DÉFAITE DE L'AVIRON BAYONNAIS CONTRE LE STADOCESTE TARBAIS EN 1919.
Après la Première Guerre mondiale, lors de laquelle de nombreux rugbymen sont morts au combat, les matchs de rugby reprennent en 1919.
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal mensuel La Vie au grand air, le 15 mai 1919, sous la
plume de René Herbert :
"Les Tarbais battent les Bayonnais.
Le 13 avril, la Coupe de l'Espérance, qui remplace le Championnat de France de rugby, mit aux prises à Bordeaux pour la finale le Stadoceste Tarbais et l'Aviron Bayonnais. Tarbes, qui était favori, après avoir manqué de belles occasions de marquer, s'assura la victoire par 4 points, un drop goal à 3, un but sur coup franc.
Les Hautes-Pyrénées ont dominé, le 13 Avril, les Basses, en rugby. Cette concession du sport à la logique ne fut pas la seule, du reste. La victoire revint aux meilleurs. Et on peut se réjouir de cet événement, qui est, en réalité, moins normal qu'il n'apparaît. Il ne fit de doute pour personne, pas même pour le spectateur le moins averti des choses du rugby que la victoire sourit aux vrais champions de France, et le succès des Tarbais fut salué par les acclamations d'une foule énorme et vibrante : une vraie foule de chez nous !
Ce bon public ne s'y était pas trompé. Il était venu pour applaudir les meilleurs. Je ne parle pas des supporters enragés, il en eut l'occasion. Il avait payé — très cher, de par la volonté de MM. les revendeurs, — pour venir assister à une belle partie, ardemment disputée : ceux qui avaient pris la précaution de camper aux environs du terrain du Bouscat en goûtèrent tous les détails. Les autres, les plus nombreux, parbleu, se contentèrent d'admirer les murs humains devant quoi se passaient de fort jolies choses.
RUBY STADOCESTE TARBAIS 1919 |
RUGBY STADOCESTE TARBAIS 1919 |
Mais on y voyait avec les yeux de la foi : on vibrait... de confiance.
Il en est, qui, trop tard arrivés pour s'installer confortablement - si j'ose dire — dans les tribunes ou sur les chaises de touche. - béni soit le ciel qui n'arrosa pas les locations infortunées (?) de ces sièges de luxe ! — il en est, dis-je, qui prirent d'assaut des toits des vestiaires, au grand dam des fragiles tuiles rouges, d'autres qui garnirent pittoresquement les panneaux de publicité d'une réclame vivante. Le talus du chemin de fer de ceinture servit d'observatoire à un fort contingent de fervents du système D...
Il est même un officier supérieur qui fit à la presse sportive l'honneur — un peu encombrant, tout de même — de s'installer à sa tribune. Les stylos en pleuraient de joie !
On était pressé, serré, tassé, empilé.. Brennus-Imperator rayonnait et les huées des "mal-placés" montaient vers lui comme un pur encens de gloire. Il passait...
Et la recette atteignit près de 22 000 francs.
RUGBY STADOCESTE TARBAIS CHAMPION DE FRANCE 1919 |
L'enthousiasme atteignit, lui, des proportions aussi gigantesques.
Chacun sentait que c'était bien le dernier choc, le grand, le vrai. Et nul ne songeait à s'étonner de ne pas voir les essais succéder aux essais, confectionnés par ces spécialistes de la passe rapide, précise, de la charge puissante et souple à la fois.
Et personne ne parut stupéfait de ce résultat paradoxal : une finale de championnat réunissant les deux teams les plus aptes à réaliser des scores brillants, les mieux doués pour ciseler des points, pour marquer des essais, enfin, et qui se joue sur deux coups de pieds.
Le drop-goal de Balansa — botté du gauche et de 40 mètres — donna la victoire à son équipe. Ce coup de pied fut.. la main du destin !
Le but sur coup franc de Roë ne put balancer le drop de Balansa. Et pour un point... Bayonne perdit la finale.
HARRY OWEN ROE AVIRON BAYONNAIS |
Les Basques doivent s'estimer heureux de s'en tirer à si bon compte.
Ils dominèrent, comme on le prévoyait, aux mêlées, aux touches longues et dans l'ensemble du jeu ouvert.
Mais, comme les initiés l'escomptaient, jamais les lignes arrières ne purent, ne surent profiter de l'avantage de leurs forwards.
Ceux-ci, qui eurent à fournir un effort terrible, durant les quarante premières minutes, ayant à lutter contre le vent et la déclivité du terrain, ne purent tenir avec la même vaillance jusqu'au bout.
Les avants tarbais, qui remontaient irrésistiblement, firent mieux alors qu'égaliser. Ils donnèrent à leurs divisions d'attaque, de beaucoup plus soudées, plus rapides, plus perçantes, que celles d'en face, de nombreuses occasions de se déclencher. Et c'est miracle que les pur-sang tarbais n'aient pas franchi l'obstacle au moins une fois !
RUGBY STADOCESTE TARBAIS CHAMPION DE FRANCE 1919 |
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