LE NATIONALISME DANS LES PROVINCES BASQUES EN 1904.
Dès la fin du 18ème siècle, l'idée de nationalisme Basque commence à naître, en Pays Basque Sud (Hegoalde).
Voici ce que rapporta La Petite Gironde, le 8 avril 1904, sous la plume de C. Béguin :
"Le Nationalisme dans les Provinces basques.
Aux deux extrémités de sa frontière, sur les bords de la Méditerranée et sur ceux de l'Océan, l'Espagne possède des provinces animées d'un patriotisme local très ardent et qui, sous l'influence de leur histoire, de leurs traditions, de leur langue, tendent vers une existence indépendante. Eu Catalogne et dans les provinces basques, il y a antagonisme entre le pouvoir central, qui s’efforce de maintenir ou d'accroître ses privilèges, et l'esprit national, qui aspire à s'affranchir de tout contrôle. Cet antagonisme existe de longue date, il explique que ces provinces aient été le foyer et le principal point d’appui des insurrections carlistes qui à deux reprises ont désolé l'Espagne dans le courant du siècle dernier. Le grand succès du carlisme vint, en effet, de ce qu'il sut exploiter les deux sentiments les plus enracinés au cœur des populations basques et catalanes : je veux parler du rattachement aux libertés locales et de la foi religieuse.
Aujourd'hui, le carlisme semble avoir renoncé à l'action violente, soit qu’il considère celle-ci comme ayant peu de chances de succès, soit que le représentant de la légitimité, désabusé sur le caractère providentiel de sa mission, soit faiblement tenté par l'activité pleine d'aléas et de dangers qu'exigerait une entreprise sur la couronne de Castille. Aussi, les revendications qu'il avait pris l'engagement de satisfaire ont-elles dû s’abriter sous une autre bannière. De là l'entrée en scène, depuis quelques années, de partis nationalistes, voirie même séparatistes, en Catalogne et dans les provinces basques. Il ne faudrait pas s’y tromper, en effet ; le catalanisme et le biskaïtarrisme — c'est ainsi qu'on désigne l'opinion nationaliste dans les provinces basques — représentent tout simplement une évolution du carlisme. Le programme est différent, mais les tendances politiques et sociales sont les mêmes. On objectera peut-être que le catalanisme compte dans son sein des éléments d'une nuance républicaine très caractérisée. Cela est exact. Mais ceux-ci sont noyés dans la masse cléricale et ultra-réactionnaire, et, du reste, il semble bien qu’ils aient reconnu depuis quelque temps la nécessité de secouer une solidarité aussi gênante pour leur action que compromettante pour leur dignité, et de se rallier purement et simplement aux partis républicains espagnols. Par contre, dans les provinces basques, le parti nationaliste présente une homogénéité parfaite et se compose uniquement d'éléments ultramontains.
Je le répète donc : le nationalisme espagnol, qu’il soit basque ou catalan, se rattache au carlisme au double point de vue de ses origines et de ses tendances. Ces révolutionnaires qui dénoncent la tyrannie de l’Espagne sont les défenseurs de l'absolutisme politique et religieux. La liberté qu’ils réclament est celle de revenir vers le passé et de faire revivre un état de choses archaïque, en contradiction avec les idées et les besoins modernes. Ce sont là des points sur lesquels on ne saurait assez insister auprès du public français, trop enclin souvent à encourager de ses sympathies des mouvements sur la nature desquels il est insuffisamment renseigné et qu’il juge par analogie, sans se rendre compte que certains termes, suivant les milieux, peuvent servir à désigner des aspirations très différentes. L‘erreur serait grossière de considérer le nationalisme tel qu'il se manifeste dans la Catalogne ou dans les provinces basques comme une tentative d’émancipation inspirée par la notion de progrès.
Jusqu’à une époque qui n’est pas encore très éloignée de nous, les provinces basques et la Navarre, en vertu du régime foral ont vécu à l’état de petites républiques et formaient comme une nation à part. Elles possédaient leurs lois propres, se gouvernaient et s'administraient elles-mêmes, sans que le gouvernement de Madrid intervînt en quoi que ce fût dans leurs affaires intérieures ; en un mot, elles jouissaient de l'autonomie la plus large et la plus complète. J'ajoute qu’elles avaient le droit de battre monnaie et qu’au point de vue douanier elles constituaient un territoire indépendant. Les souverains espagnols n'étaient pas rois dans les provinces basques, mais simplement seigneurs, et à leur avènement l'usage voulait qu’ils prêtassent le serment de respecter le fuero ou charte des franchises de la province. Dans chacune de celles-ci, le roi d’Espagne était représenté par un fonctionnaire désigné, sous le nom de corregidor, sorte de ministre résident dont les attributions se bornaient ou à peu près à présider les assemblées délibérantes locales, et qui notait même pas investi d'un droit de veto à l'égard des décisions votées par ces dernières.
PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES PAYS BASQUE D'ANTAN |
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