LES CERISES À ITXASSOU EN 1923 ET 1925.
Dès la fin du 19ème siècle, les premiers guides touristiques font référence à la cerise d'Itxassou-Itsasu, en Labourd.
Voici ce que rapporta à ce sujet la presse, dans plusieurs éditions :
- La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 22 mai 1923 :
"Itxassou pays des cerises.
La "Petite Gironde" publie sur Itxassou, ses ressources et son merveilleux décor, un article dont nous extrayons le passage ci-dessus :
Itxassou est Le pays des cerises ; c'est là un bien joli titre. Les expéditions s’échelonnent sur les mois de mai et de juin. C'est surtout à Bayonne qu'on expédie et Bayonne exporte à son tour. La cerise d’ici est "la Chapata" rouge et charnue, au noyau de grosseur moyenne, précoce ou tardive ; il y en aura cette année une grande quantité.
CERISE CHAPATA ITXASSOU |
Les cerisiers sont éparpillés un peu partout : dans les jardins, dans les champs, dans les prairies.
Itxassou est surtout un pays d'élevage. Des petits chevaux du genre poney vivent en liberté dans les pâturages et les taillis de la montagne. On compte dans le village de nombreuses vaches laitières de la race du pays, dont le lait est consommé sur place. Quand il y en a en abondance, les particuliers en font des fromages. Bien entendu, le commerce des veaux est très actif ici comme dans tout le pays basque.
Maïs c’est l’élevage des brebis qui, dans ce pays montagneux, a la plus grande importance. Les pâtres et leurs ouailles passent l’hiver dans la plaine ; dès le mois de mai, ils remontent dans les pâturages, où ils demeurent jusqu’en décembre.
Le lait des brebis est vendu à une fromagerie de Roquefort installée dans la commune. Les fromages sont expédiés ensuite à Roquefort pour y subir des préparations définitives et pour y faire dans les fameuses grottes, un séjour obligatoire.
On trouve aussi à Itxassou des ressources minérales. Non loin de la gare, en voit des galeries ayant servi à l'exploitation du pyrite de fer. Les gisements sont abandonnés pour le moment, le pyrite importé d’Espagne étant meilleur marché. Il y aurait là une question de transports à étudier.
Pour l'étranger, pour le touriste, le grand charme d'Itxassou c’est sa situation incomparable, c’est sa lumière radieuse, son air si pur, ses eaux délectables.
Nous nous engagerons dans les gorges merveilleuses du Pas-de-Roland.
La lumière semble y tomber bleue, et les ombres dans tous les creux sont d’un violet intense : c'est la couleur des Pyrénées. La route serpente au flanc des rochers qui souvent la surplombent. De l'autre côté de la Nive. qui court, ronronne et gronde au fond du ravin, la voie ferrée s’accroche à la montagne ronde et pansue toute parsemée de pierres blanches qui semblent un immobile troupeau. C'est ici, dans cet étroit défilé, que Roland protégea l'armée de Charlemagne. Voici en témoignage, le rocher fendu par "Durandal", sa vaillante épée ; c'est ici le Pas de Roland, le "passage", dont il est dit dans la Geste : "Hauts sont les pics et ténébreuses les vallées, et noirs les rochers et les défilés profonds... la voix de l'olifant s’y prolonge ; on entend l’écho répondu à plus de trente lieues".
C’est bien un décor d'épopée. Les masses granitiques sculptées par le temps et par les éléments ont des formes étranges ; ici, c'est une tête de chien aux longues oreilles ; là, un aigle monstrueux qui menace, et plus loin son nid, d’où émergent trois têtes d’aiglons. Partout où elles ont trouvé de la terre, des plantes ont poussé ; petits bosquets, chêne isolé, ajoncs dorés, bruyères. Des oiseaux passent, des merles surtout ; n’est-ce pas "le temps des cerises", à Itxassou ?... Des cascades ruissellent, des eaux jaillissent ou sourdent à chaque instant.
PAS-DE-ROLAND ITXASSOU PAYS BASQUE D'ANTAN |
La marche est facile, la montagne projette son ombre. Nous croisons des jeunes filles, des jeunes hommes en espadrilles blanches, la veste jetée sur l'épaule, qui se hâtent vers le village. "
- la revue La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, le 5 juillet 1925 :
"Le Temps des Cerises.
LE TEMPS DES CERISES |
Il est revenu ce temps des cerises tant chanté et les cerises sont nombreuses et belles. Leur couleur séduit le regard, leur fraîcheur flatte le palais, mais si on les apprécie sur la table, bien souvent il nous importe peu de savoir d’où elles viennent, à moins que le cerisier ne soit proche et qu'il soit possible de grimper à l'arbre pour savourer cette joie sans égal de les cueillir et de les déguster sur la branche.
La provenance des cerises, surtout en Pays Basque, vaut pourtant la peine d’attirer l’attention, car non seulement le Pays Basque est producteur de cerises dans son ensemble, mais il possède un centre de production particulièrement important, qui est le joli village d’Itxassou.
Itxassou, au Printemps, est un véritable petit paradis que la nature a placé dans un cadre d’opéra-comique. De jolis vallonnements se succèdent alentour surplombés par des croupes harmonieuses qu’ombragent des cerisiers dont les fleurs dès le mois de mars forment le plus gracieux des ensembles. Lorsque vient l’époque des fruits, les branches craquent sous les gracieuses baies rouges, ou plutôt roses, car c'est une cerise rose qui abonde à Itxassou aussi jolie que caractéristique et excellente, et la récolte commence.
En pleine saison, cette récolte est des plus abondantes. Chaque soir deux ou trois wagons entiers emportent une fraîche et savoureuse cargaison qui fera les délices des Bayonnais, des Biarrots, des Luziens, et en des lieux plus éloignés du joli village du public friand de ces baies renommées.
CUEILLETTE DES CERISES A ITXASSOU PAYS BASQUE D'ANTAN |
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