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samedi 27 avril 2019

LA BÉATIFICATION DE MICHEL GARICOÏTS D'IBARRE EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN MARS 1923 (deuxième partie)

LA BÉATIFICATION DE MICHEL GARICOÏTS EN 1923.


Michel Garicoïts, natif d'Ibarre, en Basse-Navarre en 1797, a été le fondateur des Prêtres du Sacré-Coeur de Jésus.


SAINT MICHEL GARICOÏTS
PAYS BASQUE D'ANTAN




Je vous ai déjà parlé de cette béatification dans un article précédent .

Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Croix, dans son édition du 19 avril 1923 :





...Ce que voulait le fondateur.



Il est intéressant de connaître les intentions, les ambitions, dans le noble sens du mot, du fondateur du nouvel Institut. Quel était son dessein ? Quel but poursuivait-il ? Ceux qui vécurent dans son intimité vont nous le révéler. Rien n’est plus édifiant ; rien n’est plus sacerdotal. Ces témoignages nous les empruntons aux dépositions faites au procès apostolique sur les vertus et miracles du vénérable serviteur de Dieu, Michel Garicoïts. 




Le T. R. P. Victor Bourdenne, Supérieur général des Bétharramites, s’exprime ainsi: "La pensée lui vint-d’établir une Congrégation de prêtres auxiliaires, laquelle Congrégation est devenue, dans la suite, l’Institut des Prêtres du Sacré-Cœur de Bétharram. Le but du serviteur de Dieu était de donner à l’évêque des auxiliaires bien obéissants, actifs, effacés, dévoués. Il voulait former, comme il disait, un camp volant. Il savait qu’à cette époque les évêques avaient à se plaindre de l’esprit d’insubordination et de l’égoïsme de leurs prêtres."




religion catholique saint sainte
SAINT MICHEL GARICOÏTS
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le P. Quillahauquy, secrétaire du P. Garicoïts, fait la déposition suivante :


 "Vers cette époque (1833), lui vint la pensée de fonder une Congrégation religieuse de prêtres. Il voyait avec tristesse l’esprit d’indépendance qui gagnait même le clergé et avait reçu à cet égard la confidence de certains évêques. C’est pour quoi il eut la pensée de réunir autour de lui des prêtres qui seraient constamment à la disposition de l’autorité ecclésiastique pour se dévouer, au premier signal, à tous les ministères auxquels on voudrait les employer. Il ne s’aventura pas seul dans son œuvre et il en soumit le projet à l’évêque." 



Le P. Magendie, visiteur des établissements d’Amérique, dit à son tour : 



"Ce qui prouve son esprit d’obéissance (du P. Garicoïts) envers l’autorité épiscopale, c’est le motif qui lui fit entreprendre la fondation de son Institut. On raconte qu’il trouva un jour, sur le pont de Bétharram, un évêque qui lui parla en pleurant du peu d’obéissance qu’il rencontrait dans son clergé. Il conçut dès lors l'idée d’établir une Société de prêtres qui seraient à la disposition de l'évêque pour tous les services qu’il lui plairait de leur demander. Dans les conférences, il nous disait que le caractère spécial de notre Congrégation devait être l’esprit d’obéissance." 



pays basque autrefois
LIVRE DE GAETAN BERNOVILLE SUR  MICHEL GARICOÏTS
PAYS BASQUE D'ANTAN


Des pieds des Pyrénées aux plaines de l’Argentine.




Et maintenant, à l’œuvre ! Ils sont 50 missionnaires prêts à se dévouer. Le P. Garicoïts est vraiment le supérieur de cette Congrégation nouvelle, supérieur élu à l’unanimité par ses frères, approuvé par l’évêque. 




Tout est ruine autour de lui : maison, sanctuaire, calvaire. Il donne à ces restaurations ses soins immédiats. On lui doit les huit principales stations du Calvaire, tout autant de chefs-d’œuvre dus au ciseau d’un artiste célèbre, le même qui sculpta cette admirable Madone qui fait le ravissement des pèlerins de Bétharram. Pie X, à qui nous en présentions l’image, après l’avoir longuement regardée, s’écria : "Quelle majesté et quelle suavité !"

 

A la demande de l’évêque, le collège de Bétharram s’organise sur un plan plus vaste, et, tout en donnant l’instruction aux enfants de la bourgeoisie, il devient une pépinière de prêtres et de religieux. 



religion catholique saint sainte
ARTICLE DU PELERIN EN 1923 SUR SAINT MICHEL GARICOÏTS
PAYS BASQUE D'ANTAN


À Orthez, on commence par une école primaire. Le collège Moncade en sortira bientôt. Puis viendra le tour du collège d’Oloron-Sainte-Marie. Peu après, des missionnaires sont demandés à Pau pour le service d’une chapelle. L’évêque leur confie la cure et le pèlerinage de Sarrance. Tout le Béarn fait appel aux missionnaires. Les ouvriers arrivent nombreux, les appels se font plus pressants de tous côtés. 




Basques et Béarnais émigraient par milliers dans l’Amérique du Sud, en Argentine. Personne ne s’occupait d’eux. Bientôt, âpres au gain, oublieux de leurs devoirs de chrétiens, ils perdaient la foi. L’archevêque de Buenos-Ayres, plein de sollicitude pour ces âmes délaissées, supplie l’évêque de Bayonne de lui envoyer quelques prêtres qui les évangéliseront dans la langue qu’ils parlent. L’évêque propose au P. Garicoïts cette mission. Elle est acceptée d’enthousiasme et à l’unanimité par les Pères. L’âme du vénérable fondateur se sentait vraiment à l’étroit à Bétharram. Son zèle dévorant, traversera les mers pour y porter la charité de Jésus-Christ dont son cœur est embrasé. 




Les commencements furent rudes. Les ouvriers mouraient à la peine. Mais que de bien se faisait ! Aujourd'hui, cette mission de l’Argentine, les collèges qui ont été fondés sont pour la Congrégation de Bétharram une cause de grande joie et la récompense de labeurs extraordinaires. 



bearn autrefois
GRAND SEMINAIRE DE BETHARRAM


Tout à tous, à ses religieux et aux Filles de la Croix.




Pendant ce temps, le R. P. Garicoïts mène de front une triple besogne, alors qu’une seule de ces trois eût suffi à remplir la journée d’un homme. 




Sa première préoccupation sera toujours le gouvernement de sa communauté, l’instruction et la formation des nouvelles recrues. Il est leur professeur, leur directeur. "Tous les jours, et souvent deux fois par jour, il expliquait à cette intéressante et généreuse jeunesse les plus hautes questions de la philosophie et du dogme catholique, besogne laborieuse et délicate qu’il ne céda jamais à personne. Chaque jour, désormais, il donnera, jusqu’à la veille de sa mort, sa leçon de théologie."




Après le professeur, c’est le maître de la vie spirituelle qui, sous forme de conférences, distribue à ses frères, à ses enfants, des enseignements dont la sagesse, l’élévation, l’inspiration toute céleste, marquent profondément les âmes. On croit parfois entendre la parole de saint Vincent de Paul, familière, pratique, lumineuse. D’autres fois, des saillies imprévues, originales, rappellent, le curé d’Ars. Avec ces deux Saints, il eut d’ailleurs bien des traits communs. 




basse navarre autrefois
SAINT MICHEL GARICOÏTS
PAYS BASQUE D'ANTAN

Nous l’avons dit : le vénérable Michel Garicoïts s’était fixé à Bétharram. Il n’en sortait que pour aller à Igon, à 4 kilomètres, pour y diriger les Filles de la Croix. Cette œuvre lui était chère. Il y a fait un bien, obscur en apparence, mais très réel et très profond. Il a appelé beau coup d’âmes à là vie religieuse, mais surtout il les a fait monter à un degré de perfection qu’admiraient et jalousaient presque les supérieures des Filles de la Croix. La communauté de Bétharram, parfois, lui demandait "d’abandonner une aumônerie dont les soins pouvaient trop l’absorber aux dépens des intérêts de sa propre famille". Et lui, de répondre : "J’ai accepté ce ministère par obéissance. Je suis prêt à y renoncer, si l’obéissance me le demande." 




Beaucoup de Filles de la Croix, après avoir quitté Igon, recouraient à ses lumières, à ses conseils. Le Père, accablé par ses occupations, trouvait encore un moment pour répondre à ses filles. 




Quand on lit ces lettres, quand on médite les conférences, on est transporté dans un monde supérieur, surnaturel. Lettres et conférences persuadent de la sainteté du vénérable serviteur de Dieu autant que le récit de ses miracles. 




Il fut aussi un grand directeur d’âmes. Tout le temps qu’il ne donnait pas à Igon et à Bétharram, il le passait au confessionnal, constamment assiégé par des pénitents qui venaient de toute la région, et de plus loin, pour confesser leurs pêchés ou chercher une direction. On lui accordait le don du discernement des esprits. Il excellait à résoudre les cas embarrassants au sujet des vocations ecclésiastiques ou religieuses. Il avait alors des mots décisifs qui portaient la lumière et la conviction dans les âmes. 



bearn autrefois
SAINT MICHEL GARICOÏTS
PAYS BASQUE D'ANTAN


La fin d’une vie tout occupée pour Dieu.




Des travaux surhumains, une vie pénitente, mortifiée, qui duraient depuis quarante ans, avaient usé la robuste constitution du vénérable supérieur. L'âme restait ardente ; le corps demandait grâce. 




Mgr l’évêque devait confirmer à Bétharram le 15 mai 1863, le lendemain de l’Ascension. La veille de l’Ascension, Mon seigneur confirmait à Mirepeix, à 10 kilomètres de Bétharram. "Le digne supérieur se présenta au milieu d’un grand nombre de prêtres qui entouraient Monseigneur. Ce fut une scène vraiment touchante. L’humble vieillard, agenouillé aux pieds de son évêque, le visage amaigri et souffrant, les mains jointes, suppliait Monseigneur de vouloir le bénir. L’évêque, visiblement ému, et comme saisi de respect, hésitait. Enfin, sur les humbles instances du vénérable supérieur, Monseigneur y consentit, à la condition pourtant qu’il promettrait de ménager cette pauvre santé dont il était le bourreau."




A son retour, le P. Garicoïts s’arrête à Igon pour bénir la communauté. Rentré à Bétharram, il donne des ordres pour que l’évêque soit reçu avec tous les honneurs. Dans la nuit, une crise horrible de toux le saisit. Il suffoque. On s’empresse. On lui donne les derniers sacrements. Pendant les prières des agonisants, il lève ses yeux au ciel, s’écrie : "C’est fini ! Miserere mei Deus secundum magnam misericordiam tuam", et il expire. 



religion catholique saint sainte
SAINT MICHEL GARICOÏTS
PAYS BASQUE D'ANTAN


C’était le jour de l’Ascension de Notre-Seigneur, le 14 mai 1863, à 3 heures du matin, heure à laquelle il avait coutume de se lever."



A suivre...






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