LA RÉSIDENCE IMPÉRIALE DE MARRAC EN 1910.
Le domaine de Marrac se situe sur la commune de Bayonne et comprend les ruines du château construit au 18ème siècle par Marie-Anne de Neubourg, reine d'Espagne en exil.
Voici ce que rapporta à ce sujet le Bulletin de la Société des Sciences et Arts de Bayonne, le
1er janvier 1910 :
"Le château Impérial.
... La chambre à coucher de l'Empereur faisait suite à ce salon. Ameublement modeste dont voici la composition : Couchette en bois d'acajou, à deux dossiers, garnie sur le devant de têtes de Mercure, lyre, étoiles et soleil en bronze doré, élevée sur une estrade en bois plaquée d'acajou. Le coucher composé de quatre matelas laine et futaine bordés d'un galon de soie jaune avec matelas de plume, traversin en duvet, faux traversins en futaine et enfin une couverture en coton à bandes rouges.
Le ciel du lit, à couronne sculptée en feuilles de chêne, surmonté d'un aigle doré avait la housse en taffetas jaune avec bordure violette, le bas frangé. Une courte-pointe à deux chevets pareille à la housse, un petit tapis de lit à fond vert, dessin à mosaïques formaient le complément du lit.
LIT DE NAPOLEON A FONTAINEBLEAU |
Drapées de rideaux de croisées en percale, avec galerie du même, cordons de soie violette et jaune, (les rideaux de vitrage en simple mousseline brodée), quatre grandes fenêtres éclairaient la pièce meublée d'une bergère en bois de merisier couverte de gourgouran jaune, rayé satiné ; trois fauteuils, même style ; deux tabourets en X en bois de merisier couverts de gourgouran jaune, uni, bordé de franges de soie ; un écran en bois de mérisier à tablettes pliantes ; une commode en palissandre et amaranthe à filets de bois blanc, devant à tiroirs à entrée de cuivre, le dessus de la commode en marbre Sainte-Anne ; une console en bois d'acajou, à pilastres, figures et pieds de femme, entrées de serrures en cuivre, portes sur une plate-forme en bois d'acajou un lavabo en acajou à trois pieds à tête d'aigle, la tablette en marbre blanc ; sur le lavabo, un pot et sa jatte en porcelaine, le pot formant aiguière à bordure dorée ; trois verres et une carafe en cristal ; cruche en grès placée sur une table-guéridon en mérisier.
L'ameublement se complétait d'une cheminée au chambranle drapé de taffetas jaune, le trumeau garni d'une glace à deux feuilles et devant le foyer un feu à 4 branches en fer et cuivre ; un miroir-cadre et chapiteau de 0m 80 sur 0m 56. Une moquette, fond vert à losanges roses, recouvrait le parquet ; divers ustensiles, un flambeau argenté etc... et enfin, un vase de nuit... estimé un franc.
De la chambre à coucher on passait par une porte située au chevet du lit de l'Empereur dans son cabinet de bains. Comme meubles, une baignoire en bois doublée de plomb une table de nuit en mérisier, deux pots de nuit et une jatte en terre de pipe ; un tabouret couvert en velours d'Utrecht jaune ; une chaise de paille fine ; une bassinoire en cuivre ; un tapis en moquette fond vert et devant la baignoire un autre petit tapis en moquette fond rouge.
Le cabinet de travail faisait suite aux appartements de S.-M. Ameublement comme tous les cabinets de même genre. Tables pour déployer les cartes, bureau avec accessoires d'écrivain, fauteuils, sièges etc...
BUREAU DE CAMPAGNE DE NAPOLEON 1ER |
En voici le détail : Quatre paires de rideaux de croisées ; quatre paires de rideaux de vitrage en mousseline brodée ; un tapis en moquette double, brochée, couleur sang de bœuf à losange jaune et noir, avec bordure fond rose, dessin grec ; un fauteuil tournant en bois d'acajou, fond en maroquin vert ; quatre chaises en acajou à dossier à planches ornées de frises, les fonds garnis en étoffe de crin clouée à lentilles dorées ; une grande table à six pieds tournés, en bois de mérisier de 2m 33 de long sur 0m 90 de large ; trois petites tables pour les secrétaires ; une table de piquet en mérisier, le dessus en acajou plaqué, couvert de drap vert. Sur la table de travail un écritoire en bois noir porté sur trois pieds, (estimé 15 francs) et pour les secrétaires un simple encrier payé un franc. Au foyer un feu à 4 branches orné de têtes de Mercure, bronze antique. Quatre grandes fenêtres ouvrant sur les jardins répandaient, dans ce cabinet, l'air et la lumière.
La salle de travail de l'Empereur était une table-bureau d'une forme assez singulière (il en avait lui-même dressé le plan) et voici la description qu'en fait le Baron Fain, secrétaire-archiviste de S.-M. :
"au centre la place où l'Empereur se mettait, rentrant dans la table par une échancrure ; une pareille échancrure, faite de l'autre côté de lui, rapprochait de lui, à une distance assez raisonnable, la personne qui se trouvait en face à droite et à gauche les deux bouts de table s'élargissaient et formaient deux ronds destinés à recevoir les papiers. Cette table avait à peu près la forme d'un violon ou d'un porte-mouchettes".
Cette table existait-t-elle à Marrac ? C'est probable.
L'Empereur en avait fait placer de semblables dans tous les cabinets de travail de ses résidences.
L'aile droite du château avait été réservée à 1'Impératrice. Là se trouvaient la salle-à-manger, le salon, le boudoir-toilette, la chambre à coucher et le cabinet de bains.
Dans la salle à manger se voyaient des meubles de tout genre, canapé, bergère, fauteuil, etc... mais de table de salle à manger, Point ! Celle-ci, de trop grande dimension, était reléguée au vestibule et ne recevait sa véritable affectation que les jours de gala. Des rideaux de croisée en percale brodée, avec patères en cuivre et une draperie de même, ornaient la façade des deux croisées. Comme gros meubles : une bergère en acajou à dossier à crosse, couverte en gourgouran jaune rayé gris ; un fauteuil semblable ; deux chaises, même style, le bas du dossier à balustres et sculptures ; un écran en mérisier ; un tapis en moquette à dessin bleu et blanc ; une console en acajou à tiroirs ornés de têtes de lion ; une petite table à quadrille en bois d'acajou, le dessus à damier ; une table-guéridon en acajou sur trépied et tournante ; un foyer à quatre branches en fer et cuivre ; un lustre à six lumières en cristal de Bohême, monture argentée.
SALLE A MANGER NAPOLEON CHATEAU DE LA MALMAISON |
Le salon de réception de la gracieuse souveraine faisait suite à la salle-à-manger. Son ameublement modeste consistait en huit paires de rideaux de croisées en satin blanc ; une draperie violette et jaune en satin, crêtée par le haut, frangée au bas et faisant le pourtour du salon ; huit patères en cuivre avec étoiles bronzées au centre ; huit rideaux à vitrage en mousseline brodée ; un canapé en mérisier, couvert en gourgouran bleu rayé, orné de galons en soie aurore à étoiles blanches, avec carreaux en plumes ; deux bergères ; six fauteuils ; quatre tabourets en X ; un écran en mérisier ; un magnifique tapis d'Aubusson à poil, à dessin de milieu composé de quatre thyrses sur fond mosaïque bleu avec bordure de même couleur de 6m 46 sur 5m 85 estimé 1 000 francs. Entre les fenêtres, deux consoles en acajou, à dessus de granit gris, les contours garnis de couronnes et milieu en bronze doré à figures de femmes ; une table à bouillotte en acajou couverte en drap vert ; une table à quadrille en acajou, le dessus à damier ; une table ronde en acajou, à deux tiroirs, entourée d'une galerie en cuivre ajourée, couverte d'une basane noire à vignettes dorées ; une petite table à écrire, en chêne, à pieds de biche ; une table ovale à pieds tournants ; un lustre en cristal de Bohême à huit lumières ; deux girandoles à trois lumières en cristal et cuivre.
TAPISSERIE D'AUBUSSON FABLE DE LA FONTAINE |
Une belle pendule en bronze doré représentant Cérès assise, la base formant deux fontaines tombant dans deux bassins, la frise du socle représentant les dragons se désaltérant dans un vase, (le monument de Robin à Paris) était posée sur une cheminée en marbre blanc, le trumeau encadré de chaque côté d'une colonne en stuc marbré avec dorures aux socles et chapiteaux la pendule couverte d'une cage en verre bombé, sur socle en bois doré, d'une hauteur de 0m 20 tout compris était estimé 1 200 francs. Deux vases forme Médicis, à façon d'écaille à fleurs et fruits de vigne dorée et deux petits flambeaux en marbre blanc, supportant deux figures d'Indiennes en bronze doré, étaient placés à gauche et à droite de la pendule. Un foyer à quatre branches en fer et cuivre doré, (côté à l'inventaire 240 francs) et enfin, cinq flambeaux dépareillés complétaient l'ameublement de cette pièce.
Le cabinet-boudoir de l'Impératrice faisait suite au salon ; il était meublé de la façon suivante : Rideaux de croisée en percale brodée ; un tapis en moquette de 2m 90 sur 2m 80 ; deux rideaux d'alcôve en percale avec draperie en coton ; deux rideaux à vitrage ; sept chaises de paille fine à lyre ; six chaises de paille fine à colonne ; une table à tiroir en sapin ; une petite table en mérisier ; une table ronde en acajou à tiroir et galerie ; une table à écrin en chêne, à pieds de biche ; une chaise... d'affaires à coffre garni de son seau de faïence, deux flambeaux argentés ; encrier et sybille pour la poudre ; foyer à quatre branches.
Dans cette pièce furent, sans doute, déposés les principaux objets de toilette dont l'Impératrice ne se séparait jamais, même dans ses déplacements. En voici le détail : "Un grand miroir ; une aiguière et sa jatte ; un pot à eau et sa jatte ; deux girandoles à trois branches ; deux grands carrés fermant à charnière ; deux petits carrés avec pelotes brodées ; deux boites à poudre en or, avec couvercle ; un pot à pâte et son couvercle ; deux pots à opiat avec couvercle ; une jatte à rincer la bouche ; une écuelle à bouillon avec son couvercle et son plateau ; deux boîtes à mouches avec couvercles.
Objets en or : deux étuis ; deux paires de ciseaux ; un couteau à poudre ; un gratte-langue.
En plus : un tapis de toilette brodé en or et de velours ; six flacons de cristal, garnis en or ; deux corbeilles en satin blanc, garnies de dentelles et destinées à recevoir des fleurs".
La chambre à coucher de l'Impératrice, (dernière pièce du pavillon de droite), était meublée d'une couchette à deux dossiers, en mérisier, posée sur une estrade, décorés en bronze de couleur. L'Impériale du lit était formée d'une couronne à plateau sculpté à feuilles de chêne, dorée et bronzée ; la housse de couleur jaune, bordée de galons et frange en soie violette et jaune. Le coucher se composait de : trois matelas laine et futaine ; un lit de plume, un traversin, un faux traversin, un oreiller, une couverture de coton fin.
CHAMBRE A COUCHER IMPERATRICE MALMAISON |
Un bardeau de soie faisant le tour de la couronne du lit. Dans la chambre se trouvaient encore quatre paires de rideau en percale, quatre paires de rideaux de vitrage en mousseline. Une draperie en taffetas vert, ornée de frange en soie aurore et verte avec deux écharpes de même étoffe, formait le pourtour de la chambre. Comme sièges : une bergère en mérisier, dossier à crosse, couverts en satinette verte, bordée en crêtes aurore verte et blanche ; quatre chaises et un tabouret même style.
Un somno en acajou, à dessin de granit gris, porté sur roulettes en cuivre ; une toilette en acajou à trois tiroirs sur le devant, avec dessus en marbre blanc et glace. Une table formant secrétaire et bibliothèque au-dessus, avec glace à cadre de bois bronzé, le dessus en granit gris. Une petite table ronde, formant lavabo, à deux marbres, la ceinture en acajou, pieds et becs d'aigles bronzés. Une commode en acajou, à dessus en granit gris, ferrures en cuivre bruni. Une psychée en acajou, les pilastres à figures et pieds de femme, partie bronzée et dorée, portée sur deux roulettes en cuivre.
Sur la cheminée, deux vases en porcelaine de Chine, fond gris, de forme allongée, dessins chinois, les anses à têtes de dragons et anneaux dorés. Comme complément, deux flambeaux en cuivre et bronze antique ; quatre écrans à main; un foyer à quatre branches fer et cuivre, et enfin, un pot et sa jatte en porcelaine.
Le Cabinet de bains (nous avons vu qu'il était dans les sous-sols), avait pour ameublement : une baignoire en sapin avec trois cercles de fer et robinet ; pour descente de bain, un tapis en moquette à mosaïque à fond vert ; un panier à chauffer le linge et son fourneau. Deux rideaux de vitrage en mousseline ; sept lanternes en fer blanc forme triangle, à chapeau pour éclairer le corridor ; deux chaises de paille dont une fine, et six appliques à chandelles, complétaient les meubles de ce petit réduit.
SALLE DE BAIN CHATEAU DE MALMAISON |
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