L'AVIRON BAYONNAIS EN 1911.
Le rugby débute à Bayonne en 1905 et 1906, et dès 1913, l'Aviron Bayonnais bat le champion de France en titre, le Stade Bordelais, avant de devenir champion de France, en avril 1913.
 |
| RUGBY : AVIRON BAYONNAIS 1911 |
Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire La Vie au grand air, le 9 décembre 1911, sous la
plume de Jean Auger :
"Les équipes qui viennent.
Nous continuons aujourd'hui notre série d'études sur les équipes qui viennent. Quoique, à vrai dire, celle qui nous occupe aujourd'hui, l'Aviron Bayonnais, soit une équipe arrivée et en passe de devenir le plus redoutable adversaire du Stade Bordelais.
La jolie race que cette race béarnaise (?) à qui nous devons une des meilleures équipes françaises !
Les hommes de là-bas sont robustes, bien plantés, résistants à la fatigue et courageux comme des lions ; il est donc tout naturel que le rugby ait pris chez eux une extension aussi grande que rapide.
Dans la région, d'ailleurs, tout le monde s'adonne aux sports avec passion ; les équipes de rugby sont nombreuses et excellentes ; je ne citerai pour mémoire que Biarritz, Agen, Pau et celle qui nous occupe aujourd'hui, Bayonne la meilleure de toutes.
L'Aviron Bayonnais est un team de très grande valeur qui a l'énorme avantage d'être arrivé à force de courage et d'énergie par ses propres moyens et sans le secours d'étrangers, l'équipe ne s'en porte pas plus mal d'ailleurs ; les voisins en savent quelque chose.
Les saisons précédentes.
En 1907 et 1908, l'Aviron Bayonnais qui succombait jusque-là assez régulièrement devant son rival direct le Biarritz Stade, parvenait à le battre dans un match officiel, comptant pour le championnat de 3e série de Guyenne et Gascogne ; cette victoire fut annulée par suite d'une application un peu trop stricte des règlements de l'Union. On peut néanmoins la considérer comme le point de départ des succès du quinze.
La saison 1908-1909, vit, en effet, l'Aviron Bayonnais, champion de 3e série, admis dans la catégorie supérieure. En 1909-1910, il en est encore champion et termine sa saison après de brillantes victoires sur Agen, Pau, Libourne ; par un coup de maître, il bat, à Paris, l'Evreux Athletic-Club, s'adjugeant le championnat de France de 2e série.
La Guyenne et Gascogne ayant disparu pour donner naissance au Périgord-Agenais et à la Côte d'Argent. L'A. B. est admis dans la 1ère série de la Côte d'Argent ; il triomphe du Bordeaux Etudiants Club, du Sport Athlétique Bordelais et se classe second derrière le S. B. U. C. qui le bat par 23 à rien.
 |
| RUGBY : AVIRON BAYONNAIS 1911 |
Notes sur les joueurs.
Les avants :
Fortis. — Pilier de mêlée. Joueur de poids, très résistant, sait à l'occasion doubler ses trois-quarts. — A fait de grands progrès dans le jeu ouvert.
Igueniz. — Sens très net du jeu. Dégage à propos, très adroit de ses mains.
Beaulieu. - Pilier puissant, joueur de tout repos, qui possède une bonne vitesse.
Dichary. — Ancien joueur du Club Athlétique Périgourdin et de l'équipe du 50e régiment d'Infanterie : Champion de France militaire. Ancien équipier des lignes arrières, a conservé toute sa vitesse, dribbleur émérite, possède une défense impeccable.
Labeylie . — Ancien trois-quarts aile, très perçant, redoutable dans le jeu ouvert par son adresse, ses feintes et son sens de la passe.
Fernand Forgues. — Capitaine de l'équipe.
International, a joué contre l'Ecosse et le Pays de Galles où il fut, de l'avis de nombreuses compétences, le meilleur homme du quinze français.
Réputé pour ses ouvertures dans les touches et les cafouillages.
Jules Forgues.— Tient de son frère. A joué trois-quarts l'an dernier dans l'équipe première du Penarth Football Club.
Domercq. — Un des joueurs les plus brillants du quinze ; a joué longtemps demi avec succès.
Destiné à remplacer Peyroutou à l'ouverture. Très fougueux et très adroit.
Les demis :
Hedembaigh — Le benjamin de l'équipe, choisi comme remplaçant dans l'équipe du Sud. Très en train, est toujours sur la brèche. Très adroit de ses pieds et de ses mains.
Peyroutou. — Plusieurs fois international.
Ancien capitaine de l'équipe de Périgueux. Joli feinteur, très difficile à arrêter. Quitte malheureusement l'équipe.
Les trois-quarts :
Lafitte. — Ancien capitaine du Biarritz Stade. Vieux joueur rompu à toutes les ficelles. Toujours à sa place.
Château. — Un des joueurs les plus scientifiques du Sud-Ouest, choisi comme remplaçant dans l'équipe du Sud ; sert son aile avec une maîtrise rare. Arrête bien les dribblings.
Roé. — Ancien joueur international du Pays de Galles... en association, puis trois-quarts dans les équipes de Penarth et de Swansea. Admirable feinteur, virtuose du drop goal, très bons coups de pied. Possède une vitesse très appréciable.
Poeydebasque. — Ailier redoutable, adroit et perçant dégage merveilleusement en touche.
L'arrière : Fouillassard. — Très jeune, mais peut très bien faire. A joué à Pau et à Tarbes. Bons coups de pied. Courageux sur l'homme.
La saison actuelle.
L'Aviron Bayonnais n'a connu, depuis le commencement de la saison, que des succès, a fait une défaite à Nantes.
Le 8 octobre, l'Aviron Bayonnais triomphait du Stadoceste Tarbais par 18 points à 6, puis le 15 par 14 à zéro ; le 22, il bat l'Union Sportive Montalbanaise par 19 à 3, puis par 23 points à trois.
Le 12 novembre, le Biarritz Stade succombait devant les Bayonnais par 15 points à rien.
Le 19 à Nantes, fatigués par le voyage, les invincibles champions succombaient par 3 points à rien.
Le 27, ils se réhabilitaient en écrasant Mauléon par 45 points à 3.
Les finales de championnats, soyons-en sûrs, donneront lieu à de grandes surprises et les joueurs de l'Aviron Bayonnais se feront certainement remarquer.
Je ne parle pas des équipes voisines qui seront obligées de s'incliner devant la fougue et la science des Bayonnais, je vais plus loin, j'affirme que les champions Basques menaceront Bordeaux, si même ils ne triomphent pas.
 |
| RUGBY : AVIRON BAYONNAIS CONTRE STADE BORDELAIS 1911 |
Le championnat de France n'est pas encore gagné ! En attendant, l'Aviron Bayonnais s'entraîne avec cœur ; tous les teams méridionaux y passent les uns après les autres, et l'un de nos confrères sportifs parlant des victoires intitule ses articles ; toujours Bayonne ! Les Bayonnais invincibles, etc.
Voici le moment où les sociétés parisiennes vont déplacer leurs équipes ; plusieurs iront matcher dans le Midi, et que ce soit le Racing, le Stade ou le S. C. U. F., il est à prévoir que tous ceux qui passeront rendre visite aux redoutables Pyrénéens, en reviendront battus, et très impressionnés par le jeu de leurs adversaires.
Ajoutons à cela, que, comme les teams des grandes villes, nos montagnards commencent à se payer le luxe de recevoir des équipes anglaises, et on admettra que, en pleine possession de leurs moyens physiques et supérieurement entraînés, ils puissent se montrer parmi les redoutables compétiteurs au titre de champions.
L'équipe.
L'équipe de l'Aviron Bayonnais est très allante, solide et homogène ; les équipiers jouent groupés et leur jeu est très plaisant à voir. Tous les joueurs du team sont des joueurs de classe, Forgues et Peyroutou, tous deux internationaux, valent à eux seuls une équipe.
Les avants, lourds et solides, se dépensent sans compter : leur impétuosité toute méridionale les rend des plus dangereux pour l'adversaire en même temps qu'elle rend le jeu vite et plaisant. Quoique le sang du Midi soit, dit-on, très chaud, les avants basques savent se modérer à propos, et se montrent très fins, par exemple à la touche ou ils sont passés maîtres dans l'ait d'escamoter le ballon à leurs adversaires.
Les demis sont remarquables : de Peyroutou, il n'y a rien à dire, Hedembaigh, qui vient de s'imposer à l'attention de tous en jouant contre Paris, il fut le meilleur homme sur le terrain, tous deux connaissent le jeu à fond et en font profiter leur équipe.
Quant à la ligne de trois-quarts, elle est simplement merveilleuse, l'international gallois Roé, le seul étranger de l'équipe et encore un étranger qui est presque Basque ; Lafitte, vieux joueur, se charge d'emmener la ligne. Les attaques des trois-quarts sont impétueuses comme celles des avants, ceux-ci ont une grande habitude du ballon et le rattrapent, très adroitement.
L'arrière, sans être un grand ténor du rugby, est un homme sûr et de tout repos ; il arrête et plaque avec brio, ses coups de pied savent trouver la touche, ce qui est le principal.
De telles unités, commandées par un joueur de la classe de Forgues, ne peuvent que faire des choses remarquables ; car il ne faut pas s'y tromper, notre merveilleux avant international joint à ses qualités de joueur, les qualités peut être plus remarquables, s'il est possible, de capitaine. Souvenons-nous, d'ailleurs, qu'il a, en deux ans à peine, fait passer son team dans la catégorie des aspirants champions.
En un mot, Bayonne est une grande équipe, qui joint à de splendides unités, une homogénéité parfaite, une compréhension du jeu absolument innée et un grand désir d'arriver. C'est pour cela qu'elle arrivera, ce qui sera justice et fera plaisir à tous ceux qui aiment le courage.
 |
| RUGBY : AVIRON BAYONNAIS 1911 |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire