MICHEL GARICOÏTS D'IBARRE.
Michel Garicoïts, natif d'Ibarre, en Basse-Navarre en 1797, a été le fondateur des Prêtres du Sacré-Coeur de Jésus.
Voici ce que rapporta à son sujet le quotidien La Croix, le 27 décembre 1936, sous la plume de
Charles Baussan :
"Le bienheureux Garicoïts.
Vers 1810, dans les environs d'lbarre, au pays basque, un petit berger d’une douzaine d’années, qui gardait les moutons de son père, escaladait les pentes, de montagne en montagne, pour approcher de plus en plus de ce ciel dont lui parlait sa mère. Ce petit Basque s’appelle aujourd’hui le bienheureux Michel Garicoîts. M. Gaétan Bernoville, Basque lui-même, en fait le portrait et en raconte la vie, dans un livre ou l’âme se nourrit de l’air vivifiant des sommets.
LIVRE LE BIENHEUREUX MICHEL GARICOÏTS PAR GAETAN BERNOVILLE |
Avec quelle joie, tout d’abord, M. Bernoville va chercher les enfances du Bienheureux dans ses montagnes. Il regarde tantôt avec humour, tantôt et le plus souvent avec émotion, les gens et les choses ; il traverse le bourg de Saint-Palais, le village de Saint-Just, le village d'Ibarre ; il salue les églises, et tout particulièrement celle ou fut baptisé Michel Garicoîts : un clocher aux trois croix qui semble protéger un pigeonnier, une église au toit bas, "proche de la terre, de la ferme, de l'humble génie du lieu".
VIEILLE EGLISE DE ST JUST IBARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Et la voici, la maison natale du Bienheureux — Garaco-Etchéa ; — une ferme accrochée au flanc d’une pente escarpée, une maison toute pareille à ses plus humbles sœurs de la montagne ; un large toit dessinant un franc triangle et qui s’abaisse presque au ras de terre ; une large porte à deux battants ; quelques fenêtres qui s’ouvrent chichement dans la façade blanche.
MAISON NATALE DE MICHEL GARICOÏTS ST JUST IBARRE BASSE-NAVARRE |
Un intérieur rural où rien n’a changé depuis le temps du petit berger Michel. Une atmosphère de repos et de vérité, où, sans effort, M. Bernoville voit vivre la famille Garicoits, le soir : "Le père, sans mot dire, mâche sa courte pipe de suie au coin de la cheminée. La mère range la modeste vaisselle. Michel bricole, silencieux..."
C'est là qu’il naquit le 15 avril 1797, d’Arnaud Garicoïts et de Gratianne Etcheberry, de bons chrétiens qui, pour se marier, étaient allés, par des sentiers de chèvres, chercher en Espagne un prêtre qui ne fût pas assermenté. Très simplement se déroule une enfance rurale : la formation religieuse et morale donnée par la mère, en images saisissantes et prises dans la journée quotidienne, avec la crainte de Dieu, le respect du bien d’autrui, le sentiment du devoir ; — l’école et le catéchisme ; — le travail, la garde des moutons du père, puis des Anghelu, chez qui il est placé, à Oneix ; — le rayonnement d’âme que lui apporte la première Communion ; — la pensée, qui s'empare de lui, d’être prêtre ; — le Conseil de famille tenu dans les champs par le père, la mère et la grand’mère, pendant que jacassaient les geais autour d’eux.
Les Garicoïts sont pauvres : "Dieu y pourvoira", a répondu Michel ; et du collège de Saint-Palais à l’école Saint-Léon, à Bayonne, du Petit Séminaire d’Aire au Grand Séminaire de Dax, les étapes se suivent, jusqu'au sacerdoce, jusqu’à Cambo, jusqu'à Bétharrarn.
Bétharram ! Nom qui sonne, de Lourdes à Pau, répété par les échos des montagnes. M. Bernoville exalte comme il convient la douceur de ce paysage, la montagne qui descend au Gave, le vieux pont drapé de lierre, et surtout l’antique sanctuaire, âme du pays, la statue trouvée dans un buisson en flammes, les grâces obtenues, guérison des corps, salut des âmes, la légende du beau rameau : la jeune fille tombée dans le Gave et sauvée grâce au rameau que lui tend la Vierge.
GRAND SEMINAIRE DE BETHARRAM BEARN D'ANTAN |
C’est là, dans cette atmosphère de piété fervente, c’est à Bétharram que Dieu attendait le jeune professeur de philosophie et de théologie, bientôt à 34 ans, supérieur du Grand Séminaire, ou plutôt c’est là que Dieu l’avait conduit ; c’est là que s’éveilla en Michel Garicoïts la grande pensée: la création d’un Institut religieux consacré à l’enseignement, l’éducation, la formation religieuse du peuple ouvrier et paysan, "véritable camp volant de soldats d’élite, prêts à courir, au premier signal des chefs, partout où ils seraient appelés, même et surtout dans les ministères les plus difficiles, ceux dont les autres ne voudraient pas".
Michel Garicoïts a été l’homme de cette idée et de cette œuvre. Tout au long de ce livre, maintenant, M. Bernoville le montre attaché à cette tâche, et la poursuivant, établissant les règles des "Prêtres du Sacré-Cœur" et les imprégnant de son esprit, et demeurant également obéissant à l’ordre intime qui lui vient de Dieu qu’aux résistances de son évêque, Mgr Lacroix, dont le désir est de garder dans le cadre diocésain les forces apostoliques de ces prêtres.
SAINT MICHEL GARICOÏTS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Que d’œuvres sortent déjà des mains de ce constructeur, de ce bâtisseur, qu’est le P. Garicoïts ! Dès 1837, persuadé qu’il faut rechristianiser l’école pour rechristianiser la France, il ouvre à Bétharram une école primaire. Et ce n’est qu’un commencement. Collège de Bétharram, école primaire et collège Mancade d’Orthez, collège de Mauléon, école d’Osso, collège Sainte-Marie d’Oloron, en collaboration avec les Pères de Sainte-Croix, qui entrent, le P. Etchecopar au milieu d’eux, dans l’Institut des Prêtres du Sacré-Cœur, toute cette œuvre d’apostolat scolaire s’ordonne dans l’atmosphère du sanctuaire et du monastère de Bétharram.
Le P. Garicoïts, travaille à la beauté de ce pèlerinage. Il fait élever les huit principales stations du chemin de croix. Il met en train des constructions nouvelles pour le couvent. Quand un incendie se déclarera dans la nuit du 22 au 23 avril 1839, il montera lui-même, une hache à la main, sur le toit de la chapelle, pour faire la part du feu et sauver le sanctuaire.
Son zèle ne s’enferme pas dans le pays basque ; il s’étend aux Basques émigrés aux Amériques. En 1856, une équipe de prêtres du Sacré-Cœur, ayant à sa tête le P. Barbé, s'embarque sur les trois-mâts l’Etincelle et va assurer aux Basques d'Argentine les secours religieux. Grâce aux Pères de Bétharram s’élève bientôt, à Buenos-Ayres, le collège Saint-Joseph, et s’achève, à Montevideo, l’église de l’immaculée Conception.
COLLEGE SAN JOSE LA PLATA ARGENTINE |
Ce ne sera pourtant qu’après sa mort et après l’intervention d’une Carmélite, objet de faveurs spirituelles particulières, Sœur Marie de Jésus-Crucifié, que le P. Garicoïts triomphera, que l’Institut des Prêtres du Sacré-Cœur, fondé par lui, obtiendra, le 30 juillet 1875, un Bref laudatif de Pie X, et, le 5 septembre 1877, le décret approbatif. Le 10 mai 1923, le P. Michel Garicoïts sera proclamé bienheureux.
En même temps qu’il raconte la vie de ce grand serviteur de Dieu, M. Bernoville en fait le portrait ; il en prend les lignes et les couleurs, non seulement dans cette vie même du P. Garicoïts, mais aussi dans la race et jusque dans le pays. Le P. Garicoïts est un Basque ; il a la tête et le poing solides comme les rocs des Pyrénées ; en sa jeunesse, son poing pesait lourd dans les batailles entre camarades ; mais, vite, sa main s’est ouverte pour se joindre dans la prière ou se tendre dans la bénédiction. La grâce de Dieu, l’effort intérieur et la formation religieuse matèrent les remous de violence qui tourbillonnaient en lui.
LE BIENHEUREUX MICHEL GARICOÏTS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Son intelligence était de l’ordre méditatif ; il avait plus de solidité que de brillant ; il possédait très fortement la philosophie et la théologie et il allait au fond des choses. Son éloquence était sans ornements : "des phrases courtes, familières, voisines de la conversation, mais pressées d’un mouvement intérieur et toutes brûlantes de l'accent de l'âme".
Il exigeait beaucoup des âmes ; il les aimait et les voulait fortes. "Sa spiritualité, comme l’ignatienne, mettait dans l’âme la passion de grandir, vivifiée par la confiance en la miséricorde de Dieu."
Sa vie intérieure avait pour assise une foi limpide et solide, l’abandon à Dieu, la charité. Mais il ne disait rien de ce qui se passait en lui ; pas de confidences. Il avait cette vertu du Basque : le silence. Il en avait aussi l'austérité, et accrue : trois heures de sommeil seulement, un seul repas par jour, le soir, et quel pauvre repas ! "En avant ! Tirez la carriole !" disait-il de ce corps que l’âme doit traîner. Son âme lirait sa carriole toute la journée.
LE BIENHEUREUC MICHEL GARICOÏTS PAYS BASQUE D'ANTAN |
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