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samedi 8 octobre 2022

LE THÉÂTRE BASQUE EN 1909

LE THÉÂTRE BASQUE EN 1909.


L'opéra Maïtena des Labourdins Etienne Decrept et Charles  Colin, créé à Bilbao le 9 mai 1909, a été présenté en Biscaye en juin 1910.




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OPERA MAÎTENA 
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Comoedia, le 21 mai 1909, sous la plume de R-M. 

Petit :



"Une oeuvre de décentralisation.


La Rénovation du Théâtre basque.


Un Opéra en patois labourdin.



Le théâtre basque, depuis deux cents ans environ, n'avait eu pour le représenter aucune oeuvre originale. On se contentait seulement de jouer, en plein air, des mystères et des chansons de gestes de notre vieux moyen-âge : Hélène de Constantinople, par exemple, eut toujours un succès considérable, qui, encore, fut extraordinaire lors de la dernière représentation qui eut lieu en été il y a deux ans.



pays basque autrefois pastorale le tanneur
RENCONTRE DE PASTORALE
LE TOURISTE ET LE CHEVALIER
PAR JACQUES LE TANNEUR



Devant cet abandon, de nombreuses sociétés basques, tant en France qu'en Espagne, se créèrent pour rénover le théâtre basque en s'abreuvant aux sources de l'art populaire. Ceci se passait en 1905. De très nombreux projets furent mis à l'étude ; ils aboutirent à l'établissement d'une série de représentations annuelles qui comprendraient à la fois des œuvres lyriques et dramatiques. Et pour le début, le choix se porta sur la musique.



Deux Basques, qui n'appartiennent en rien au monde du théâtre, se chargèrent de l'entreprise, MM. Charles Colin et Etienne Decrept. Et de leur collaboration, sortit une pastorale intitulée Maitena, la plus aimée, en deux actes, et qui retrace les mœurs labourdines, c'est-à-dire celles des paysans de la région de Saint-Jean-de-Luz.



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MAÏTENA D'ETIENNE DECREPT
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ainsi donc, sur un livret de M. Etienne Decrept, peintre décorateur d'églises, M. Charles Colin a écrit une musique des plus curieuses, en faisant revivre et en réadaptant les vieux airs, les vieilles mélodies du pays basque. Qu'il me soit permis ici de vous présenter M. Charles Jean Colin. M. Colin est le fils du peintre bien connu Gustave Colin. Suivant la voie tracée par son père, il étudia d'abord la peinture dans laquelle il eut dans la suite une certaine notoriété que lui valut sa grande toile : Le Jeu au théâtre (1904). La vie de Paris ne séduisant pas M. Colin, celui-ci retourna au pays natal, où il alla se fixer à Ciboure. Là, la musique l'attire, et sans professeur, il se mit à l'étudier. Il apprend seul l'harmonie, la retrouve en composant, et après l'avoir retrouvée, il l'étudia dans ses maîtres préférés : Gluck, Beethoven et Berlioz. En même temps, la poésie, la politique et la magistrature l'attirent. Et maintenant, il est simplement juge de paix. Et c'est dans les moments de loisir que lui laissent les procès de nos bons paysans, de 1905 à 1907, qu'il compose son opéra. En autre temps, il fit un opéra-bouffe, l'Intendant infidèle, encore inédit, et écrivit des morceaux de musique religieuse basque.



La région se rappelle un Pater Noster chanté à l'église de Ciboure par le prince Bogidar Karageorgewitch, qui fut accompagné à l'orgue par Pierre Loti.



Après avoir composé un certain nombre de mélodies, il termina son opéra. La conception musicale de M. Charles Colin est fort originale.



La voici, résumée. Au moment où les airs basques sont devenus à la mode, par suite de décentralisation, il fut frappé de la difficulté de les avoir purs, En effet, dans les villes, ils ne sont pas écrits et les Basques qui ont une mémoire auditive fort bonne retiennent, mais pêle-mêle, ce qu'ils ont entendu, et y mêlent des finales, des chansons à boire, des romances, ce qui a pour effet de détruire le véritable caractère de rythme et de mode. Dans les campagnes, ils mêlent ces airs aux chants religieux. M. Colin en a conclu que pour retrouver les airs basques, il fallait les faire chanter par les pâtres, les bouviers, dans différents endroits et tâcher de retrouver le thème initial de cette musique quelquefois sauvage, bizarre, mélancolique. Et Colin s'est livré à une étude des plus approfondies qui a abouti à la naissance de La Plus Aimée, œuvre qui ne pouvait être faite que par une personne ayant vécu tout le temps au milieu des Basques.



M. Colin aurait désiré faire représenter son œuvre en France. Mais hélas, il n'y a pas dans le pays basque, région française, des artistes susceptibles de jouer et de chanter en patois.



Force fut pour lui de s'adresser en pays basque espagnol : il trouva à Bilbao une société chorale, dont le but est d'encourager et de reconstituer la musique basquaise.



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SOCIEDAD CORAL DE BILBAO 
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ainsi donc, la première de cet opéra, à la musique extrêmement originale, aux thèmes parfois étranges, à l'orchestration si simple que l'on dirait souvent être presque du plain-chant, aura lieu, ces jours-ci, à Bilbao, Mais, pendant la saison estivale, Saint-Jean-de-Luz pourra applaudir l'œuvre que fera revivre les vieilles traditions et les coutumes de nos paysans basques labourdins."




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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