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mardi 24 mai 2022

MADAME EDMOND ROSTAND EN 1931

MME ROSTAND EN 1931.


Rosemonde Gérard, née Louise-Rose-Etiennette Gérard, née le  avril 1866 et morte le 8 juillet 1953, est une poétesse et comédienne française.

Elle a épousé Edmond Rostand le 8 avril 1890 et a eu deux enfants avec lui, Maurice et Jean.




edmond rostand poétesse femme
PORTRAIT DE ROSEMONDE GERARD EPOUSE D'EDMOND ROSTAND 1901
Par Ernest Hébert — Musée Ernest Hébert (Paris), Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19177148


Voici ce que rapporta à son sujet le journal La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, le 20 août 1931, sous la plume de Pierre Paraf :



"Autour du ruban d'un poète.


Madame Edmond Rostand.



Le nom de Rostand, comme celui de Musset, traîne après lui la grâce el la jeunesse.



De quelque couleur que son prénom le pare, qu'il évoque le panache de "Cyrano" ou le claironnement de "Chantecler" qu'il dise la la nostalgie de la "Gloire" ou les fièvres des "Insomnies", ou qu'il susurre la fraîcheur légère des "Pipeaux", — Edmond, Maurice ou Rosemonde — Rostand demeure synonyme de Lumière et de Poésie.



Les caprices de la mode, qui ont pu corrompre temporairement le bon goût de certains milieux parisiens, mais auxquels le terroir du Sud-Ouest ne cessa d'opposer un solide rempart, n'empêcheront jamais tous ceux et toutes celles qui s'abreuvèrent à cette fontaine, d'en conserver le goût parfumé.



Il n'est pas vrai qu'en 1931 la poésie soit une hôtesse indésirable. Quand les autres théâtres sont vides, les matinées poétiques de la Comédie-Française font salle comble. Tout au plus pourrait-on souhaiter que le poète fît un vigoureux effort vers plus de vie et plus d'humanité, qu'au lieu de se borner à écrire pour la petite plaquette de luxe à deux cents exemplaires dont une dizaine tout au plus seront vendus. Il réconciliât le lyrisme et le peuple et se refît récitant aux champs, à l’atelier, aux fêtes du village, qu'il prît plus complètement la T. S. F. pour complice ;  la Tour d’ivoire, aujourd’hui ne vaut pas la Tour Eiffel.




edmond rostand poétesse femme
MR ET MME EDMOND ROSTAND



Mais le Français n’a pas cessé d'aimer les vers "comme le vent du soir aime l'oiseau et les oiseaux la mirabelle."



"Il faut aimer les vers parce que ce sont eux", écrivaient naguère Rosemonde Gérard et Maurice Rostand et l'on aime plus spécialement les vers de ces poètes "parce que ce sont eux".



Rosemonde Gérard (Madame Edmond Rostand), qu’un geste athénien, mais bien tardif à notre gré, vient de faire légionnaire (le ruban rouge au poète couleur de rose), par ce qu'elle a écrit autant que par ce qu'elle a inspiré, a puissamment contribué. A ce que ne s’éteigne point cet amour.



Elle demeure pour nous, qui apprenions à quinze ans ses poèmes, la fiancée pour qui Edmond Rostand composait ses "Musardises", comme Victor Hugo sertissait pour Adèle Fouché, ses "Ballades", la Sylvette dont le poète des "Romanesques" était le Percinet, celle qui dans leur duo répondait l'"Eternelle chanson" :

Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille. 

Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs 

Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensommeille, 

Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants. 



Et nous les adolescents, comme le couple adorable de vieux nous souriions de cette 

anticipation fantastique, car nous savions bien que jamais ces cheveux blonds ne 

deviendraient des cheveux blancs.



Les "Pipeaux", des poèmes épars jetés au vent des saisons, au théâtre la "Robe d'un soir" et puis, en collaboration avec Maurice Rostand, le "Bon petit diable" et la "Petite marchande d'allumettes", des conférences reposantes, légères, tout un alexandrinisme frivole et charmant d'avant-guerre, c'est ainsi que s'inscrit en nous l'œuvre de Madame Rosemonde Gérard. Il est bien vrai que dans un monde ballotté entre les révolutions et les guerres, l’écho de cette œuvre peut sembler frêle, comme ces pendules à musique du siècle de Louis XVI, chantant, vingt ans après, l’heure d'amour, tandis que les têtes tombaient. Mais le son de ses pendules n’en était pas moins aimable et Fabre d'Eglantine lui-même n'avait-il autrefois composé "Il pleut, il pleut, bergère..."



edmond rostand épouse poètesse
MME ROSEMONDE GERARD "LES PIPEAUX"



Aussi bien, en Madame Rostand, avec le poète c’est la mère qu’il faut saluer et ce 

flambeau du fils dont elle, disait :

Le cher flambeau de ton intelligence, 

Que j'avais allumé de mes frugales mains. 

Maintenant court et vole et me brûle les mains.



Ce flambeau de Maurice Rostand est sans doute la plus chère lumière de sa gloire, car :

Les mères ont parfois des fils qui leur ressemblent 

Tout le cœur maternel rayonne dans leurs larmes, 

On voit au front pensif de leurs regards troublés

Des pays disparus et des dieux oubliés.



Ne séparons donc pas en cette brève évocation les deux images qui toujours nous apparurent associées : dans l’appartement de Paris qui semble une vaste avant-scène sur l'Arc de Triomphe auguste et massif comme un comprimé de victoires, dans le salon plein d'ailes et de clartés où les idées bondissent comme des balles ; dans la loge où Sarah Bernhardt demeurée malgré sa jambe coupée, reine des attitudes, écoutait quelques mois avant sa mort, auprès de Madame Rosemonde Gérard, Maurice Rostand parler sur la scène de la "Potinière", des poètes contemporains et réciter du signataire de ces lignes une "Prière de l'Enfant du siècle". Enfin, tout récemment, sous une pluie battante, dans un cimetière de village, je les revois encore près d’une tombe. A l'anniversaire de la mort de Séverine. Les deux fervents du Rêve apportaient leur hommage à celle qui murmurait en mourant : "Il faut toujours dire la vérité."



Voici parmi les visions émouvantes et gracieuses que Madame Edmond Rostand laisse sur son sillage celles que j'ai voulu retenir aujourd'hui et tresser comme un bouquet autour du ruban rouge d'un vrai poète. Car les "Pipeaux" ont toujours leur charme, même pour la génération des Croix de bois."




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