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dimanche 1 mai 2022

LE PREMIER MAI 1919 AU PAYS BASQUE

LE PREMIER MAI 1919 AU PAYS BASQUE.


Le premier mai 1919 est une journée de revendications en Labourd et en Guipuscoa.




premier mai grève revendications
PREMIER MAI 1919



La tradition du premier mai  revendicatif des travailleurs remonte au Premier Mai 1886.


Cette année-là, les syndicalistes américains organisent des actions collectives le premier mai en 

faveur de la journée de huit heures.



Certains travailleurs obtiennent satisfaction mais 340 000 d'entre eux doivent faire grève 

pour avoir eux aussi gain de cause.



Le 3 mai 1856, une manifestation est violemment réprimée par la police et il y a trois morts 

parmi les grévistes.



Une marche de protestation a lieu le lendemain et au moment de la dispersion, une bombe 

explose.



Il y a une quinzaine de morts parmi les policiers.



Trois syndicalistes anarchistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité.

Cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886 malgré des preuves incertaines. 

Ils seront réhabilités plusieurs années après.




En souvenir de ce drame va être instauré chaque année une "journée internationale des 

travailleurs" ou "Fête des travailleurs", appelée plus communément "Fête du Travail".




Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 2 mai 

2019 :



"Dans les départements


Dans toute la France, la journée du 1er Mai s'est passée dans le calme. Dans certains grands centres ouvriers et dans quelques grandes villes, des cortèges ont été organisés, auxquels la pluie a fait bien du tort, mais jusqu’à présent, on ne signale aucun incident grave. 



Dans les Basses-Pyrénées.



La "Gazette" s’est mise ce matin en rapport avec la Préfecture de Pau et diverses sources de renseignements, et elle peut affirmer que dans tout le département des Basses-Pyrénées, la journée a été absolument calme. 



A Pau, les facteurs des Postes ont chômé de 6 heures à 7 heures et demie du matin. 



Les cheminots de la région ont assuré le service de la façon la plus normale. Ils avaient arboré les insignes de leur Fédération et se sont acquittés de leur fonction avec une conscience dont il faut leur savoir gré. 



A Hendaye, vers midi, îles employés du petit tramway local qui fait le service de Hendaye-Ville à Hendaye-Plage se sont mis en chômage, abandonnant les voitures qui leur étaient confiées. 



Rien d’autre à signaler. 



A Bayonne.



pays basque autrefois labourd quai
QUAI GALUPERIE BAYONNE 1919
PAYS BASQUE D'ANTAN



Pendant toute la journée d’hier, Bayonne a pris l’aspect d’une ville non seulement calme, mais encore morte et lugubre.



Tous les magasins étaient fermés, les cafés eux-mêmes qui contribuent à donner de l’animation et du mouvement, sont restés hermétiquement clos. 



Par une coïncidence étrange, la tempête ayant détérioré les lignes apportant le courant électrique, et le chômage ayant rendu la réparation impossible de ces lignes, Bayonne s’est trouvée dans la plus absolue obscurité dès la tombée de la nuit ; pas d’éclairage électrique ! et c’est ainsi que tout le centre de la ville, avec le grand immeuble municipal, apparaissaient comme un trou noir et lugubre. 



Le matin, à 8 heures et demie, un cortège des manifestants s’est formé place de l’Abattoir. Les manifestants étaient exactement, au moment du départ, au nombre de 580, composé de 150 Bayonnais, d'une cinquantaine de Boucalais et d'environ 400 Espagnols accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants ; beaucoup de ceux-ci, d’ailleurs, portés dans les bras de leur mère. Le cortège était assez pittoresque. Il était précédé d’une bannière rouge et il se développa dans le calme le plus parfait en suivant l’itinéraire ci-après : boulevard Alsace-Lorraine, pont St-Esprit, pont Mayou, rue Bernède, rue Thiers, place Notre-Dame, rue d’Espagne, rue Poissonnerie, rue Pannecau, rue Pontrique, rue Jacques-Laffitte, et vint aboutir à la place du Réduit, lieu de la dislocation. 



pays basque autrefois labourd pont
PONT MAYOU BAYONNE 1919
PAYS BASQUE D'ANTAN



Il est à remarquer que presque personne ne se trouvait sur le passage du cortège qui semblait se dérouler dans un véritable désert ; c’est tout au plus si un certain nombre de curieux et de spectateurs se trouvaient réunis à la place du Réduit, au moment où les manifestants se sont dispersés. 



Dans la soirée, quelques très rares cafés ou débits ont entr’ouvert leur porte. 



En résumé, journée plus que calme, contrariée d’ailleurs par un très mauvais temps et qui, malheureusement pour la population ouvrière, n’a donné, à aucun moment, l'impression d’un jour de fête.  



A Biarritz.



pays basque autrefois labourd plage
PORT VIEUX BIARRITZ 1919
PAYS BASQUE D'ANTAN



La journée d’hier à Biarritz s’est déroulée dans un calme complet. 



Absolument rien à signaler. Cependant la présence assez nombreuse d’Américains, de très nombreux Bayonnais et même des Bordelais venus ici pour profiter d’un jour de vacance, ont donné une légère animation. Les ateliers chômaient en général, mais un certain nombre était resté ouvert et cela ne donna lieu à aucun incident ; il n’y a eu aucune protestation. 



Le bruit avait couru cependant qu’une manifestation allait être organisée par les employés d’hôtels et de restaurants dans le but de protester contre certains établissements hôteliers qui s’obstinent à employer encore un personnel neutre alors que des démobilisés français appartenant à la corporation sont sans travail, mais cette manifestation n’a pas eu lieu. 



Tous les cafés ont fait des affaires d'or et les petits magasins qui étaient restés à la disposition du public semblent n’avoir pas eu à s’en plaindre. 


pays basque autrefois labourd
AVENUE VICTORIA BIARRITZ 1919
PAYS BASQUE D'ANTAN


La Gazette n’a pu paraître, puisque tout le personnel de la maison, avait manifesté le désir de se solidariser avec les typographes Bayonnais en chômant comme eux. La direction du journal a d’ailleurs consenti de bonne grâce, à donner à ses confrères de la Presse Bayonnaise et Régionale, ce gage de solidarité professionnelle. 



Espérons que cette solidarité se retrouvera dans de nombreuses et meilleures occasions. 



Nos cheminots de Biarritz, après avoir assuré le travail nécessaire, ont chômé de 10 heures à midi, période où il n’y a aucun mouvement de trains et ont suspendu la manutention des bagages pendant 15 minutes alors qu’il n’y avait aucun voyageur. L’électricité a été arrêtée 5 minutes. Et ce fut tout. 



Une délégation s’est présentée chez le Maire vers 2 heures. Grave motif ! Après s’être fait servir dans un cabaret extérieur un punch qu’ils avaient réglé à raison de 60 centimes le petit verre, les réclamants avaient pris dans un établissement de la place G.-Clemenceau, un autre punch au prix de 1 fr. 25 le verre. Ils protestèrent contre la différence du prix, injustifiée selon eux.. 



Or, les autorités ne peuvent rien contre la liberté de tarification de denrées qui ne sont nullement de première nécessité ; cependant il y a obligation pour les débitants d’afficher les prix des consommations, sur la demande du Maire, le commissaire de police a fait constater que cet affichage était régulièrement fait. 



Au Boucau



pays basque autrefois gare autobus
GARE ET AUTOBUS DE BAYONNE
BOUCAU 1919



L’après-midi, à 2 heures et demie, un nouveau cortège de manifestants bayonnais s’est organisé à la place de la Course et de là, s’est dirigé vers Le Boucau. Il s’est réuni au groupe des Boucalais au pont St-Bernard, et de là, tout le monde s’est dirigé vers le Vélodrome et le Terminus. 



Le programme comportait une promenade dans les pins, mais le temps, la pluie, la boue ne se prêtaient pas à ce projet et l’on se contenta de rester aux environs du Vélodrome où les manifestants restèrent jusqu’au soir, chantant l'"Internationale" et un nouveau chant, "La Syndicale", qui a une grande analogie avec celui de l'"Internationale". Pendant des heures entières, les mêmes chants furent entendus et répétés en choeur, et chacun rentra chez soi sans qu’aucun incident se soit produit. 



Pour l'amnistie... en Espagne.



Nous avons reçu, à la Gazette, les doléances de citoyens Espagnols qui, depuis longtemps, sont exilés d’Espagne et réduits à gagner leur pain hors de leur patrie. Ce sont des républicains qui s’étaient joints au complot du général Campa pour la substitution de la République à la Monarchie en Espagne. Les partisans de Campa pour échapper à la répression, après l’échec de leur tentative, durent fuir au Portugal, d’où un certain nombre a passé en France. Ils ne sont, nous disent-ils, ni criminels, ni assassins, ni Boches. Leur crime est un crime d’opinion. 



Après un si long exil, ils demandent une amnistie qui leur permette de rentrer dans la pairie jamais oubliée. 



Ils voudraient que dans un pays où les Boches trouvent conseil et facilités d’existence, les vrais Espagnols qui n’ont pas commis de crime de droit commun aient aussi le droit de vivre en sécurité. 



La Gazette ne peut refuser d’accueillir une si juste demande et de la transmettre aux autorités de notre voisine l’Espagne. 



En Espagne.



Le représentant de la "Gazette" s’est rendu hier 1er Mai en Espagne. 



A Irun aussi, on a fêté le 1er Mai par un chômage partiel. Irun a vécu une journée absolument normale, et les nombreux Français qui sont allés s’y approvisionner n’ont trouvé aucune différence avec les autres jours. 



A Saint-Sébastien, dès les premières heures du jour, un nombreux cortège d’ouvriers et d'employés, bannières déployées, ont parcouru la ville, manifestant avec calme ; la dispersion s’est faite un peu avant midi, et rien de fâcheux ne s’est produit. 


pais vasco antes donostia buen pastor
ST SEBASTIEN 1919
VUE DU BUEN PASTOR


Beaucoup de magasins étaient restés ouverts. 



Il faut signaler d’ailleurs que le 1er Mai devait être suivi d’un jour férié consacré à la célébration traditionnelle du "Dos de Mayo"."





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