LES PLANTATIONS À HENDAYE EN 1931.
Dès 1909, Henri Martinet a introduit, à Hendaye, des espèces de palmiers, adaptées au climat de la Côte Basque.
Voici ce que rapporta à ce sujet la revue hebdomadaire La Côte basque : revue illustrée de
l'Euzkalerria, le 1er mars 1931, sous la plume d'Henri Martinet :
'Le pays basque Touristique et économique.
Plantations (suite).
Les Palmiers.
D’après mes propres expériences, commencées dès l’année 1909, à Hendaye, on peut cultiver, sur la côte basque, une douzaine d’espèces ou variétés de palmiers, dont la rusticité est certaine.
En voici la liste :
Le Chamœrops excelsa le plus connu de tous, car il est assez répandu depuis longtemps dans le Sud-Ouest de la France. On peut le planter non seulement en groupes, pour l’ornementation des parcs et jardins, mais encore en avenues, comme je l’ai fait à Hendaye-Plage.
PALMIER CHAMOEROPS EXCELSA |
Il existe un certain nombre de variétés de cette espèce, qui portent les noms de elegans, gracilis, tomentosa, Fortunei. Celles-ci sont susceptibles d’intéresser les amateurs pour l’ornementation de leurs jardins.
Le Chamœrops humilis, qui pousse à l’état spontané, non seulement dans le Nord de l’Afrique mais encore dans le Midi de l’Europe, et que l’on commence à trouver en abondance dans les terrains non cultivés de l’Algarve, au Portugal, et de l’Andalousie, à partir de Séville, et surtout sur les collines qui dominent le détroit de Gibraltar entre Tarifa et d’Algesiras. Il est très rustique chez nous. Comme son nom l’indique, il n’a pas une haute taille et reste plutôt buissonnant, sauf lorsqu’il est très âgé, ou qu’il s’agit d’une variété spéciale, comme celle photographiée dans mon jardin. On ne peut donc le considérer que comme un arbuste, ou tout au plus un arbrisseau.
PALMIER CHAMOEROPS HUMILIS |
Le Jubœa spectabilis est une des espèces de palmiers les plus résistantes au froid. On peut en admirer, en effet, de vieux et beaux exemplaires à Montpellier, où ils résistent à des températures de — 10 à — 12°. Il n’est pas d’une croissance rapide, mais il peut néanmoins rendre de grands services pour la décoration des jardins, ainsi qu’on peut s’en rendre compte à Hendaye, où il en existe plusieurs exemplaires, plantés avant la guerre et déjà assez forts.
PALMIER JUBOEA SPECTABILIS |
Le Phœnix canariensis est le palmier, d’une rusticité éprouvée, dont je recommande le plus l’emploi en grandes quantités sur la Côte Basque, car c’est lui qui témoigne le mieux, par sa présence permanente, de la clémence, encore trop méconnue, de nos hivers.
PALMIER PHOENIX CANARIENSIS |
Un exemplaire que j’ai planté petit en 1909, dans mon jardin d’Hendaye y fait l’étonnement des passants. Il a déjà atteint une hauteur de 6 à 7 mètres, avec un tronc d’environ 1 mètre de diamètre.
Bien que, pendant le rude hiver de 1928-1929, l’extrémité de ses palmes ait été un peu touchée, il a parfaitement résisté et on peut dire que sa rusticité est absolue sur toute la côte basque et dans les vallées du pays. Plantons-le donc en abondance partout et ce sera la meilleure preuve à donner aux étrangers, que notre climat peut être comparé, sur bien des points, à celui de la Côte d’Azur.
Dans les régions comme la Riviera, où l’on cultive côte à côte le Ph. canariensis et le Ph. dactylifera, il se produit souvent des croisement entre les deux espèces, de sorte que les sujets issus de graines récoltées sur place constituent des types intermédiaires, plus ou moins trapus ou élancés, que les professionnels et les vrais amateurs savent parfaitement distinguer.
Le Phoenix dactylifera qui est plus élancé et atteint une taille beaucoup plus élevée que le Phoenix canariensis est toutefois un peu moins rustique. Il résistera aux rigueurs de l’hiver s’il est planté dans des situations ensoleillées et abritées des vents du Nord et du Nord-Ouest.
PALMIER PHOENIX DACTYLIFERA |
C'est cette espèce, autrement dit, le Dattier, qui, dans l'Afrique du Nord, produit les dattes qui servent à l'alimentation des populations et donnent lieu à un important commerce. En France, les fruits n’arrivent pas à maturité, sauf de rares exceptions.
En Italie, à Bordighera, près de la frontière française, il en subsiste une véritable forêt, plantée autrefois par les Sarrazins et entretenu depuis, qui est d’un effet impressionnant.
VIEILLE VILLE BORDIGHERA ITALIE |
En Espagne, à Elche, près d’Alicante, le Dattier est cultivé sur des centaines d’hectares pour ses fruits qui, là, mûrissent.
DATTIERS ELCHE ESPAGNE |
Cette curiosité de l’Espagne peut être comparée à une grande oasis africaine.
L’Erythea (ou Brahea) edulis, dont j’ai planté chez moi, en 1910, , un exemplaire qui atteint aujourd’hui plus de 3 mètres de haut, s’est montré encore plus résistant aux gelées de 1928-1929 que le Phœnix canariensis car aucune de ses belles feuilles n’a été atteinte. C’est un palmier très décoratif, dont les feuilles palmées contrastent heureusement avec les feuilles pennées du Phœnix canariensis. Il mérite, en conséquence, d’être aussi très largement répandu.
ERYTHEA EDULIS |
L'Erythea Roetzli, au feuillage vert glauque, est non moins rustique que le précédent, mais son développement est un peu plus lent. Il devrait figurer dans tous les jardins, isolé ou en groupe sur les pelouses.
Le Cocos campestris est aussi très rustique, de même que les espèces ou variétés voisines australis, Bonnetti, Romanzoffiana, Yatai.
Ces espèces et variétés ne peuvent guère être utilisées qu’isolées ou en groupes sur les pelouses, car ce n'est qu’à un âge avancé que leur tronc peut atteindre une hauteur de quelques mètres.
Le Pritchardia filifera par contre, est d’une croissance plus rapide et d’une taille beaucoup plus élevée.
PRITCHARDIA FILIFERA |
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