UN GUIDE DE VOYAGE EN 1877.
Vers la fin du 19ème siècle, apparaissent des guides de voyage pour les voyageurs désirant se rendre en Hego-Alde, dans les provinces Basques du Sud.
Voici ce que rapporta à ce sujet, M. L. Capistou, en 1877 :
"Province du Guipuzcoa.
... Itinéraire.
Astigarraga.—Hernani.— Urnieta. — Andoain.— Soravilla. — Aduna. — Villabona. — Irura.— Anoeta. — Tolosa.
"Tolosa.
...Une distance de 26 kilomètres sépare cette ville de Saint-Sébastien. Sa population était, en 1870, d'environ 8 200 habitants ; mais elle a dû s'amoindrir depuis la dernière guerre.
Elle est agréablement assise au milieu d'une riante vallée, formée par les monts Hernio et Uzturre, sur la rive gauche de l'Oria. Sa fondation remonte au XIIIe siècle, c'est-à-dire vers l'an 1215 ; cependant, la première fois qu'il fut parlé d'elle dans les actes publics, ce fut en 1256, par une carta-pueblo du roi Alphonse-le-Sage, datée de Vitoria.
Cette ville prit vite une grande prépondérance et devint au XIVe siècle un centre politique duquel relevaient, administrativement et judiciairement, 24 localités de la province.
Entourée de fortes murailles et bien défendue par ses troupes volontaires, Tolosa fut pendant longtemps l'arsenal du Guipuzcoa. La Députation provinciale y résidait.
En 1321, à la bataille de Béotivar, les 1 500 soldats Tolosans qui y prirent part décidèrent de la victoire par leur intrépidité et leur bravoure.
Sous Henri III, Tolosa et les localités de tout son district se soulevèrent au nom des fueros violés et refusèrent de payer une contribution de 100 000 maravédis qu'on exigeait d'elles au nom du monarque castillan. Le roi dut renoncer à cet impôt et assurer que de telles prétentions ne se renouvelleraient plus de la part de la couronne.
Au XVe siècle, on procéda à la démolition des murailles de la ville, afin de lui donner plus d'extension. Elle ne prit aucune part aux luttes intestines qui divisèrent alors la province en deux partis et n'épousa la cause ni des Gamboinos, ni des Oñacinos, qui se disputaient la prépondérance dans le pays. Tolosa fut toujours vigilante à la conservation des fueros. En 1463, un agent du roi Henri IV, qui se trouvait alors à Fontarabie à l'occasion des conférences avec Louis XI, roi de France, voulut exiger des Tolosans un impôt direct sous le nom de pedido. Cet agent était israélite et se nommait Gaon. La ville refusa énergiquement cet impôt ; mais Gaon formula des menaces, se croyant fort de la présence du roi dans la province. Dans cette situation, un certain nombre d'habitants se réunirent en conseil et Gaon fut condamné à mort. Il fut saisi et exécuté immédiatement, puis le roi fut informé du sort de son envoyé, qu'il ne songea même pas à venger.
Tolosa était alors à son apogée. Elle prit une part active aux guerres contre la France, armant à ses frais des bataillons entiers et les faisant figurer dans les combats aux postes les plus périlleux. A Noain, en 1521, les Tolosans se couvrirent de gloire. A Socoa et à Ciboure, en 1636, comme à Fontarabie en 1638, ils prêtèrent de signalés services. Mais peu à peu ses forces s'épuisèrent ; les localités qui dépendaient de sa juridiction se séparèrent d'elle, pour former des communes autonomes. A la fin du XVIIIe siècle, Tolosa n'était plus qu'une petite ville isolée, sans forces vitales, sans industrie propre, et tributaire pour ainsi dire de Saint-Sébastien.
Durant la guerre de l'Indépendance, elle fut presque constamment occupée par une garnison française.
La guerre civile, de 1833 à 1840, fit tomber Tolosa au pouvoir des carlistes. Evacuée le 28 février 1874 par les forces libérales, elle eut le même sort pendant la dernière guerre et Don Carlos y séjourna avec sa cour jusqu'en 1876.
Un fait politique important s'est produit à Tolosa en 1849. Le 3 août de cette année, Charles-Albert, roi de Sardaigne, qui venait d'être vaincu à La bataille de Novare par Radetzki, traversait Tolosa, sous un déguisement, fuyant en Portugal. Un accident l'empêcha de continuer sa route et il fut rejoint le soir même par le général La Marmora et par le comte de San Martino, qui lui demandèrent d'abdiquer. Charles-Albert céda à la fin et l'acte d'abdication fut rédigé et signé chez le notaire de Tolosa, Don Juan de Furundarena, en présence du gouverneur civil du Guipuzcoa, Don Vicente de Parga, et du député général de la province, Don Javier de Barcaiztegui. La minute de cet acte est conservée dans les archives du susdit notaire.
Depuis un demi-siècle, Tolosa est devenue une ville très commerçante. Les environs sont couverts de fabriques de papier, de tissus de coton et de laine, de fonderies de métaux et d'usines de toute sorte. Ses rues sont généralement étroites et mal percées ; mais on y remarque quelques édifices notables, entre lesquels on doit citer l'église paroissiale, vaste monument du XVIIe siècle, richement décorée et l'une des plus belles de la province ; la Casa consistorial, le collège, le palais de justice, la tour de Andia et le palais de Idiaquez. Sur la route de Madrid se trouve le magnifique couvent de San Francisco, construit en 1600 par Fray Francisco de Tolosa.
Resserrée entre deux hautes montagnes, dans une vallée où l'Oria peut à peine passer, Tolosa a été souvent inondée par les eaux torrentielles de la petite rivière.
FLEUVE ORIA TOLOSA GUIPUSCOA D'ANTAN |
Cette ville est la patrie de Miguel Aramburu qui fit, en 1696, une recopilacion de los fueros ; de Bernardo de Atodo, gentilhomme de Philippe III ; de Diego de Lazcano, auteur d'un Essai sur la noblesse des Basques ; de Juan Martinez de Zaldivia ; de Tomas de Sorréguieta et d'autres personnages qui illustrèrent la province par leur savoir ou par leur valeur civique.
Entre Tolosa et la frontière de Navarre se dressent les hautes montagnes de la chaîne cantabrique, sur le côté occidental de laquelle s'étagent les villages de Ibarra, Belaunza, Elduayen et Berastegui, reliés à Tolosa par une route carrossable qui suit le cours du ruisseau Berastégui. Un chemin s'embranche sur cette route à Ibarra, conduisant à Areso (Navarre), par Leaburu et Gaztelu.
IBARRA GUIPUSCOA TABLEAU DE C LANDI |
Lizarsa est une localité peu importante située sur la route de Navarre, à environ huit kilomètres de Tolosa, sur la rive droite du ruisseau Araxes. Son établissement de bains est à un kilomètre plus loin, au pied du mont Otsabio.
Au nord-ouest de Tolosa est la masse colossale du Hernio, dont le sommet s'élève à près de onze cents mètres au-dessus du niveau de la mer. Les villages de Asteasu, Larraul, Alquiza sont assis sur le flanc nord-est de la montagne ; ceux de Albistur, Vidzania, Goyar et Regil sont situés à ses pieds, du côté sud-ouest, le long de la délicieuse route qui relie Tolosa à Azpeitia.
Près de Albistur, sur le bord même de cette route, existe une maison nommée Olatza, où mourut subitement, surpris par la maladie, le 27 juin 1851, Don Valentin de Olano, éminent orateur basque et ardent champion des fueros. La province du Guipuzcoa acheta la maison de Olatza pour y consacrer la mémoire de l'homme de bien qui y exhala son dernier soupir. Une plaque en marbre, scellée sur la porte, rappelle cette perte douloureuse.
Itinéraire.
Lasarte. — Usurbil. — Orio. — Zaraus. — Aya. — Guetaria.— Cestona. — Azpeitia. — Zumaya. — Deva. — Motrico.
Sortant de Saint-Sébastien par l'ancienne route de Madrid qui longe la plage et traverse le quartier del Antiguo, on coupe une série de hautes collines, travaillées jusqu'à leur sommet et parsemées de gentilles maisons de campagne. On laisse à gauche un chemin qui conduit à Hernani et l'on débouche sur un plateau dominant le cours de l'Oria à la bifurcation d'une route qui s'embranche sur celle de Lasarte et Andoain, en face du petit village de Zubieta, situé sur la rive gauche de la rivière.
CHEMIN DEL ANTIGUO SAINT-SEBASTIEN GUIPSCOA D'ANTAN |
Lasarte.
C'est une petite localité du district de Hernani, où des industriels intelligents ont établi d'importantes usines, entre lesquelles on doit citer la filature de MM. Brunet frères et Cie et le moulin à farines de M. Arcelus et fils. La population de Lasarte ne dépasse pas 1 200 habitants.
Le village de Zubieta restera à jamais célèbre dans l'histoire du Guipuzcoa. C'est là que le 1er septembre 1813, après l'incendie et le pillage de leur ville par les Anglais, les habitants de Saint-Sébastien se réfugièrent et rédigèrent un manifeste citant le général Wellington, le Régent d'Espagne et le Congrès national au ban de l'opinion du monde civilisé.
A environ deux kilomètres en aval, sur la rive droite de l'Oria, se rencontre la petite ville de Usurbil.
TABLEAU D'USURBIL PAR OÑATIVIA GREGORIO |
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