apercevoir la petite villa rose où se recueille, médite et travaille un peintre, qui est un poète, c'est-à-dire un créateur : Ramiro Arrue.
L'ascension a été un peu rude, mais l'on est ici deux fois dédommagé de ses peines par le décor naturel d'abord, cadre de montagnes douces caressées dans l'après-midi frémissante par toute la suavité des soirs basques. Les verdures en ferveur, les maisons en prière, baignent dans une lumière rose et dorée. Les montagnes effumées d'ombre mauve et violette s'endorment en vagues bleues... Bordagain n'est pas un lieu sauvage mais, comme "la Bernica" de Leconte de Lisle, il est aussi au "rêve hospitalier" et l'on conçoit qu'un artiste y marque son "punctum optimum".
Ramiro Arrue est un homme jeune et doux. On le devine assoupli par les exercices du fronton, mais ce n'est évidemment pas l'activité sportive qui suffit à entretenir une telle flamme profonde en ses prunelles. Son regard n'est pas de ceux pour qui le seul monde extérieur existe. Singulièrement sensible aux apparences des êtres et des choses, il plonge au delà des apparences à la découverte des symboles plus ou moins secrets qu'elles expriment. Il faut voir pour être peintre, mais il est nécessaire de voir deux fois, c'est-à-dire en surface et en profondeur, pour être un peintre qui compte.
Arrrué ? Heu ! C'est un poète ! me disait récemment, avec dédain, un dessinateur régional qui dessine impeccablement et scrupuleusement, et qui ne pensait pas que par un tel mot jeté en défi il se condamnait lui-même.
Etre ou n'être pas poète : en art, tout est là. Arrue est incontestablement parmi les élus. Et lorsqu'on a la joie de se trouver en présence d'un de ceux-ci, on a tant de questions à lui poser, qu'interviewé et interviewer se trouvent pris dans un réseau assez incohérent de demandes et de réponses. Il ne pontifie pas, Ramiro Arrue ! Il est un artiste attentif, un chercheur. Et il se méfie des théories :
— Il y en a trop ! Les artistes ne peuvent plus savoir de quel côté se trouve la vérité et le public encore moins ! C'est la confusion générale... Pourquoi certains modernes ignorent les lois de la verticale, méprisent les lois de la perspective, peignent "de travers" ? Parce que tout est de travers dans le temps présent... Matisse, par exemple, c'est un coloriste. Il pourrait faire beaucoup mieux que ce qu'il nous offre... Mais le public d'aujourd'hui exige qu'on lui livre des oeuvres inachevées : Matisse s'incline, ne lui donne que des esquisses. La plupart des artistes se laissent ainsi entraîner à faire des sacrifices au public. Celui-ci ne veut plus que des oeuvres rapidement exécutées d'une part. Et d'autre part les conditions de la vie font que le peintre doit travailler vite. De là, des recherches de simplification, de synthèse... Moi, il me faut du temps !...J'attache une grande importance à la composition : Je ne copie pas la nature. Les détails inutiles y abondent. Il faut choisir, éliminer le maximum de superfluités, dégager le principal, extraire l'essentiel...
Mais la peinture doit avant tout être plastique. C'est pourquoi les élucubrations purement cérébrales des surréalistes ne signifient rien ; leur effort ne peut être que stérile...
— Utrillo ? Il a fait de belles choses... On lui reproche de travailler d'après des cartes postales...mais quelle importance cela a-t-il ? La méthode importe peu ! Ce qui compte, c'est le résultat.
... Non, je ne suis l'élève de personne... J'ai travaillé librement à Paris. Lors de mes voyages à la capitale — venant du Pays Basque-espagnol, où je suis né — je m'arrêtais à Saint-Jean-de-Luz et c'est cet admirable pays qui m'a définitivement fixé...
... J'ai exposé à Buenos-Ayres, à Londres, à Paris... En ce moment, je prépare les illustrations du beau livre de M. Gaetan Bernoville : Le Curé Santa-Cruz...
LIVRE LA CROIX DE SANG PAR GAETAN BERNOVILLE |
Les murs de l'atelier d'Arrue sont, malheureusement à mon gré, bien démunis, les oeuvres du peintre se dispersent rapidement au fur et à mesure des expositions.
Je puis admirer seulement quelques paysages, d'une grande simplicité et dont chaque ligne est une mélodie. Et ce n'est que par les reproductions que je puis voir ou revoir, cette Madre si profondément émouvante, ces scènes de Danseurs, de Sorties d'Eglise, de Pelotaris, pleines de mouvement, de grâce, de recueillement. Et, surtout, ce Retour des Champs qui m'arrête et me séduit par sa grande beauté calme, ce sentiment religieux de la nature, l'attitude de cette mère qui tient son enfant précieusement enveloppé entre ses bras de douceur, celle de ce bouvier, les bras en croix sur son aiguillon, la tête lasse, et la marche de ces boeufs qui suivent lentement en leur effort pacifique et portent tout le soir avec leur cargaison de fougères..."
LA MERE DE RAMIRO ARRUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
DANSEURS DE RAMIRO ARRUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
DANSEURS DE RAMIRO ARRUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
LES PELOTARIS DE RAMIRO ARRUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
TRAVAILLEURS DES CHAMPS DE RAMIRO ARRUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
- le 31 août 1936 :
"Ramiro Arrué expose à Saint-Jean-de-Luz.
C’est émettre une vérité première que de constater l’extraordinaire cas de singularité du Pays basque. Peu de régions géographiques, peu de climats humains, peu de races pour tout dire, présentent autant que l’Euskual-Herria ce particularisme remarquable. Il n’est pas offensif. Il demeure constamment lui-même. Il se contente seulement de se défendre avec une merveilleuse efficacité contre toutes les agressions spirituelles ou temporelles dont peuvent être menacées les puretés par la déformante érosion de la civilisation.
Les mœurs, tant de fois mises en contact avec celles des nombreux étrangers qui séjournent ou passent, les coutumes souvent sollicitées de se modifier par les apparents avantages du modernisme, le parler difficile et, partant, malaisé à transmettre, plus aisé à oublier ou à méconnaître, tout a résisté aux assauts du temps. Comme on a pu le remarquer, le rustique chariot, l’antique orgak poursuit sa route lente et sûre, insoucieux de la trépidante 40 H.-P. de son luxe éclaboussant, de son agressive richesse.
Cette intégrité impolluée, cette virginité fière, deux expressions la manifestent : le théâtre basque et Ramiro Arrué, le peintre euskarien.
Les pastorales n’ont jamais varié. Elles demeurent inattentives aux transformations de l’art lyrique. Traduisant un chant immuable, elles ne sauraient altérer en rien leur propre essence.
Ramiro Arrué, en outre, est le seul artiste jusqu’à ce jour qui, par le crayon ou les pinceaux ait atteint la réussite majeure de donner une image fidèle de son pays, de sa race.
Et l’exposition de Saint-Jean-de-Luz, parce que, précisément consacrée à la poésie des personnages rituels et des scènes typiques des pastorales basques, nous apparaît comme la conjugaison la plus harmonieusement prestigieuse que l’on ait jamais pu souhaiter ou même rêver...
Exaltation d’abord de la naïveté.
Naïveté... si l’on veut ! Fraîcheur, sobriété, dépouillement de tout bavardage. Précision implacable et poésie déconcertante de justesse dans les coloris et dans les mouvements notés. Ramiro Arrué n’a jamais fini de creuser dans le folklore et dans l’âme euskariens.
Au surplus, il n’a pas l’intention d'apporter du nouveau, ni de résoudre des énigmes, il est bien trop racé et bien trop authentiquement basque.
Ce qui recherche, et ce qu’il trouve par un immédiat et génial automatisme, — qui, pour autant, n’abandonne point les soucis du dessin probe et de l’observation loyale, — ce sont les plaisirs nouveaux, inédits, dans la contemplation de nos paysages familiers, de nos jeux et de nos métiers ancestraux.
Il y a, évidemment beaucoup de peintres qui ont planté leur chevalet devant la Rhune, au bord de la Nivelle, au creux bleui d’ombre des ruelles des villages de Navarre.
Pourquoi faut-il que ceux qui ont rapporté quelque chose de cette chasse à la poésie qu’est la peinture du Pays Basque, quelque chose qui soit digne d’être retenu, aient versé dans l’imitation de ce que Ramiro a créé dans une manière inoubliable et bien à lui ?
PÊCHEURS BASQUES DE RAMIRO ARRUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
BASQUE ET SON FILS DE RAMIRO ARRUE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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